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Sommaire de la série
- Signes, prodiges et miracles dans le Nouveau Testament
- 1. Définir le miracle
- 2. Panorama néotestamentaire du miracle
- 3. Le sens et le rôle des miracles
- 4.1 La question de l’actualité des miracles
- 4.2 Donner une juste place aux miracles dans la vie de l’Église
Cette série est l’adaptation d’une conférence donnée lors de la cérémonie de clôture de l’Institut Supérieur de Théologie Évangélique (Antananarivo – Madagascar), le 13 juillet 2019.
Introduction
Depuis plus d’un siècle, les mouvements issus du Pentecôtisme ou du renouveau charismatique associent fréquemment les miracles, signes et prodiges à l’évangélisation. Ces dernières décennies, certaines nouvelles églises, que l’on peut parfois classer parmi les néo-pentecôtistes, ont donné une place encore plus centrale au miracle ou au surnaturel, ce qui n’a pas manqué d’interroger.
S’il s’agit là d’un phénomène mondial, il est intéressant de signaler un point spécifique à Madagascar qui a suscité l’intérêt de divers chercheurs et spécialistes de l’histoire de l’Eglise. À Madagascar, au sein des Eglises protestantes luthéro-réformées, on n’a pas attendu la naissance du Pentecôtisme pour mettre en avant la guérison miraculeuse. Il y a déjà 125 ans que les mouvements de réveil (fifohazana) sont apparus sur la grande île. Or, ces mouvements – souvent intégrés aux grandes églises réformées-presbytériennes (FJKM) ou luthériennes (FLM) – donnent une belle place à la guérison ou la délivrance miraculeuse à travers notamment le ministère des bergers (mpiandry)[1].
Ainsi, la question du miracle a une place particulière dans l’histoire du christianisme malgache. Ce qui ne veut pas dire que tous les chrétiens malgaches sont ouverts d’office au miraculeux. Au sein des églises protestantes dites historiques, les mouvements de réveil ont suscité de nombreux débats et conflits. Et cela n’est pas propre au christianisme malgache. Au niveau mondial, les chrétiens ont débattu de cette question depuis au moins la fin du 2e siècle, peut-être même avant.
Que faut-il penser au sujet des miracles ? Les signes, prodiges et miracles ont-ils leur place au sein de la vie de l’Eglise ? Ou, au contraire, doit-on penser que les miracles ne sont plus d’actualité ? Faut-il les rechercher ? Ou faut-il les fuir ?
On pourrait répondre à ce genre de questions en invoquant la culture. Certains diront que la guérison miraculeuse est le domaine des sorciers ou des rebouteux aux pratiques occultes, il vaut donc mieux la fuir. D’autres au contraire souligneront la manière dont la guérison miraculeuse est un signe dans l’annonce de l’Evangile auquel nos contemporains sont particulièrement réceptifs, et que donc, il est bien de la mettre en avant.
On pourrait aussi invoquer les exemples de l’histoire. Certains mettent en avant les très nombreux exemples de faux miracles ou de dérives liées à la mise en avant des miracles. D’autres vont au contraire souligner tous ces témoignages de guérison qui ont servi la cause de l’Evangile.
On pourrait aussi se lancer dans des jugements gratuits et utiliser la moquerie pour discréditer les uns ou les autres. Une méthode utilisée par certains grands orateurs pour convaincre sans le moindre argument.
En tant que chrétiens, notre norme n’est ni l’histoire, ni la culture, mais la Parole de Dieu. C’est donc vers l’Écriture que nous allons nous tourner.
Pour cela, cette série est divisée en 4 grandes parties :
- J’aborde d’abord quelques questions de terminologie et de définitions.
- Je propose ensuite un survol des textes du Nouveau Testament sur la question afin d’avoir un panorama d’ensemble.
- Puis j’indique quelques points de synthèse sur la manière dont le Nouveau Testament considère le sens et le rôle miracles (et son lien avec la foi).
- Enfin, je termine par proposer quelques pistes de réflexions bibliques en lien avec la pratique contemporaine : je traite d’abord la question de l’actualité des miracles (le cessationisme), puis je termine avec quelques réflexions en vue d’une pratique conforme à ‘l’équilibre biblique » sur le sujet.
[1] En français, on peut se référer à l’étude de référence de Seth Andriamanalina RASOLONDRAIBE, Le ministère de « berger » dans les Églises protestantes de Madagascar, Fifohazana et Réforme dans le protestantisme, Langham, 2014.