Y a-t-il de la « puissance » dans le « nom » de Jésus ?

Certains messages et certains chants contemporains soulignent la puissance du « nom » de Jésus. On indique que ce « nom » est puissant car c’est « par lui » que les « chaînes sont brisées », que « les démons sont chassés » ou que les « malades sont guéris ». Certes, la Bible affirme clairement que les envoyés du Christ peuvent faire tout cela « en son nom ». Mais, peut-on en déduire qu’il y a de la « puissance » dans le « nom » du Seigneur ?

L’importance et l’usage du « nom » dans la Bible

Ceux qui soulignent la puissance du nom de Jésus partent généralement d’une observation exacte : dans le contexte biblique, le « nom » de quelqu’un a bien plus d’importance que dans le contexte occidental actuel. Dans le monde de la Bible, le « nom » n’est pas juste une étiquette bien pratique qui permet d’identifier une personne. Il est lié à l’identité profonde de la personne. Ce qui explique, par exemple, que le Seigneur tienne à changer le nom Jacob en « Israël » (Gn 32.28) ou de Simon en « Pierre » (Mc 3.16) ; ces noms ayant quelque chose à dire de la vocation d’Israël ou de Pierre (cf. Mt 16.18). De la même manière, l’Ancien Testament souligne le lien entre l’identité et le nom de Dieu/YHWH – « celui qui est » (Ex 3.14) ; de même que le Nouveau Testament concernant Jésus – « le Seigneur sauve » (Mt 1.21). Ainsi, dans le contexte biblique, il y a souvent un lien très fort entre le « nom » et la « personne ».

Par extension, il arrive souvent que le mot « nom » (shem en hébreu) soit une manière de se référer non pas au nom d’une personne, mais à la personne elle-même. C’est le cas, en particulier, des textes hébreux qui se réfèrent au « nom du SEIGNEUR (YHWH) ». Par exemple, « louer le nom du SEIGNEUR » ou « bénir le nom du SEIGNEUR » (Ps 113.1-3) signifie « louer le SEIGNEUR » ou « bénir le SEIGNEUR ». « Invoquer le nom du SEIGNEUR (YHWH) », signifie prier le Dieu qui s’appelle YHWH (Gn 4.26 ; 16.13).

La « puissance du nom du Seigneur »

Par conséquent, du fait de cet usage, ne serait-il pas juste de souligner « la puissance » du « nom » du Seigneur ? Il me semble qu’une telle déduction n’est pas judicieuse : non seulement une telle formulation peut prêter à confusion en français, mais elle ne correspond pas à l’enseignement biblique.

Le français n’est pas de l’hébreu

Tout d’abord, ce qui pourrait avoir un certain sens en grec et en hébreu, n’a pas le même sens en français (ou en anglais). Dans notre langue, dire que « le nom de Jésus est puissant » ne signifie pas « Jésus est puissant ». Personne – en dehors de certains milieux chrétiens – ne fait un tel usage du « nom ». Lorsque je veux honorer une personne je ne dis pas que j’aimerais « honorer son nom ». Aucun français ne souhaite le bonheur de quelqu’un en lui disant : « béni soit ton nom ».  Par conséquent, il n’est pas forcément judicieux d’utiliser la transposition d’une formulation hébraïque (ou grecque) dans un chant destiné à être chanté par tous les croyants (y compris ceux qui n’ont pas forcément connaissance de ces subtilités de langage).

Il existe néanmoins quelques expressions utilisées en français qui se rapprochent de l’usage biblique (et qui pourraient donc être utilisées par les auteurs francophones). C’est le cas, notamment, de la formule « au nom de » : lorsqu’un représentant du gouvernement s’adresse « au nom » du président, il s’adresse « de sa part », en tant que son représentant. Les termes « renommée » ou « nomination » ont aussi un sens qui se rapproche de la terminologie biblique.

Aucun passage biblique ne souligne la « puissance » du « nom » de Jésus

Au-delà du langage, il convient de souligner que la Bible ne fait pas de lien direct entre la « puissance » et l’utilisation du « nom » de Dieu ou de Jésus. À ma connaissance, il n’existe aucun verset biblique qui affirme qu’il y a « une puissance dans le nom de Jésus ».

Le seul passage qui pourrait éventuellement être invoqué se trouve en Actes 3-4, en rapport à la guérison du paralytique par Pierre et Jean. Ceux-ci indiquent que ce n’est pas par « leur propre puissance » qu’ils ont guéri le paralytique (Ac 3.12) mais « par la foi du nom » de Jésus (Ac 3.16). De même, lorsque les membres du Sanhédrin leur demandent « par quelle puissance ou par quel nom » ils ont guéri le malade (Ac 4.7), Pierre répond « c’est par le nom de Jésus-Christ » (Ac 4.10). Pierre serait-il en train de souligner la « puissance » du « nom » de Jésus ? Si l’on lit ces textes dans leur contexte, on constatera que Pierre n’attire pas l’attention sur le « nom » de Jésus mais sur Jésus lui-même : la mention du « nom » de Jésus est accompagnée, dans les deux cas, d’une présentation précise de qui est Jésus (Ac 3.13-15 ; 4.10-11) puis d’un résumé du message du salut (Ac 3.17-26 ; 4.12). Ainsi, dans ce contexte, il est évident que la référence à la puissance du nom de Jésus est une manière de désigner la puissance de la personne de Jésus.

De façon générale, on peut que constater que, dans la Bible, la « puissance » est une caractéristique personnelle : c’est Dieu qui est le « Tout-puissant », c’est le Saint-Esprit qui est une « puissance », c’est Jésus qui vient « avec puissance ». Il est d’ailleurs étonnant que, alors que divers versets indiquent que le nom de Dieu (ou de Jésus) est « grand », « magnifique » ou « glorieux », on se garde généralement de dire que son nom est « puissant ».

Le risque d’une utilisation magique du « nom » de Jésus

Cette dernière observation s’explique peut-être par le fait que les auteurs bibliques sont conscients du risque d’une utilisation magique du « nom » de Dieu ou de Jésus. Dans le monde de la Bible – comme dans de nombreuses cultures – il est courant d’inclure le nom de divinités (ou d’esprits) dans les formules magiques. En effet, ceux qui pratiquent la magie considèrent qu’il y a une « puissance » dans le fait de prononcer le « nom » de ces divinités. Et que la simple formulation de ces noms a une efficacité en soi.

Le livre des Actes souligne à plusieurs reprises la différence entre les « signes et prodiges » chrétiens et les pratiques magiques (voir Ac 8.9-25 ; 13.4-12 ; 14.8-20). En Actes 19.13-17, face aux nombreuses guérisons et délivrances réalisées par l’intermédiaire de Paul, des exorcistes Juifs décident d’avoir recours à la même « formule magique ». Ceux-ci « entreprennent de nommer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui ont des esprits mauvais » (Ac 19.13). La suite du récit montre que leur entreprise n’a guère de succès. Certains se font même violemment malmenés par une personne ayant un mauvais esprit après que celui-ci leur ait dit : « je connais Jésus et je sais qui est Paul, mais vous qui êtes-vous donc ? » (Ac 19.15).

Le risque d’utiliser le « nom » de Jésus comme une formule magique n’est pas réservé à l’époque des apôtres. Le recours à la sorcellerie et à des « formules » occultes est encore courant dans de nombreux pays du monde. Dans ce contexte, mettre en avant la « puissance » du « nom » de Jésus risque de générer une certaine confusion.

La « puissance » ne réside pas dans le « nom » de Jésus mais dans le fait que l’on agisse « en son nom »

Si le croyant peut faire quelque chose « au nom de Jésus », ce n’est pas parce qu’il y aurait une quelconque puissance dans le « nom » de Jésus. Mais c’est parce qu’il a été envoyé par Jésus pour agir en son nom. Bien plus, du fait qu’il est au bénéfice de l’œuvre de Jésus-Christ, le croyant est « en Christ » et l’Esprit du Dieu tout-puissant a fait sa demeure en lui. Il a donc la légitimité de demander et prier « au nom de Jésus », c’est-à-dire en tant que son représentant. La « puissance » réside non pas dans le « nom » de Jésus, mais en Jésus lui-même. Ainsi, en Actes 9, Pierre n’a pas besoin de prononcer la formule « au nom de Jésus » pour que Tabitha ressuscite (Ac 9.40), tout comme il peut dire au paralysé : « Énée, Jésus te guérit » (Ac 9.34).

Cela ne signifie pas pour autant que, parce qu’il est « en Christ », le croyant pourrait demander n’importe quoi « au nom de Jésus ». Un émissaire ne peut faire « au nom » de celui qui l’envoie que ce qui est conforme à la volonté de ce dernier. Comme le dit Jésus en rapport à ceux qui prétendent faire des miracles ou prophétiser « en son nom » : « Ce n’est pas tous ceux qui disent « Seigneur, Seigneur » qui entreront dans le royaume des cieux, mais ce sont ceux qui font la volonté de mon père qui est dans les cieux » (Mt 7.21-23). Autrement dit, celui qui prétend faire « au nom » de quelqu’un ce qui n’est pas conforme à sa volonté est un imposteur.

Sur la question des miracles, voir cette série d’articles Signes, prodiges et miracles dans le Nouveau Testament.

La « maison de Dieu » et nos lieux de culte

Il y a quelques jours est sorti l’ouvrage collectif Parlons mieux ! 13 théologiens décryptent 13 expressions évangéliques à la lumière de la Bible (BLF / WET, 2021). Cet ouvrage, destiné à un large public (évangélique), a pour objectif de proposer quelques réflexions théologiques à partir de certaines expressions couramment utilisées dans nos églises :  « Tu dois accepter Jésus dans ton cœur » ; « Descends sur nous, Saint-Esprit » ; « Nous allons faire passer la collecte » ; « Bénis ces aliments, Seigneur » ; etc.

J’ai été sollicité pour apporter une contribution sur l’expression « Bienvenue dans la maison de Dieu ». J’y propose notamment un (rapide) survol du concept de « maison de Dieu » dans la Bible. Ce parcours a pour but de mettre en évidence que, depuis la venue de Jésus-Christ, la « maison de Dieu » est constituée des « pierres vivantes » (les croyants) et a Jésus-Christ pour « fondation ». Autrement dit, la « maison de Dieu » correspond à l’Eglise universelle.

Si ce point est généralement bien connu et admis parmi les chrétiens, quelle place faut-il donner aux « maisons » ou bâtiments où l’Eglise se rassemble ? Je reproduis ci-dessous mes réflexions conclusives à ce sujet (p. 66-68 dans le livre). En espérant que ce petit extrait puisse vous donner envie de lire l’ouvrage…

Valoriser les « pierres vivantes »

Selon la Bible, la « maison de Dieu » ultime est l’assemblée des « pierres vivantes » qui a Jésus-Christ pour « pierre de fondation ». En sacralisant les lieux de culte, on risque de « faire de l’ombre » à cette dimension essentielle de la foi chrétienne. L’important n’est pas le bâtiment où se réunissent les chrétiens, mais la manière dont les chrétiens constituent ensemble un « temple spirituel » à la gloire de Dieu. Par conséquent, il semble plus prudent d’éviter les formules du type « bienvenue dans la maison de Dieu ». De même, lorsque l’on chante les paroles des psaumes qui évoquent le bonheur de « venir à la maison de Dieu », il peut être bon de rappeler l’éclairage apporté par l’œuvre de Jésus-Christ. Oui, c’est une grâce immense d’entrer dans la présence du Dieu trois fois saint. Ce privilège nous a été acquis par le sang de Jésus qui nous permet d’accéder librement au lieu « très saint » (voir Héb. 10 : 19-20). De telle sorte que nous, simples mortels, formons une « maison spirituelle » (1 Pi. 2 : 5), c’est-à-dire le temple où réside l’Esprit de Dieu (1 Cor. 3 : 16).

Ainsi, veillons à ne pas donner une place trop importante au bâtiment où se réunit l’Église au détriment des « pierres vivantes » qui sont au cœur du projet de Dieu. Même une communauté bien au clair sur ces questions peut vite se laisser obnubiler par un projet de construction, des problèmes liés à l’entretien du bâtiment et des questions d’argent qui lui sont liées. Ne laissons pas l’édifice de briques et de bois faire de l’ombre à la maison spirituelle grandiose que Dieu souhaite se construire !

Des lieux de culte qui reflètent la « maison de Dieu »

Ceci dit, l’Église-corps du Christ a besoin de lieux pour se réunir. Lorsqu’elle doit chercher un local, faire construire un bâtiment ou gérer un édifice existant, bien des questions concrètes se posent. Il n’existe pas de réponse biblique toute faite à ce sujet. J’aimerais néanmoins suggérer quelques pistes de réflexion.

Des lieux de culte qui mettent en valeur les « pierres vivantes » qui composent la « maison de Dieu »

J’ai toujours été émerveillé de voir une assemblée de femmes et d’hommes de tous âges et d’arrière-plans différents s’unir pour louer ensemble son Seigneur, prier et écouter sa Parole. Ainsi, j’aime me placer au fond de la salle de culte pour contempler cet « édifice vivant ». Un lieu de culte de forme circulaire ou semi-circulaire permet plus facilement aux uns et aux autres de se voir et s’entendre. Inversement, une salle toute en longueur attire l’attention sur ce qui est devant plutôt que sur la communauté, et l’estrade a tendance à devenir une sorte de « lieu saint ».

Des lieux de culte qui attirent l’attention sur la « pierre de fondation » 

Le tabernacle et le temple étaient construits et organisés pour attirer l’attention du croyant sur la sainteté de Dieu alors qu’il lui apportait un sacrifice. Ce qui est central dans le culte chrétien, c’est l’œuvre et la personne de Jésus-Christ par qui nous pouvons constituer une « maison spirituelle » à la gloire du Dieu trois fois saint. Par conséquent, on pourrait réfléchir à la manière dont les lieux, l’architecture, la décoration ou les équipements peuvent inviter à tourner les yeux vers Jésus. Par exemple, la présence d’une croix, principal symbole associé à Christ, me parait tout à fait légitime.

Des lieux de culte ouverts vers l’extérieur

Selon 1 Pierre 2, l’Église-construction constitue un peuple de « prêtres » qui « [sortent] proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pi. 2 : 9). Voilà la mission de l’Église. Nous ne sommes pas appelés à former une petite chapelle cachée dans une lointaine forêt profonde. Nous sommes invités à former un édifice public, qui proclame ce que son Sauveur a accompli ! Ainsi, en 1 Cor. 14 : 23-25, Paul encourage l’Église assemblée à être attentive aux « non-croyants » qui pourraient « entrer ». Par conséquent, nos lieux de cultes devraient refléter ce désir d’accueillir tous ceux qui veulent entendre la Bonne Nouvelle. Puissent-ils être accueillants, chaleureux et faciles d’accès pour tout type de public.

Ce sont là quelques exemples. À chacun de poursuivre la réflexion pour que les lieux de cultes mettent en valeur la véritable « maison de Dieu ».

Pour en savoir plus sur l’ouvrage « Parlons mieux ! » ou pour commander le livre, rendez-vous sur le store de l’éditeur.

Que dit la Bible sur l’épidémie de coronavirus ?

La Bible ne parle (probablement) pas directement de l’épidémie de COVID-19 que notre monde endure actuellement. Néanmoins, elle a bien des choses à dire sur la maladie, les épidémies, la guérison et notre attitude à adopter au milieu de toute cela. Par cet article, je propose quelques réflexions de théologie biblique sur ces questions.

La maladie comme conséquence du péché de l’humanité

Du point de vue de la théologie biblique, la maladie est avant tout une conséquence du « péché d’Adam ». La désobéissance des premiers humains envers leur créateur a pour conséquence de les mettre à l’écart de la présence de celui qui est la source de la vie. En refusant de dépendre entièrement de son créateur, l’humanité est condamnée à errer loin de « l’arbre de la vie » (Gn 3.22) qui procure la « guérison des nations » (Ap 22.2). Le péché a pour conséquence la souffrance, la malédiction de la terre, la pénibilité du travail et, ultimement, la mort (Gn 3.16-19). « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6.23). Or, la mort est toujours le résultat d’un dysfonctionnement du corps humain, que celui-ci soit progressif (maladie) ou soudain (accident, meurtre).

La maladie comme conséquence du péché de l’individu malade ?

Quelques textes suggèrent que la maladie d’un individu peut être la conséquence directe de son péché (par exemple Jc 5.16). Cela se conçoit facilement lorsque celui-ci a un comportement à risque ou un mode de vie qui met en danger sa santé (excès d’alcool ou de tabac, mauvaise hygiène de vie, pratiques sexuelles à risque, etc.). La Bible contient aussi des exemples de cas où Dieu manifeste son jugement individuel en envoyant une maladie, comme pour Myriam (Nb 12.10), le roi Osias (2 Chr 26.16-21) ou le faux prophète Elymas (Ac 13.11).

Néanmoins, le livre de Job ou le cas de l’aveugle guéri par Jésus (Jn 9.1-3) nous invitent à la prudence : la maladie n’est pas toujours une conséquence directe du péché de l’individu malade. Les amis de Job sont sévèrement réprimandés par Dieu pour avoir insinué que le péché de Job était la cause de sa maladie (Jb 42.7-8). Inversement, les évangiles nous laissent l’exemple de l’attitude de Jésus envers les malades : une attitude avant tout marquée par la compassion (Mt 14.14 ; Mc 1.41).

Et le rôle du diable dans la maladie ?

Si la maladie est avant tout une conséquence générale du péché de l’humanité, plusieurs textes montrent que Satan est aussi acteur dans la maladie. Dès Genèse 3, on observe que, si l’être humain est pleinement responsable et coupable devant Dieu, le serpent est celui qui a poussé Adam et Eve vers l’arbre de la mort. Satan est celui qui frappe Job de maladie (Jb 2.7), même s’il ne peut le faire que parce que Dieu l’y autorise (Jb 2.4-6). Dans les évangiles de Matthieu et de Luc, la distinction entre maladie et action démoniaque n’est pas toujours très claire. Jésus est plusieurs fois présenté comme « guérissant » quelqu’un en « chassant un démon » (voir, par exemple, Mt 12.22; 15.21-28; 17.14-18; Lc 8.2). Cela montre que ce que nous appellerions maladie dans notre langage d’aujourd’hui est parfois présenté par la Bible comme lié à une activité démoniaque. Après tout, la Bible montre que le diable est l’instigateur du péché dont l’être humain est pleinement responsable et qui a pour conséquence la maladie et la mort. Ainsi, en Actes 10.38, Paul rappelle que Jésus, « guérissait tous ceux qui étaient opprimés par le diable ».

Les épidémies comme signes du jugement de Dieu

De façon systématique, les textes bibliques présentent les épidémies comme des manifestations du jugement de Dieu. Au sein de la Loi donnée à Israël, les épidémies font partie des malédictions divines liées à la rupture de l’alliance (Lv 26.16, 25 ; Dt 28.21-22). Cette manifestation du jugement de Dieu sur son peuple désobéissant est rappelée à plusieurs reprises dans les livres des Rois ou des Chroniques (1 R 8.37 ; 2 Chr 6.28; 7.13; 20.9), ainsi que par les prophètes (p. ex. Jr 14.12; 21.6-9 ; Ez 5.12, 17). Dans ces textes, les Israélites sont appelés à comprendre ces épidémies comme un châtiment les invitant à changer d’attitude et à retourner vers le seul vrai Dieu.

Les épidémies sont aussi un moyen utilisé par Dieu pour manifester son jugement envers les nations païennes. C’est le cas dans le cadre des plaies d’Égypte, lorsque Dieu envoie une épidémie affectant le bétail égyptien (Ex 9.1-7) ou qu’il provoque des ulcères (Ex 9.8-12). Les Philistins (1 S 5.6) ou les Assyriens (2 R 19.35) peuvent aussi être affectés par des maladies envoyées par Dieu. Zacharie 14.12 évoque une épidémie eschatologique affectant les nations s’opposant au peuple de Dieu.

Dans l’Apocalypse, plusieurs passages évoquent des épidémies destructrices envoyées par Dieu (Ap 6.8; 8.11; 16.2; 18.8). Il faut probablement comprendre ces fléaux comme des signes du jugement dernier auquel aucun être humain ne peut échapper (voir Ap 20.11-15). Face aux épidémies, les humains sont appelés à réaliser que nul ne peut éviter la mort et que tous auront à rendre des comptes devant leur créateur. Elles sont des signes d’un jugement bien plus grand et définitif : à cause de notre péché, c’est un châtiment éternel qui attend chacun d’entre nous.

Les épidémies affectent des peuples entiers, déstabilisent des nations puissantes et provoquent la panique sur toute la terre. Même les puissants de la terre en sont réduits à se « confiner » dans des cavernes (Ap 6.15) et la richesse de « Babylone » ne lui est d’aucun secours (Ap 18.7-8). Ce sont là des signes de la puissance redoutable du divin juge. Face à cette puissance, l’être humain est appelé à réaliser son péché, à plier le genou et à implorer la grâce de Dieu.

Le diable joue-t-il un rôle particulier dans les épidémies ?

Dans tous les textes évoqués ci-dessus, Satan est absent de la scène. Certes, comme nous l’avons vu, la Bible montre que le diable est à l’œuvre derrière la maladie. Toutefois, à ma connaissance, aucun passage ne le présente comme responsable spécifiquement des épidémies. Dans l’Apocalypse, le diable est particulièrement actif mais ses armes ne sont pas la maladie : il cherche plutôt à séduire par la guérison miraculeuse (Ap 13.3, 12), par la puissance et les victoires (Ap 13.4, 7), par des « signes » extraordinaires (Ap 13.13; 16.14; 19.20) ou par l’attrait de la richesse (Ap 17.4). Si Satan n’est pas présenté comme jouant un rôle dans les épidémies, c’est probablement parce que celles-ci sont avant tout des signes du jugement. Or, le jugement est une prérogative divine. Les épidémies nous invitent à tourner les regards vers Dieu, et non pas vers le diable.

Les croyants échappent-ils aux épidémies ?

Si les épidémies sont des signes du jugement de Dieu, on pourrait s’attendre à ce que les croyants, au bénéfice de la grâce de Dieu, y échappent. Le Psaume 91 évoque ainsi la protection de celui qui place sa confiance dans le Seigneur face à une épidémie (Ps 91.6). Le texte de l’Exode précise que, pour cinq des dix plaies d’Égypte, les Israélites ne sont pas atteints par les fléaux qui touchent uniquement les Égyptiens (Ex 8.18-19; 9.4, 6, 26; 10.23; 11.7). De même, dans l’Apocalypse, certains fléaux sont envoyés uniquement à ceux qui ont « la marque de la bête » (Ap 16.2) ou à ceux qui n’ont pas « le sceau de Dieu » (Ap 9.4). Toutefois, dans l’Exode, comme dans l’Apocalypse, ces précisions ne sont pas systématiques, ce qui suggère que les croyants subissent également certaines plaies. De même, les épidémies que Dieu envoie pour punir son peuple qui a rompu l’alliance ne semblent pas faire de distinction entre ceux qui sont idolâtres et ceux qui lui sont restés fidèles.

Il n’y a rien d’étonnant à cela. Les croyants ne sont pas meilleurs que les non-croyants et ils méritent autant le jugement de Dieu. S’ils échappent au jugement dernier et obtiennent la vie éternelle, c’est uniquement par grâce. Pour le moment, ils subissent encore les conséquences du péché sur la création, y compris la maladie et la mort. Ainsi, aucun chrétien depuis 2000 ans n’a résisté à la maladie plus de 120 et quelques années.

La guérison comme signe de la grâce

Bien heureusement, la Bible ne parle pas que de maladies, d’épidémies et de jugement. Dieu lui-même a pris le problème du péché à « bras-le-corps ». Jésus-Christ a cloué sur la croix l’acte de jugement qui nous condamnait (Col 2.14). Il a manifesté sa victoire sur le péché, les puissances démoniaques et leur conséquence : la mort (1 Co 15.54-57). Bien entendu, si Jésus a vaincu la mort, il a aussi remporté la victoire sur la maladie : il est le serviteur souffrant qui « a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (Esa 53.4 ; voir Mt 8.16-17). Ainsi, celui qui place sa foi et son espérance en Jésus-Christ sait qu’en lui, il a la vie éternelle. Il attend le renouvellement final de la création, là où il n’y aura plus « ni deuil, ni souffrance » (Ap 21.4). Si, pour le moment, il continue de subir les conséquences du péché sur la création, il voit au-delà de la souffrance présente et se réjouit de l’éternité qu’il passera avec celui qui est la source de la vie.

En attendant, Dieu continue de manifester sa grâce, sa compassion et sa bonté dans ce monde. Il le fait notamment en accordant très fréquemment la guérison. Toute guérison est un signe de la grâce de Dieu qui pointe vers la manifestation suprême de cette grâce en Jésus-Christ.

La guérison « naturelle » comme signe de la bonté du créateur

Dans le Psaume 139, le psalmiste loue le Seigneur de ce que son corps est une des œuvres de Dieu les plus « extraordinaires » (Ps 139.13-15). En hébreu, le verset 14 utilise le même vocabulaire que celui utilisé ailleurs pour décrire les signes et prodiges miraculeux. Une large majorité des personnes atteintes par le coronavirus guérissent « toutes seules », sans traitement. Cela est dû à l’action des anticorps, « naturellement » présents dans notre corps, et qui combattent le virus. Lorsque l’on s’intéresse au fonctionnement des mécanismes complexes qui permettent à notre corps de guérir « naturellement », on ne peut que s’émerveiller devant « l’œuvre extraordinaire » de notre créateur. Alors que le COVID-19 affole la planète, n’oublions pas que si une très large majorité des personnes contaminées guérissent sans aucun traitement, c’est parce que leur corps a été créé par un Dieu bienveillant.

De la même manière, le Psaume 107 invite les êtres humains à louer Dieu pour toutes les fois où le Seigneur « guérit » les malades et les sauve ainsi de la mort (Ps 107.17-22). Les guérisons que nous considérons comme « normales » ou « naturelles » ne le sont pas. La maladie étant une conséquence du péché, toute rémission est un signe de la grâce et de la bonté de Dieu. Dieu est non seulement le créateur de la nature et celui qui en a fixé les lois, mais il continue d’agir en tant que créateur dans la nature. Par conséquent, lorsque quelqu’un guérit du COVID-19 sans rien faire d’autre que laisser les anticorps agir, ou lorsque Dieu intervient de manière plus explicite pour rendre la vue à un aveugle de naissance, dans les deux cas, c’est le Dieu créateur qui est derrière la guérison.

La médecine comme signe de l’intelligence que Dieu a donnée aux humains

Les textes relatifs à la création soulignent que Dieu a créé les choses de manière ordonnée (voir Gn 1 ; Ps 104). Dieu a tout créé « avec sagesse » (Ps 104.24). Cela suppose qu’il y a un ordre et donc des lois dans la nature. Par ailleurs, l’être humain est présenté comme ayant été créé « à l’image de Dieu » (Gn 1.26) ce qui suppose une certaine intelligence. De plus, il a une responsabilité sur la création : il doit la « cultiver et la garder » (Gn 2.15), mais il a aussi la responsabilité de « nommer » les autres créatures (cf. Gn 2.19-20). Cela implique donc la possibilité – voire la responsabilité – pour l’homme de réfléchir sur le fonctionnement du monde que Dieu a créé. Cette possibilité de la connaissance scientifique est liée à ce que l’on appelle la « révélation générale ». C’est sur la base de cette révélation générale que la science permet à l’être humain d’améliorer ses conditions de vie ou de proposer un traitement pour certaines maladies.

Lorsque la médecine permet de soigner les patients atteints d’une forme grave du COVID-19, c’est donc parce que Dieu l’a rendu possible. Si l’intelligence humaine est obscurcie par le péché (Rm 1.21), Dieu, dans sa grâce, permet à l’être humain de continuer de percevoir certaines vérités générales à travers l’intelligence que le créateur lui a donnée. En tant que croyant, nous devrions donc rendre grâce à Dieu pour toutes les fois où il utilise la médecine pour guérir les malades. Dénigrer la médecine, dans ce qu’elle fait de bien, c’est dénigrer celui qui a donné l’intelligence aux chercheurs et personnels médicaux.

La guérison miraculeuse comme signe du Royaume de Dieu

La Bible enseigne aussi que Dieu est capable de guérir de façon plus inhabituelle, de manière miraculeuse. Je ne m’attarderai pas sur cette question car je la traite en détail dans la série d’articles « Signes, prodiges et miracles dans le Nouveau Testament » (voir ici). Je rappellerai simplement ici que, dans le Nouveau Testament, le miracle est un signe du Royaume de Dieu qui vient. Dans ce cadre, la guérison miraculeuse est comme un « signe avant-coureur » de la nouvelle création où il n’y aura plus ni souffrance, ni mort (Ap 21.4). Les miracles sont des signes de la capacité de Dieu à accomplir le salut promis en Jésus-Christ. Mais gardons bien en tête qu’il ne s’agit que de signes du Royaume qui vient. Il convient de ne pas confondre les temps : les miracles ne sont pas la normalité dans le monde présent (sinon ce ne seraient plus des « miracles »), ils sont des signes avant-coureurs du monde à venir.

Dans le cadre de l’épidémie de COVID-19, il est très difficile de parler de guérison « miraculeuse », vu qu’une large majorité des personnes contaminées guérissent « toutes seules ». Par contre, même s’il ne s’agit pas d’un « miracle » à proprement parler, toutes ces guérisons trouvent leur origine en Dieu et doivent nous pousser à « rendre grâce » !

L’attitude des croyants face à l’épidémie

Pour terminer, j’aimerais suggérer quelques pistes de réflexion biblique quant à l’attitude à adopter en tant que croyants dans cette situation particulière.

Une attitude d’adoration

Le but premier de notre vie est de rendre gloire à notre créateur (Ep 1.4-6). Face à une épidémie qui est un signe du jugement de Dieu, il convient tout d’abord de louer Dieu « parce que ses jugements sont vrais et justes » (Ap 19.2). La justice est une valeur biblique et le croyant doit aussi rendre gloire à Dieu pour sa justice, même s’il n’en comprend pas tous les tenants et aboutissants. Face à ce jugement que nous méritions, nous sommes invités à tourner nos regards vers Jésus-Christ (Ap 5.4-14). Louons Dieu pour la manière dont il a manifesté sa grâce envers nous en Jésus-Christ de telle sorte que nous n’avons plus rien à craindre, même la mort ! Nous pouvons lui rendre gloire également pour toutes les guérisons qu’il opère, pour la force et l’intelligence qu’il procure au personnel soignant.

Des témoins-prophètes

Si les épidémies sont des signes du jugement de Dieu, il est de notre responsabilité de rendre témoignage à l’auteur de ces signes. Dans l’Ancien Testament, les prophètes ont notamment pour rôle de signaler que les catastrophes sont des signes du jugement de Dieu. Lorsque Dieu envoie les plaies en Égypte, il demande systématiquement à Moïse d’aller trouver Pharaon pour lui expliquer la raison de ces « signes et prodiges ». Sans cette « interprétation », le roi d’Égypte aurait probablement tenu les divinités égyptiennes pour responsables. De la même manière, le prophète Élie est envoyé par le Seigneur pour indiquer au roi Achab et à ses sujets que la sécheresse est une conséquence de leur idolâtrie (1 R 17.1; 18.1, 20-46).

L’Apocalypse montre que les témoins de Jésus-Christ sont appelés à jouer un tel rôle « prophétique ». Selon l’interprétation retenue par la plupart des commentateurs actuels, le récit des deux témoins-prophètes d’Apocalypse 11.3-14 est une manière de symboliser le témoignage des chrétiens dans le monde. Ce témoignage se situe dans la continuité de celui de Moïse, qui a changé l’eau en sang ou d’Élie, qui a fermé le ciel pour qu’il ne pleuve pas (Ap 11.6). Certes, ces témoins font face à la persécution : ils sont rejetés et même mis à mort (Ap 11.7-9). Mais cela ne fait que démontrer qu’ils sont des témoins dans la continuité du témoin par excellence, Jésus-Christ. Le récit se termine en indiquant qu’après un tremblement de terre faisant sept mille morts, « les survivants furent remplis de crainte et rendirent gloire au Dieu du ciel » (Ap 11.13). Autrement dit, la mort des témoins aboutit à la conversion d’un très grand nombre de païens. Ce résultat est d’autant plus frappant que, un peu plus tôt, en Apocalypse 9.13-21, le texte décrit l’envoi de deux myriades de myriades de « cavaliers » destructeurs causant la mort du tiers de l’humanité. Or, ce jugement destructeur ne produit aucun changement dans l’attitude des survivants : « les survivants » ne changent pas d’attitude et ne cessent pas d’adorer des idoles qui « ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher » (Ap 9.20-21). Ainsi, le témoignage de « deux » témoins-prophètes aboutit à la conversion des nations alors que l’envoi d’une impressionnante cavalerie de « deux myriades de myriades » ne produit aucun changement. Au sein de la catastrophe que vit notre monde, les croyants sont appelés à être ces témoins qui interprètent les « signes » par une « parole prophétique » invitant à tourner les regards vers Dieu.

Témoins de l’Évangile

Cette parole que nous sommes appelés à porter en tant que chrétiens, c’est avant tout l’Évangile de Jésus-Christ. Dans un monde qui entrevoit le jugement, la Bonne Nouvelle de l’Évangile est particulièrement d’actualité ! L’épidémie nous place devant la réalité de la mort. Le confinement bouscule nos habitudes et nous oblige à revoir nos priorités. Tout cela pousse nos contemporains à réfléchir au sens de la vie. Dans ce contexte, laissons le Saint-Esprit renouveler notre intelligence pour que nous puissions trouver les mots justes pour transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.

Témoins de l’espérance

Dans un contexte marqué par l’inquiétude et la peur, l’espérance que nous trouvons en Jésus-Christ devrait interpeler notre entourage (1 P 3.15). Dans un temps d’obscurité, nous sommes appelés à être la « lumière du monde » (Mt 5.14). Notre attitude doit être celle de personnes « réveillées » qui manifestent la lumière du « jour qui vient » (Rm 13.11-14).  Romains 12 et 13 nous propose quelques exemples concrets qui me semblent particulièrement pertinents dans le contexte actuel : se « réjouir dans l’espérance », se consacrer à la prière (Rm 12.12), aider (matériellement) ceux qui sont dans le besoin (Rm 12.13), bénir (Rm 12.14), pleurer avec ceux qui pleurent (Rm 12.15), manifester l’unité des chrétiens et ne pas se croire plus intelligent que les autres (Rm 12.16), ne « pas rendre le mal pour le mal » mais être « vainqueur du mal par le bien » (Rm 12.17-21), être soumis aux autorités (Rm 13.1-5), payer ses impôts (Rm 13.6-7) et, par-dessus tout, aimer son prochain (Rm 13.8-10). Tout un programme !

Rendre grâce pour notre pays !

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« Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. » (Philippiens 4.6)

En cette période électorale, la tendance est à la colère, au rejet, à l’inquiétude. On focalise nos regards vers ce qui ne va pas, vers les difficultés de notre pays, vers le péché des uns et des autres. On nous montre le malaise ambiant, le chômage, les injustices, la corruption, l’immoralité… Et cela nous pousse notamment, en tant que chrétiens, à l’intercession. A juste titre. Toutefois, ce que ce verset de Philippiens nous rappelle, c’est que nous sommes appelés à prier « dans une attitude de reconnaissance » (traduction Segond 21).

Bien entendu, le sujet n°1 de reconnaissance en tant que chrétiens c’est le salut en Jésus-Christ : c’est « dans le Seigneur » que nous pouvons nous réjouir quelles que soient les circonstances (Philippiens 4.4). Toutefois, je crois que nous avons également bien des raisons de « rendre grâce » pour notre pays. Il suffit de voyager en des contrées moins privilégiées ou de prendre un tout petit peu de recul sur l’histoire pour se rendre compte qu’en tant que français, nous sommes au bénéfice de nombreuses grâces ! Il s’agit de ce que les théologiens appellent des « grâces communes » : des choses bonnes que notre Dieu permet à notre nation d’expérimenter, malgré le péché de ceux qui la composent. Ce sont des grâces, et non pas des « acquis », ni même des droits : le simple fait d’avoir eu la chance de naître dans ce pays plutôt qu’un autre, à cette époque plutôt qu’une autre, ne nous permet pas de dire que nous méritons toutes les bonnes choses dont nous bénéficions. Alors, permettez-moi de rendre grâce !

Je rends grâce pour la paix qui règne sur notre territoire depuis 70 ans. Je me souviens qu’avant cette période de paix, notre pays a vu en l’espace de 30 ans et deux guerres terribles la mort de plusieurs millions de français. Je me souviens des horreurs de la Shoah. Je pense aussi à tous ceux qui vivent actuellement dans un pays ravagé par la guerre, et craignent tous les jours pour la vie de leurs enfants. La paix est une grâce !

Je rends grâce pour la liberté religieuse dans notre pays (1 Ti 2.1-3). Je peux me réunir librement avec d’autres croyants. Je peux prier, lire la Bible, en toute liberté. Je suis même autorisé à témoigner de ma foi en public. Et je sais que ceux qui se tournent vers Jésus-Christ peuvent le faire sans craindre de se retrouver en prison à cause de cela.

Je rends grâce parce que personne ne meurt de faim ou de soif dans notre pays. Je rends grâce parce que le logement est un droit dans notre pays (Mt 25.35-36). Avoir un toit, à manger, de quoi se vêtir est un privilège dont tous ne bénéficient pas aujourd’hui sur notre planète. En tant que français, nous avons généralement bien plus que cela : des toilettes, l’électricité, l’eau courante, le chauffage, une voiture, des lits et canapés confortables, et plein d’autres trucs qui nous servent surtout à nous divertir (TV, ordinateurs, smartphones, cinéma, etc., etc., etc.).

Je rends grâce pour les nombreuses guérisons que Dieu permet par le biais de nos services de santé hyper-performants (Ps 103.2-3). La médecine actuelle est la plus performante de toute l’histoire de l’humanité. Bien des maladies réputées autrefois incurables ne le sont plus aujourd’hui. Nous sommes parmi les mieux soignés de la planète. Et s’il arrive – à moi ou un de mes enfants – une maladie grave entraînant des frais médicaux exorbitants, je sais que je n’aurais (normalement) rien à débourser.

Je rends grâce pour la possibilité qu’ont mes enfants de développer les capacités intellectuelles que Dieu leur a données au sein d’une école gratuite. Dans notre pays, il n’est pas nécessaire d’être issu d’une famille fortunée pour faire des études, aller à l’université ou apprendre un métier.

Je rends grâce pour la rapidité des moyens de transports dont je bénéficie, et pour la facilité avec laquelle je peux voyager. Je rends grâce pour les moyens de communications dont je bénéficie. Parce que l’Eglise du Christ dépasse les limites de ma ville ou de mon pays, c’est une grâce de pouvoir communiquer facilement avec mes frères et soeurs en Christ. C’est une chance pour la communion de l’Eglise ; c’est une chance pour les possibilités dans le domaine de l’évangélisation.

Je rends grâce pour l’accueil des réfugiés et des immigrés (2 Co 8.13-14). Je me réjouis de voir que de gros budgets sont consacrés à l’accueil de ceux qui ont quitté une situation bien moins privilégiée que la nôtre. Cela me paraît la moindre des choses que de partager les grâces de Dieu avec d’autres bien moins privilégiés ! Je me réjouis aussi de voir arriver dans mon Église locale des frères et soeurs de diverses cultures et diverses langues. Je me réjouis des possibilités d’évangéliser librement des personnes qui n’avaient pas aussi facilement accès à l’Evangile dans leur pays d’origine.

J’aurais encore bien d’autres raisons de « rendre grâce ». Je pense que vous en auriez certainement aussi. Alors, amis chrétiens, en cette période incertaine, pensons à accompagner notre intercession d’actions de grâce !

Dieu en face à face avec la mort

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L’image ci-dessus est une photo de l’ossuaire de Douaumont où reposent les ossements de 130 000 soldats allemands et français, décédés en 1916 lors de la terrible bataille de Verdun. Ce lieu nous rappelle les horreurs dont l’humanité est capable. Il souligne aussi le caractère révoltant et terrible de la mort.

Ce qui me frappe lorsque je vois cette image, c’est l’alignement de toutes ces croix. Des milliers de croix, face à des milliers de morts. Certains y verront les résidus d’une société marquée par le christianisme. Pour ma part, j’y vois un fabuleux pied de nez à la mort. Face à la mort atroce et incompréhensible de tous ces jeunes soldats qui se battaient pour un bout de terre dans une guerre qu’ils n’avaient pas choisie. Face à cette mort, la croix du Christ se tient là debout, pour chacun d’entre eux, pour chacun d’entre nous. Face à la mort qui nous est insupportable, nous sommes invités à regarder à la croix de Jésus-Christ. Nous sommes invités à contempler la manière dont Dieu lui-même a fait face à la mort.

Face à la mort, nous sommes invités à contempler ce face à face divin. Le Dieu de la vie n’est pas resté sans rien faire face à la mort qui lui faisait affront. Dieu lui-même a fait face à la mort. Il l’a affrontée à bras-le-corps. Et il l’a vaincue. Il a démontré qu’il était plus fort que la mort. Que celle-ci ne pouvait rien contre lui. Et que si nous plaçons notre foi en Jésus-Christ, la mort ne pourra rien contre nous ! Jésus veut nous libérer de la mort afin que nous puissions aller et vivre la vraie vie, une vie d’hommes et de femmes libres qui peuvent regarder la mort en face et la voir telle qu’elle est, c’est-à-dire pas grand-chose !

 Ainsi nous pourrons dire avec l’apôtre Paul : « Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton pouvoir de tuer ?… loué soit Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus–Christ ! » (1 Co 15.55-57).

Jésus, « crowdfunding » et « crowdfeeding »…

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[Post initialement publié le 7 août 2013 sur le blog Bible & Breakfast.]

Certains disent que si Jésus était venu à notre époque, il aurait eu un compte Facebook. Mais, aurait-il fait du crowdfunding ? Un récit biblique, celui de la multiplication des pains, me fait penser que Jésus a fait du « crowdfunding » à sa manière… explications !

Crowdfunding : késako ?

Avant toute chose, pour ceux qui ne sont ni altermondialistes, ni « geekosolidaires » ou tout simplement qui ne savent pas ce qu’est le « crowdfunding »… quelques mots d’explications ! Le « crowdfunding » ou « financement participatif » utilise les média et réseaux liés à l’Internet pour développer de nouvelles formes de dons ou de prêts entre particuliers. L’idée, c’est d’utiliser la puissance d’Internet et de ses réseaux sociaux, pour encourager le plus grand nombre à soutenir un projet. Désormais, pour financer un projet, plus besoin d’aller voir son banquier ou de chercher de riches mécènes : vous présentez votre idée au monde entier, et de simples internautes comme vous et moi peuvent contribuer, même pour quelques euros. Le principe, c’est donc de multiplier les « petits » donateurs pour aboutir à une grosse somme.

Jésus et le crowdfunding : la multiplication des pains (Matthieu 14.13-21 et parallèles)

Revenons à notre question de départ : Jésus, s’il était venu en 2017, aurait-il pratiqué le crowdfunding ? En me posant cette question, j’ai tout de suite pensé au récit de la multiplication des pains : une foule nombreuse, un problème d’argent, et un petit don… pour un repas extraordinaire !

« Crowdfounding » ou lorsque la foule trouve Jésus

Au milieu d’un ministère bien rempli, Jésus et ses disciples cherchent un lieu tranquille pour une petite retraite spirituelle. Malheureusement, « à peine débarqué en plein désert, Jésus se rend compte qu’il a oublié d’enlever la géolocalisation sur son Iphone :  résultat, ses followers l’ont suivi [traduction geek 3.0] ! » Mais, Jésus ne déconnecte pas : « il vit la foule, et fut ému de compassion pour elle ; et il guérit les malades » [Matthieu 14.14 ; traduction Louis Segond].

Jésus attirait les foules. Normal. Il guérissait les malades gratuitement sans même demander leur carte vitale ! Jésus applique ici sans le vouloir un des premiers principes du crowdfunding : avoir une super idée qui va attirer les foules ! Mais remarquez bien une chose : ce qui motive Jésus pour guérir les malades, ce n’est pas la popularité, mais la compassion. Jésus n’est pas venu sur terre pour faire la une des magasines people, ni du Financial Times, il est venu démontrer l’amour de Dieu au monde (Jean 3.16 par exemple) !

« Crowdfeeding » ou lorsque Jésus nourrit les foules
  • Les disciples ont un problème : la foule est nombreuse et guérir tous ces malades, ça prend du temps. Résultat, le soir arrive, et tout le monde a faim.
  • Jésus a une solution : les disciples vont donner à manger à la foule.
  • Les disciples ont un problème : ils sont partis sans prendre ni portefeuille, ni casse-croûte, comme Jésus le leur avait dit (cf. Mt 10.9-10).
  • Jésus a une solution : on va faire du crowdfunding !  Invitons les petits donateurs à partager leurs biens !

Résultat des courses : 5 pains et 2 poissons. Le crowdfunding a ses limites… mais pas pour Jésus ! Avec un petit don, Jésus va réaliser un grand repas : 5 pains, 2 poissons, une prière et tout le monde est rassasié !

Jésus et le crowdfunding

Bon, j’avoue. Le parallèle entre le crowdfunding et la multiplication des pains a ses limites…

Mais quand même ! Jésus aime valoriser la générosité des petits donateurs [comme la pauvre veuve de Marc 12.42-43]. De plus, il encourage ses disciples à demander le gîte et le couvert (Mt 10.9-14) et il promet une récompense [une contrepartie ?] à ceux qui les accueillent ou les soutiennent, même par le don d’un simple verre d’eau (Mt 10.40-42).

Toutefois, il y a une différence majeure entre le crowdfunding et la multiplication des pains : dans le deuxième cas, il y a un Dieu qui multiplie ! Il s’agit bien là d’une méthode améliorée de crowdfunding ! Et seule cette méthode-là peut permettre la réalisation du plus merveilleux des projets : manifester la gloire de Dieu !

 

Aux larmes citoyens !

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Article initialement publié en décembre 2013 sur le blog Bible & Breakfast, mais particulièrement d’actualité en cette année électorale. Qu’en cette période, notre témoignage chrétien puisse s’exprimer à la fois de manière « prophétique » en faisant entendre les valeurs de Dieu dans notre société ; mais aussi en priant, en honorant et en bénissant ceux qui nous gouvernent (ou nous gouverneront) !

Lorsque je lis ou entends certaines critiques violentes adressées par certains chrétiens à ceux qui nous gouvernent [quel que soit leur bord], je suis bien attristé. « Vous leur devez l’honneur ». Voilà l’attitude  que Paul nous recommande envers les autorités  (Romains 13.7). En effet, précise-t-il, « ils sont les serviteurs de Dieu » (v.4). Aux larmes citoyens !

Imaginez cette annonce : « Offre poste à haute responsabilité, correctement rémunéré. Aucun diplôme nécessaire. Vous travaillerez 7 jours sur 7, 70 heures par semaine, sans horaire fixe, avec deux ou trois semaines de vacances par an. Votre travail sera constamment surveillé, scruté, étudié, critiqué et commenté publiquement. Vous serez épié par les média qui ne se priveront pas de divulguer votre vie privée. Le contrat est à durée déterminée, mais il pourra éventuellement être prolongé, à condition que vous arriviez à satisfaire les désirs multiples et variés de vos très nombreux employeurs. Pour postuler, merci d’envoyer tracts, lettres de motivations et affichettes à tous vos potentiels employeurs. Vous devrez avancer les frais liés à votre candidature. »

Qui voudrait d’un tel poste ? Pourtant, c’est bien souvent à quoi ressemble le travail de ceux qui nous gouvernent. Mettez-vous un instant à leur place. La vie de nos élus est loin d’être facile : beaucoup en ressortent abîmés, si ce n’est brisés. Ils ont peu de « vrais » amis. Il leur est pratiquement impossible de mener une vie de famille sereine.

Certes, c’est notre devoir en tant que chrétiens de faire entendre notre voix de « prophète » face aux injustices. C’est notre devoir que d’encourager nos élus à valoriser ce que notre Dieu appelle « bien » et à réprimer ce qu’il appelle « mal ». Mais c’est autre chose que de s’en prendre directement à ceux qui nous gouvernent en les insultant [poliment], en les traitant [gentiment] d’incapables ou de bons à rien. 

Alors, n’ajoutons pas à leur charge en leur faisant porter la responsabilité de tous les maux de notre société ! Car s’ils ont un travail à haute responsabilité, la parole de Dieu ne nous rend pas moins responsables envers eux. En Romains 13.1-7, Paul encourage les chrétiens à se « soumettre aux autorités ». Pourquoi ? Parce qu’elles « viennent de Dieu », « elles sont voulues par Dieu » (v. 1), et qu’elles sont « au service de Dieu » (v. 4 et 6). Et l’apôtre de conclure : « Donnez à chacun ce que vous lui devez : l’impôt, la taxe, le respect et l’honneur » (v. 7). Nous devons donc « respect » et « honneur » à ceux qui nous gouvernent.

« Ok, me direz-vous, mais Paul a ici en vue des autorités qui font ce qui est bien. Alors que notre gouvernement… »

Rappelons-nous que Paul adresse premièrement ces recommandations à des chrétiens qui habitent Rome, vers 55 après Jésus-Christ. Paul aurait-il oublié ce que les autorités ont fait subir aux judéo-chrétiens de Rome, expulsés par l’Empereur Claude quelques années auparavant (cf. Actes 18.2) ? Paul aurait-il oublié que les autorités de l’époque sont pour l’essentiel des païens idolâtres, aux valeurs morales et sociales peu compatibles avec celles de la Bible ? Paul aurait-il oublié que Jésus-Christ a été condamné injustement à la crucifixion par les autorités de son temps ?

Les chrétiens de Rome avaient bien plus de raisons que nous de ne pas honorer leurs autorités ! Laisserons-nous le Seigneur changer nos coeurs et nos regards envers ceux qui nous gouvernent, et qui, de plus, ont été choisis par le peuple ?

Puissions-nous leur rendre l’honneur et le respect qui leur est dû ! Prions pour eux. Bénissons-les. Honorons-les ! Et pourquoi pas, en cette période de l’année, transmettre à nos élus notre soutien et nos prières, sous forme d’une carte de voeux ?  

Rendons les armes et prenons les larmes !

Dans une même lignée, vous trouverez un encouragement à la prière pour les autorités, sur le site du CNEF « Prions pour la France ».

Bonne année de grâce !

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Un post originellement publié pour le nouvel an 2014… mais toujours valable en 2017 !libre esclavage

Il fut une époque où l’on désignait les années depuis la venue du Christ comme « l’an de grâce ». Et si on vivait « l’an de grâce 2017 » comme une véritable année de grâce ? C’est ce que je vous souhaite pour l’année qui commence !

« Pour proclamer une année de grâce… »

Loin de moi toute nostalgie médiévale ou royaliste. L’idée d’une « année de grâce » vient en fait de la Bible. Dans l’Evangile de Luc, pour introduire son premier discours, Jésus lit Ésaïe 61.1-2 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi […] pour proclamer l’année de grâce accordée par le Seigneur » (Luc 4.18-19). Et il ajoute : « aujourd’hui même, cette prophétie est accomplie » (v. 21). Autrement dit, depuis la venue de notre Sauveur, nous sommes dans l’année de grâce [une année qui dure depuis à peine 2000 ans] !

L’année de grâce et le Jubilé

Mais au fait, ça vient d’où cette idée « d’année de grâce » ?

  • [Le lecteur] Hé bien, d’Ésaïe 61.2, tu l’as déjà dit !
  • [Le blogueur] C’est juste, mais d’où Ésaïe sort-il cette expression assez surprenante ???
  • [Le lecteur qui connaît bien sa Bible, et qui aime en particulier méditer le Lévitique] : Peut-être bien qu’Ésaïe fait allusion à l’année du Jubilé, une année sabbatique consacrée à l’Eternel, durant laquelle les dettes sont effacées, les esclaves libérés, et où chacun récupère ses terres [Lévitique 25].
  • [Le blogueur qui considère le lecteur comme quelqu’un d’intelligent] : Je partage ton avis très avisé ! Donc du coup, « l’année de grâce » que Jésus vient « proclamer », serait l’année du Jubilé ?
  • [Le lecteuuuur] : Euuuuhh…

Et effectivement, il y a de quoi hésiter ! En effet, nous savons bien que Jésus n’est pas venu prendre la suite de Spartacus pour encourager les esclaves à la révolte contre leurs maîtres, et reprendre leur liberté. Jésus n’est pas venu lancer un mouvement économique prônant la restitution des terres aux petits paysans exploités par de grands exploitants.

Un Jubilé différent

Jésus est certainement celui qui nous fait entrer dans l’année du Jubilé ; mais un Jubilé un peu différent de celui de Lévitique 25* :

  • Le Jubilé de Jésus apporte la liberté, mais l’esclavage dont nous sommes libérés est celui du péché.
  • Le Jubilé de Jésus vient effacer nos dettes, mais il s’agit d’une dette bien plus grave que celle que nous avons envers notre banquier puisqu’elle a des conséquences jusque dans l’éternité : Jésus vient régler la dette que nous avons envers Dieu !
  • Le Jubilé de Jésus nous apporte la restauration dans notre héritage : mais les terres qui nous sont restituées sont celles d’un Royaume éternel et inébranlable.

Et tout cela, c’est cadeau ! Un cadeau que Dieu nous fait en Jésus-Christ !

Vivre 2017 comme une année de grâce !

Mon voeu, pour vous, en cette nouvelle année, c’est que vous puissiez vivre 2017 comme une année de grâce ! Réjouissez-vous : votre Dieu vous offre une année gratuite dans sa présence, sans que vous ayez quoi que ce soit à faire pour la mériter ! Alors, en ce début d’année, faites la fête ! Sortez vos « trompettes » (Lv 25.9), vos cotillons, et vos serpentins : 2017 est une année de grâce ! Annoncez la bonne nouvelle à vos voisins et invitez-les à la fête ! Et cette fête, refaites-la demain, et encore après-demain, et l’année prochaine, et tous les jours de l’éternité !

Bonne année de grâce 2017 !

 

* [Note pour le lecteur exégète à ses heures] Nous avons en Luc 4.16-22, un cas d’intertextualité très intéressant : pour présenter un aspect important du ministère de Jésus [le pardon des péchés], l’évangile de Luc met en exergue un discours de Jésus qui lui-même s’appuie sur une citation d’Isaïe 61 qui elle-même fait très certainement allusion à l’année du Jubilé présentée en Lévitique 25. On a ici un cas d’école pour comprendre la manière dont l’Ecriture interprète l’Ecriture. Pour ma part, je suis plutôt convaincu que Luc 4.18-19 cite Ésaïe 61.1-2 avec en tête l’idée du Jubilé. Sauf que la libération du Jubilé est réinterprétée comme une libération du péché. On retrouve une réinterprétation du Jubilé assez similaire dans un texte de Qumrân (11Q13). Après tout, le texte du Lévitique faisait déjà le lien entre le Jubilé et le pardon des péchés, puisque le Jubilé devait être proclamé lors de la fête du Yom Kippour, jour du « grand pardon » (Lv 25.9-10).

Et si le 25 décembre reliait la naissance de Jésus à sa mort ?

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Sur cette peinture de Maître Bertram (15e s.), le bébé Jésus est « envoyé » vers Marie avec une croix à la main. Le peintre fait le lien entre l’incarnation et son but ultime.

Nous savons tous que nous ne savons pas quel jour Jésus est né. Contrairement au jour de sa mort (voir Jean 19.14, 31), la Bible ne nous donne pas d’indication concernant le jour de sa naissance. Certes, on sait que les bergers étaient dans les champs (Luc 2.8), ce qui rend la date du 25 décembre peu probable (les moutons passent plutôt la nuit dans la bergerie pendant la saison froide). D’où vient donc cette tradition de fêter Noël le 25 décembre ?

La christianisation d’une fête païenne ?

L’hypothèse la plus souvent avancée est que les chrétiens ont choisi cette date vers le 4e siècle, à l’époque où le christianisme devint progressivement la religion officielle de l’Empire romain. La date du solstice d’hiver correspondait à diverses fêtes païennes, et, depuis le 3e siècle, l’empereur Aurélien avait instauré la fête du « soleil invaincu » (sol invictus) le 25 décembre. On aurait alors cherché à remplacer ces fêtes populaires païennes par une fête en l’honneur de celui qui est le seul vrai « soleil de justice » (Malachie 3.20), la seule vraie « lumière » venue dans le monde (Jean 1.9). Ce choix aurait donc été fait dans une optique de « christianisation » de la société.

Il est vrai que, quitte à choisir une date, il semble pertinent de situer la naissance du sauveur du monde au moment où le soleil reprend ses droits (le solstice d’hiver dans l’hémisphère Nord). La symbolique est forte : à Noël, la lumière vient !

La difficulté de cette explication

Dans un article (en anglais) pour le site Biblical Archaelogy, le professeur Andrew McGowan montre que l’explication ci-dessus s’accorde mal avec les textes du christianisme ancien. D’après lui, on ne trouve aucun texte antérieur au 12e siècle expliquant que la date de Noël a été fixée le 25 décembre pour de telles raisons. Certains Pères de l’Eglise comme Ambroise de Milan (env. 340-397) faisaient certes le lien entre la date de Noël et les anciennes fêtes païennes. On expliquait ainsi que Christ, « le soleil » avait mis à terre les faux dieux du paganisme. Toutefois, ces textes considèrent que la correspondance de date entre les fêtes païennes et la naissance du Christ est providentielle. Ils ne laissent jamais entendre que la date de Noël aurait été choisie.

De plus, certaines sources permettent de penser que la date du 25 décembre était retenue par certains chrétiens, avant que Constantin devienne empereur. Or, avant Constantin, la « christianisation » de la société romaine n’est pas à l’ordre du jour. Les chrétiens sont, à cette époque, une minorité persécutée. Dans leur démarche d’évangélisation ils tendent plutôt à se dissocier franchement du paganisme ambiant. Dans ce cadre, il serait très surprenant que l’on ait délibérément fixé la date de la naissance de Jésus en fonction d’une fête païenne.

La date du 25 décembre permettrait de faire le lien entre la naissance et la mort du Christ

A la suite de quelques autres, Andrew McGowan propose une autre explication. Il semblerait qu’on ait choisi le 25 décembre pour faire correspondre le jour de la conception virginale de Jésus au jour de sa crucifixion. En effet, si Noël n’est pas fêté durant les tous premiers siècles (du moins, en Occident), la mort et la résurrection de Jésus sont très tôt célébrées parmi les chrétiens, et ce, à une date fixe : autour de la Pâque juive (14-15 nisân). D’après les calculs d’un Père de l’Eglise comme Tertullien de Carthage (env. 150-220), le jour de la mort de Jésus, le 14 nisân du calendrier juif, correspond au 25 mars du calendrier romain (voir Contre les Juifs, 8). Or, le 25 mars est situé juste neuf mois avant le 25 décembre. Cela signifierait que, si la naissance de Jésus a été fixée au 25 décembre, sa conception aurait eu lieu, elle aussi un 25 mars. 

Cette correspondance de date entre la venue de Christ dans le monde (lors de sa conception virginale) et sa mort/résurrection est signalée par divers écrits chrétiens anciens. De même, les Églises d’Orient qui situaient traditionnellement Pâques le 6 avril, fêtaient la naissance de Jésus le 6 janvier (l’épiphanie), soit à neuf mois d’écart.

Ainsi, le 25 décembre n’aurait pas été choisi pour remplacer une fête païenne, mais pour relier la naissance de Jésus à la plus grande fête chrétienne, celle de Pâques. L’idée était de montrer le lien indissociable entre la venue de Jésus et sa mort/résurrection.

Si, d’un point de vue historique, cette proposition reste assez hypothétique, je dois avouer que, sur le fond, l’idée me plaît bien. Puissions-nous donc, ce 25 décembre, nous souvenir du 25 mars : Noël et Pâques sont deux fêtes indissociables.  Notre Dieu s’est fait homme dans un seul but : nous sauver en mourant sur la croix et en ressuscitant le 3e jour !

Pour lire l’article d’Andrew McGowan, cliquez ici.

La lumière d’une étoile

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17268En cette période de Noël, je vous laisse cette relecture très personnelle d’un récit bien connu. Il s’agit d’une histoire destinée à être lue à haute voix, initialement écrite en 2010 pour un culte de Noël.

L’Evangile de Matthieu nous présente l’histoire incroyable de mages venus d’Orient qui, guidés par une étoile, vont venir adorer Jésus qui vient de naître.

On dit souvent que les mages étaient trois et que leurs noms étaient Gaspard, Balthasar et Melchior. Mais, la Bible ne dit pas combien ils étaient : peut-être étaient-ils 2, peut-être étaient-ils 352… qui sait ? Nous ne savons pas non plus leur nom. Pour faciliter le récit, je dirais qu’ils étaient 3 ! Car après tout, ils avaient avec eux 3 cadeaux… un cadeau chacun, donc.

Et ces 3 mages, je les appellerai Gaspard, Balthasar et… Gérard (parce que ça rime). A eux 3 eux, ils formaient le GBG, le « Groupe des Bons Guides » ! Leur devise était : « vous cherchez le chemin à suivre, nous vous guiderons sur la bonne route ».

Ils étaient des assoiffés de connaissance, cherchant sans cesse à découvrir, à trouver, à fouiller, à scruter… Ils maitrisaient les langues : le grec, le latin et l’araméen bien entendu mais aussi l’hébreu, l’ougaritique, l’éthiopien, le Syriaque, l’Egyptien… et bien d’autres encore !  Ils s’intéressaient à toutes les religions, connaissaient les grands textes sacrés et y retenaient ce qui leur semblait utile. Mais leur spécialité première était l’astrologie : ils cherchaient à lire dans les étoiles la destinée de chacun. Ils espéraient ainsi percer les secrets de l’histoire.

Malgré toutes ces connaissances et ces quêtes de sens incessantes sensées leur faire saisir de sûres certitudes, Gérard restait insatisfait… Il avait beau en savoir toujours plus, ses pensées restaient confuses. Il pensait pouvoir trouver un sens à l’histoire du monde, mais il ne parvenait pas à trouver un sens à sa propre histoire. Il avait la tête bien pleine, et pourtant il sentait un grand vide au plus profond de lui-même…

Une nuit, alors que le GBG était entrain de scruter le ciel à la recherche d’un signe des étoiles, nos 3 mages firent une découverte lumineuse : une étoile particulièrement brillante et jamais observée auparavant leur apparut ! Tout de suite, les conjectures flambèrent : Gaspard y vit une conjonction de planètes, Balthasar pensait plutôt à une comète… quant à Gérard, il eut un flash et fila telle une étoile vers la bibliothèque. Il s’était souvenu d’un texte en Hébreu qui pourrait l’éclairer sur cette étoile… une obscure prédiction d’un certain Balaam datant de plusieurs siècles et consigné dans le livre des juifs…

Voilà ce que disait la prédiction : « Je vois ce qui arrivera, mais ce n’est pas pour maintenant. Je l’aperçois, mais ce n’est pas pour tout de suite. Une étoile se lève parmi ceux qui sont nés de Jacob. Un chef se lève au milieu du peuple d’Israël. » (Nb 24.17). Et là, comme saisi d’une illumination, il fut convaincu que la prophétie s’accomplissait sous ses yeux. N’y tenant plus, il décida d’entreprendre le voyage vers la Judée pour aller voir lui-même ce roi qui venait de naître… Il fallait partir à la recherche de la nouvelle star ! Jamais pareille étoile n’avait été observée, ce roi devait réellement être exceptionnel…

Les autres membres du GBG furent bien moins enflammés par la proposition de Gérard. Ils n’étaient pas très chauds pour faire plusieurs mois de voyage pour aller vérifier une hypothèse saugrenue. Mais bon, après tout, c’était le prix de la recherche… et si Gérard avait raison, cette étoile pouvait faire d’eux des stars de l’astrologie !

Quelques mois plus tard, ils atterrirent enfin en Judée, et tout naturellement, ils fusèrent vers le palais royal de Jérusalem pour vérifier si Hérode n’avait pas eu un heureux événement… Ils trouvèrent là un roi plutôt mal luné, dépité d’apprendre une telle nouvelle. Heureusement, les spécialistes religieux purent les orienter vers Bethléem, lieu de naissance prévu pour le grand roi attendu des juifs… Arrivés de nuit à Bethléem, ils virent à nouveau l’étoile observée dans leurs contrées et là ils trouvèrent, dans une humble chaumière, Joseph, Marie et leur tout jeune enfant Jésus… Mais quel enfant !

Au plus profond de lui-même, Gérard su que cet enfant n’était pas comme les autres… Ni la maison, ni la petite famille n’avaient rien de bien particulier… en apparence, on avait là une famille ordinaire dans une maison ordinaire… mais Gérard avait la conviction profonde qu’il ne fallait pas se fier aux apparences… Cet enfant qui se tenait en face de lui n’avait rien d‘ordinaire ! Il ressentait face à lui une paix profonde, un espoir immense… Oui, il en était sûr : il y avait là bien plus qu’un simple enfant ! C’était sans aucun doute le roi des rois en face de qui on ne peut que tomber à genoux… non parce qu’on en a peur ou parce qu’on y est contraint… mais parce qu’à sa vue, en sa présence, tout en nous frémit et nous pousse à l’adoration ! En cet instant-là, à genoux devant cet enfant, Gérard eut un sentiment profond de plénitude. Il avait trouvé sa raison de vivre. Il était en paix. Il savait qui il était. C’était bien plus qu’une étoile qu’il avait découvert ! Il avait trouvé la véritable lumière, celle qui transforma à jamais l’obscurité de sa vie en une éclatante et joyeuse marche vers son sauveur !