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Après avoir introduit le sujet de la série dans le précédent post, il convient de définir ce que l’on appelle « miracle ». En effet, le vocabulaire du miraculeux peut être employé de manière assez diverse selon les contextes ou les individus.
Différents usages du mot dans le langage courant
D’un côté, le mot « miracle » peut être utilisé de manière très large. Ainsi, lorsque, lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, l’équipe de Madagascar a atteint de façon inattendue les quarts de finale, les média ont parlé d’un parcours « miraculeux ». D’autres parlent du « miracle de la vie » en contemplant, émerveillé, un bébé qui vient de naître.
D’un autre côté, on a parfois donné une définition du miraculeux extrêmement restreinte.
Ainsi, par exemple, on présente souvent le miracle comme un phénomène « surnaturel ». L’idée de « sur-naturel » est problématique car cela sous-entend que ce phénomène se produit « par-delà » la nature. Compris ainsi, le miracle serait un phénomène qui dépasse les lois de la nature ou qui viole les lois de la nature. Certains philosophes athées ont d’ailleurs utilisé cette définition du miracle pour démontrer que Dieu ne pouvait pas exister. Puisque Dieu est censé être un Dieu d’ordre créateur des lois de la nature, s’il fait des miracles, il en vient à se contredire lui-même.
On le voit bien, l’idée de « surnaturel » est problématique. Il me semble, en fait, qu’elle ne correspond pas à la manière dont la pensée biblique conçoit le miracle. En effet, selon la Bible, il n’existe qu’une seule chose, qu’un seul être, qui soit au-dessus de la nature, au-delà du monde créé : c’est Dieu lui-même. Dieu est le seul être « surnaturel » qui n’ait pas été créé. Par conséquent, le miracle produit par Dieu correspond à l’intervention d’un être surnaturel dans la nature. Cette intervention ne vient pas briser les lois de la nature, puisque c’est Dieu lui-même qui les définit et les met en place.
Le vocabulaire du Nouveau Testament
Afin de proposer une définition du miracle qui correspond mieux aux données bibliques, il me semble intéressant de s’arrêter sur les mots utilisés par le Nouveau Testament pour désigner le miracle.
Dans le Nouveau Testament, il n’y a pas un mot particulier qui correspondrait au concept de « miracle » en français. Dans la traduction populaire protestante française, la Louis Segond, le traducteur a traduit par « miracle » trois mots grecs différents dans le texte original.
- Le premier mot est le mot σημεῖον / sémèiôn que l’on peut traduire par « signe ». Derrière ce mot, on a l’idée d’un acte visible qui pointe vers une autre réalité, souvent invisible. Un peu comme un panneau indicateur qui signale la direction d’une ville que l’on ne voit pas encore. Le miracle est un signe qui pointe vers Dieu, son salut ou son jugement.
- Le deuxième mot est τέρας/ téras que l’on pourrait traduire littéralement par « prodige » ou « merveille ». L’idée derrière ce mot est celle d’un acte surprenant et extraordinaire qui provoque l’étonnement. Un peu comme lors d’un feu d’artifice lorsque la foule fait « ooh », « wouahou »…
- Dans le Nouveau Testament, ce mot n’apparait jamais seul : il est toujours associé au mot σημεῖον / sémèiôn pour former le couple « signes et prodiges ». Dans l’Ancien Testament, l’expression « signes et prodiges » est presque toujours associée aux miracles liés à la sortie d’Egypte. En reprenant cette expression pour se référer aux « signes et prodiges » accomplis par Jésus et les apôtres, les auteurs du Nouveau Testament font donc probablement un lien avec le récit de l’Exode.
- Enfin, le troisième mot, est le mot δύναμις / dunamis qui est toujours au pluriel dans le Nouveau Testament lorsqu’il se réfère aux miracles. On pourrait traduire ce terme par « acte de puissance ». L’idée est celle d’un acte qui témoigne d’un pouvoir ou d’une puissance particulière. Dans la Bible, le miracle témoigne de la puissance de Dieu.
Vers une définition néotestamentaire du miracle
Le vocabulaire du Nouveau Testament permet ainsi d’orienter notre compréhension du miracle. Le miracle est à la fois un signe, un acte extraordinaire et un acte qui évoque la puissance de Dieu. A partir de ces quelques considérations, je vous propose la définition suivante :
Selon le Nouveau Testament, le miracle est un acte extraordinaire qui signale la puissance de Dieu.
La notion d’« extraordinaire » me semble préférable à celle de « surnaturelle ». On évite ainsi le langage de la « nature » et les débats en rapport aux « lois naturelles ». Un tel langage est étranger au vocabulaire biblique du miracle. L’idée est plutôt celle d’un acte qui sort de l’ordinaire, c’est-à-dire qui se produit d’une manière différente dont les choses se déroulent habituellement : on ne voit pas habituellement un aveugle de naissance recouvrir la vue en un instant, ou un mort revenir à la vie.
EngSeng Q.
Très intéressant la définition neotestamentaire du miracle que tu proposes dans ton article Timothée. J’ai hâte de lire la suite de la série !