Sommaire de l'article
- La Bible selon Shora Kuetu (2)
- Petite introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament
- Qu’est-ce que le « Texte majoritaire » ?
- Qu’est-ce que le Texte reçu ?
- Les différences entre le Texte reçu et le « Texte majoritaire »
- « Texte majoritaire » et « texte minoritaire »
- Pourquoi certains estiment-ils que le « Texte majoritaire » est le meilleur texte ?
- Le « Texte majoritaire » ou le Texte reçu sont-ils si différents du texte grec utilisé par les traductions récentes ?
- Une (fausse) idée reçue : la critique textuelle courante ne reposerait que sur deux manuscrits anciens (les codex Sinaïticus et Vaticanus)
- Le « texte majoritaire » n’est pas si majoritaire : Critères scientifiques
- Le « texte majoritaire » n’est pas si majoritaire : Critères théologiques
- Réflexions finales
- Le texte grec du Nouveau Testament qui sert de base à nos traductions modernes est particulièrement fiable, et c’est scientifiquement prouvé !
- Le débat sur la question du « Texte majoritaire » ne devrait pas diviser les chrétiens.
- Pourquoi Dieu a-t-il permis que le texte biblique ne soit pas préservé au mot près ?
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La Bible selon Shora Kuetu (2)
Mon précédent article analysait la « révision » de la Bible proposée par Shora Kuetu, et intitulée « La Bible de Jésus-Christ ». Parmi les raisons avancées par Shora Kuetu pour proposer sa révision de la Bible, on trouve l’affirmation suivante :
"La plupart des bibles modernes les plus diffusées sont basées sur le texte minoritaire comportant une quantité importante de fautes de traduction, d'omissions et de rajouts qui altèrent la compréhension du message et induisent par conséquent le lecteur en erreur." (source ici).
Ainsi, la Bible de Jésus-Christ (BJC) est présentée comme s’appuyant sur le « texte majoritaire » (source ici).
Shora Kuetu évoque ici le débat autour du texte grec du Nouveau Testament dit « majoritaire ». Les partisans du « Texte majoritaire » remettent en cause les méthodes et les conclusions courantes des spécialistes de la critique textuelle : le texte grec du Nouveau Testament élaboré par ces spécialistes serait un texte de moins bonne qualité que leur « Texte majoritaire ». Le débat est particulièrement virulent parmi les évangéliques américains, mais il n’épargne pas totalement les évangéliques francophones. Ces affirmations sont notamment véhiculées par des amateurs plus ou moins « éclairés » via certains sites Internet. Il arrive aussi que certains théologiens évangéliques comme Jean-Marc Berthoud prennent la défense du « Texte majoritaire » (voir un de ses articles ici). Afin de tenir compte du débat, la traduction récente et populaire Segond 21 a choisi d’intégrer à son texte les leçons du « Texte majoritaire » (voir l’explication de l’éditeur ici).
Malgré cet intérêt, il me semble qu’il y a de bonnes raisons d’estimer, avec l’immense majorité des spécialistes, que le « Texte majoritaire » est en réalité plus éloigné du texte original du Nouveau Testament que celui proposé par les éditions critiques actuelles.
Petite introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament
Pour le croyant que je suis, la Bible est la Parole de Dieu faisant autorité pour ma vie. Toutefois, ce sont les manuscrits originaux que les auteurs bibliques (Paul, Pierre, Luc, etc.) ont rédigé qui font autorité, et non pas telle traduction française ou tel manuscrit grec du 10ème siècle. Malheureusement, nous n'avons pas accès à ces manuscrits écrits par Paul, Pierre ou Luc : les manuscrits originaux (ou "autographes") du Nouveau Testament ne nous sont pas parvenus. Nous en disposons cependant de nombreuses copies manuscrites plus ou moins anciennes. Or, quand on compare les divers manuscrits, on constate qu’ils ne sont jamais strictement identiques. La question que se pose tout croyant qui cherche à connaître le texte de "la Parole de Dieu", c'est donc : comment savoir quel était le texte original ?
Cette question n’est pas nouvelle, puisqu’elle préoccupait déjà les Pères de l’Eglise : dès le deuxième siècle, Irénée de Lyon signale des divergences entre des manuscrits du Nouveau Testament dont il a connaissance. Bien que la question du texte original ait parcouru les siècles, c’est essentiellement à partir du 19ème que l’on a commencé à rassembler les nombreux manuscrits anciens du Nouveau Testament disséminés à travers le monde. Ce travail, qui continue jusqu’à aujourd’hui, a permis d’aboutir à une collection de plus de 5000 manuscrits, désormais photographiés et pour la plupart consultables en ligne sur des sites comme celui de l’université allemande de Münster. Certains de ces manuscrits remontent jusqu'au 2ème siècle, mais la grande majorité d’entre eux date de la période qui précède l’invention de l’imprimerie (1300 à 1500 ap. J.-C.). La collecte, la datation, et la comparaison de ces manuscrits donna lieu au développement d’une science que l’on nomme « critique textuelle du Nouveau Testament ».
Le développement de cette science donna lieu à diverses éditions dites « critiques » du Nouveau Testament grec. Ceux qui travaillent à l’élaboration de ces éditions critiques essayent de proposer le texte original le plus probable, « en l’état actuel » des connaissances. L’édition la plus aboutie du Nouveau Testament grec est la 28ème édition du Novum Testamentum Graece de Nestlé et Aland (souvent désignée par le sigle « NA28 »). Le NA28 est un outil de travail : pour chaque problème de critique textuelle, il indique en note les variantes trouvées dans les manuscrits. De telle sorte que l'on peut soi-même se faire son propre avis concernant telle ou telle proposition.
La plupart des traductions modernes du Nouveau Testament se basent sur une édition critique du Nouveau Testament grec.
Qu’est-ce que le « Texte majoritaire » ?
Le « Texte majoritaire » désigne, pour ses défenseurs, le texte grec du Nouveau Testament, tel qu’il est conservé dans la majorité des manuscrits grecs connus. Lorsqu’ils constataient des divergences entre les manuscrits, beaucoup de théologiens anciens préféraient généralement retenir le texte grec le plus courant, le plus connu ou le plus utilisé. Toutefois, la défense argumentée du concept de « Texte majoritaire » est assez récente. Celle-ci s’est essentiellement développée à partir du XIXème siècle en réaction au développement de la critique textuelle. Toutefois, ce n’est qu’en 1982 qu’on assiste à la première édition d’un texte dit « majoritaire », réalisé sous la direction des américains Zane C. Hodges et Arthur L. Farstad. Concrètement, les éditeurs vont comparer les manuscrits connus du Nouveau Testament pour chaque verset : lorsqu’ils constatent une divergence, ils vont, par principe, choisir de suivre le texte retrouvé dans la majorité des manuscrits.
Qu’est-ce que le Texte reçu ?
Le « Texte majoritaire » est parfois confondu avec le Texte reçu (Textus Receptus) qui est le nom donné aux multiples révisions du Nouveau Testament grec d’Erasme (début du 16ème siècle). Le Textus Receptus est un texte grec édité à partir d’une poignée de manuscrits tardifs auxquels Erasme avait accès (le plus ancien datant du 10ème siècle). Erasme a lui-même reconnu qu’il avait réalisé son édition à la « va-vite », à partir des manuscrits qu’il avait sous la main. Toutefois, son édition et ses révisions furent portées par des imprimeurs influents, ce qui explique probablement le succès « commercial » de ce Nouveau Testament grec. Certains réviseurs comme Théodore de Bèze (fin du 16ème siècle) avaient accès à des manuscrits différents et bien plus anciens que ceux utilisés par Erasme. Toutefois, ils n’osèrent pas modifier substantiellement le texte d’Erasme, qui fut considéré assez rapidement comme le texte grec de référence : le texte « reçu par tous ». Le titre de « Texte reçu » ne vient donc pas de ce qu’il serait vu comme ayant été « reçu de Dieu » mais bien dans le sens d’un texte ayant été « bien reçu » parmi les croyants.
C’est le Textus Receptus qui a servi de base aux anciennes traductions protestantes du Nouveau Testament dans la lignée de la Bible de Genève (Martin, Ostervlad, etc.) ou en anglais, à la traduction King James.
Les différences entre le Texte reçu et le « Texte majoritaire »
Le Texte reçu est assez proche du texte de la majorité des manuscrits connus actuellement (« Texte majoritaire »), mais il n’y correspond pas strictement : il y a, selon les décomptes, entre 1000 et 2000 différences sur les quelques 138 000 mots que contient le Nouveau Testament. Ainsi, certaines variantes du Texte reçu ne se retrouvent pas dans le « Texte majoritaire » et sont parfois attestées par très peu de manuscrits. Cela signifie que dans 1000 à 2000 cas, les traductions protestantes anciennes du Nouveau Testament, et la Bible de Jésus-Christ à leur suite, reposent sur un texte « minoritaire » !
Un des exemples les plus connus concerne 1 Jean 5.7-8 :
- La Bible de Martin et la BJC ont : « Car il y en a trois dans le ciel qui rendent témoignage : Le Père, la Parole, et le Saint-Esprit ; et ces trois-là ne sont qu'un. Il y en a aussi trois qui rendent témoignage sur la terre, à savoir l'Esprit, l'eau, et le sang, et ces trois-là se rapportent à un. »
- Alors que les traductions modernes, mais aussi le « Texte majoritaire » ont : « Car il y en a trois qui rendent témoignage : l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois sont d’accord. » (NBS).
La version longue que l’on trouve dans le Texte reçu n’est attestée que par 8 manuscrits grecs, et le plus souvent sous forme de corrections marginales : elle est donc loin d’être majoritaire ! De plus, il s’agit de manuscrits tardifs et peu fiables. Erasme n'a introduit la version longue que dans la 3ème édition de son Nouveau Testament grec, suite aux reproches de ceux qui étaient habitués à lire cette version dans la Vulgate utilisée à l'époque (la version longue n'étant pas présente dans la Vulgate rédigée par Jérôme). Erasme indiqua qu'il n'avait pas trouvé la formule trinitaire dans les manuscrits grecs qu'il avait consultés. On lui fit alors découvrir un codex du Nouveau Testament qui le contenait (le manuscrit 61) : ce codex est généralement daté du début du 16ème siècle, et les spécialistes estiment que la version longue y a été traduite du latin vers le grec.
Les éditions et révisions successives du Texte reçu reposent donc sur une comparaison de quelques manuscrits grecs du Nouveau Testament. Il semble même que pour quelques rares passages (notamment les derniers versets de l'Apocalypse), le texte d’Erasme soit en réalité une rétroversion du texte latin vers le grec !
Notons encore qu’à la différence des défenseurs modernes du « Texte majoritaire », Erasme n’avait pas développé d’argumentation particulière pour défendre son édition : il s’agit avant tout du texte grec qu’il avait sous la main.
« Texte majoritaire » et « texte minoritaire »
Les spécialistes des manuscrits anciens mirent en évidence dès le 19ème siècle que les manuscrits qui représentent le « Texte majoritaire » appartiennent à une famille spécifique de manuscrits que l’on appela « Texte byzantin ». Cette désignation vient du fait qu’on considère qu’il s’agit de la forme grecque du Nouveau Testament utilisée dans l’Eglise de langue grecque de l’Empire Byzantin (celui-ci n’ayant pris fin qu’en 1453).
Selon des critères scientifiques, l’immense majorité des spécialistes de la critique textuelle estime que cette famille de manuscrits est moins fidèle au texte original que d’autres familles de manuscrits. Ces autres familles sont représentées par un nombre bien inférieur de manuscrits, ce qui leur vaut l’appellation de « minoritaires » par leurs détracteurs. Ainsi, lorsque le « Texte majoritaire » diffère du texte d’autres familles de manuscrits, les spécialistes choisissent généralement de suivre le texte « minoritaire ». Par conséquent, lorsque les manuscrits divergent, l’édition de référence (NA28) ne suit presque jamais le « Texte majoritaire ».
Pourquoi certains estiment-ils que le « Texte majoritaire » est le meilleur texte ?
Les défenseurs du « Texte majoritaire » avancent principalement des arguments de trois types :
- Des arguments logiques: il est logique que le texte attesté par le plus grand nombre de manuscrits représente le texte le plus ancien. De plus, le texte dit « majoritaire » est très largement majoritaire : dans la plupart des cas il représente plus de 80% des manuscrits connus.
- Des arguments liés à la provenance des manuscrits: les spécialistes de la critique textuelle estiment généralement que les meilleurs et plus anciens manuscrits sont de type « alexandrin ». Cette désignation, contestée, viendrait du fait que la plupart des manuscrits de cette famille proviendraient de l’Egypte romaine (la région d’Alexandrie). Or, aucun texte du Nouveau Testament n’a été rédigé en Egypte, ni adressé à l’origine à une église d’Egypte : on a un éloignement géographique avec les manuscrits originaux. A l’inverse, le texte « byzantin » provient des régions d’Ephèse, de Corinthe, de Galatie, de Philippes ou de Colosses où furent envoyées des lettres de Paul. De plus, du point de vue évangélique conservateur, les premiers siècles de l’Église égyptienne ont connu plusieurs « hérésies » qui pourraient expliquer que les chrétiens de cette région aient modifié le texte biblique pour le conformer davantage à leur doctrine. Enfin, l’Egypte a un climat plus sec, ce qui peut contribuer à la préservation plus favorable des manuscrits dans cette région.
- Des arguments théologiques : Dieu n’a pas seulement veillé à ce que le texte biblique original soit sa Parole sans erreur, il a aussi veillé à ce qu’elle soit préservée sans erreur au fil des siècles. C’est ce qu’on nomme la doctrine de la « préservation » de l’Écriture. Dans ce cas, comment peut-on dire que 80% des manuscrits grecs présenteraient une version moins fiable du texte original que les quelques pourcents restants ? De plus, comment Dieu aurait-il pu permettre que toutes les traductions protestantes du Nouveau Testament antérieures au XIXème siècle reposent sur un texte grec de mauvaise qualité ?
Le « Texte majoritaire » ou le Texte reçu sont-ils si différents du texte grec utilisé par les traductions récentes ?
Certains défenseurs du « texte majoritaire » ou du Texte reçu semblent convaincu que les éditions critiques du Nouveau Testament, comme celle du NA28, auraient volontairement choisi de diluer certaines affirmations bibliques ou d’introduire des erreurs doctrinales. En effet, le « Texte majoritaire » contient des précisions que l’on ne retrouve pas dans le texte retenu par le NA28. Par exemple, en 1 Timothée 3.16, là où le NA28 propose : « lui qui s’est manifesté dans la chair », le « Texte majoritaire » propose : « Dieu s’est manifesté dans la chair » : on a une affirmation claire de l’incarnation. A d’autres endroits, le « Texte majoritaire » propose un texte un peu plus conventionnel avec la doctrine traditionnelle. Par exemple, en Luc 2.33, le NA28 mentionne « son père et sa mère » au sujet de Jésus, là où le « Texte majoritaire » propose « Joseph et sa mère » : le « Texte majoritaire » cherche à préserver la doctrine de la naissance virginale de Jésus.
Cependant, la théorie du complot développée par certains défenseurs du « texte majoritaire » n’a aucun fondement.
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D’une part, on aurait tort d’accentuer les différences entre les familles de manuscrit. Les différences entre le « Texte majoritaire » et le texte du NA28 ne concernent qu’un tout petit pourcentage du texte du Nouveau Testament. De plus, parmi ces différences, la plupart ne changent absolument rien au sens du verset concerné. Enfin, les quelques différences significatives n’affectent en rien le message général ou la doctrine que l’on peut élaborer à partir de l’ensemble du Nouveau Testament. L’absence de la mention explicite de « Dieu » en 1 Timothée 3.16 ne suffit pas à abandonner la doctrine de l’incarnation : bien d’autres passages bibliques viennent en appui à cette doctrine ! De même, ce n’est pas parce que Luc 2.33 présenterait Joseph comme le père de Jésus que cela nie la naissance virginale de Jésus : celle-ci est affirmée clairement au chapitre précédent (Lc 1.30-35) ! - Contrairement à ce que l’on peut lire dans certains pamphlets, ceux qui adoptent l’approche courante de la critique textuelle ne sont pas tous des athées modernistes francs-maçons voulant détruire le texte biblique ! La plupart des spécialistes de la critique textuelle sont des croyants qui ont beaucoup de respect pour le texte biblique. La plupart des évangéliques qui, comme moi, affirment l’inerrance du texte biblique original, estiment que le « Texte majoritaire » n’est pas un bon témoin du texte original. Parmi les spécialistes évangéliques qui ont écrits sur le sujet, citons Donald Carson, Gordon Fee ou Daniel B. Wallace (voir références en bas de cet article).
Une (fausse) idée reçue : la critique textuelle courante ne reposerait que sur deux manuscrits anciens (les codex Sinaïticus et Vaticanus)
Avant d’évoquer les arguments en défaveur du « Texte majoritaire », je voudrais rectifier une idée reçue que l’on lit fréquemment chez ceux qui critiquent les méthodes courantes de la critique textuelle. Selon ces derniers, les éditions critiques actuelles du Nouveau Testament grec se baseraient essentiellement sur les manuscrits du codex Sinaïticus et du codex Vaticanus ! Certes, il s’agit des deux plus anciens manuscrits complets (ou presque complets) du Nouveau Testament grec (4ème siècle), et par conséquent, ils reçoivent un certain prestige. A la fin du 19ème siècle les travaux de Wescott et Hort mirent en évidence la valeur de ces deux manuscrits. Toutefois, la critique textuelle a beaucoup évolué depuis cette époque ! Ainsi, pour chaque verset, les éditions actuelles répertorient et classent des centaines de manuscrits.
Un travail monumental est actuellement en cours à travers la réalisation de l’Editio Critica Maior du Nouveau Testament : les spécialistes travaillant à l’édition de cet ouvrage prennent le temps de consulter l’ensemble des milliers de manuscrits connus aujourd’hui pour pouvoir proposer ensuite le texte grec le plus probable pour chaque verset. Les résultats de ce travail sont déjà accessibles pour les épîtres dites « catholiques » (Jacques, 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean, Jude) et ont été intégrés au NA28.
Le « texte majoritaire » n’est pas si majoritaire : Critères scientifiques
La critique textuelle est une science en constante évolution : les chercheurs se font souvent une joie de remettre en question les conclusions de leurs confrères. Ainsi, il existe un débat important sur les méthodes de la critique textuelle ou sur la reconstruction de l’histoire des manuscrits. Toutefois, la question du « Texte majoritaire » semble faire consensus : l’immense majorité des spécialistes des manuscrits du Nouveau Testament estime que les manuscrits représentant le « texte majoritaire » proposent un texte grec plus éloigné du texte original que bien d’autres familles de manuscrits. Autrement dit, le « texte majoritaire » serait un des témoins les plus corrompus et les moins fiables pour reconstituer le texte original.
Plusieurs arguments plaident en défaveur du « Texte majoritaire ».
Mentionnons tout d’abord les arguments basés sur les comparaisons des manuscrits existants (ce que les spécialistes appellent la « critique externe »).
La critique textuelle n’est pas une science réservée au texte biblique. Celle-ci est utilisée également pour toute édition moderne d’un texte ancien : qu’il s’agisse des écrits de Platon, de Jules César ou de Flavius Josèphe. Or, une des règles fondamentales pour reconstituer le texte original d’un texte ancien est de ne pas se fier au nombre de manuscrits en faveur d’une variante ou d’une autre. Imaginons que pour un texte donné l’on dispose 10 manuscrits d’une même époque : si 9 de ces manuscrits ont « blanc » là où un seul autre a « noir », les spécialistes ne concluront pas forcément que le texte « majoritaire » est le texte original. En effet, les 9 manuscrits qui ont « blanc » ont très bien pu être copiés à partir d’un même manuscrit qui leur est quasi-contemporain. Alors que le manuscrit qui a « noir » pourrait avoir été copié à partir d’un manuscrit différent et beaucoup plus ancien. Dans ce cas, le manuscrit « minoritaire » aurait bien plus de valeur que les manuscrits « majoritaires » car sa source est historiquement plus proche de l’original.
Le critère de la « quantité » n’est donc pas un critère suffisant : il doit être associé à un critère « d’ancienneté » et surtout à un critère de « qualité ».
La difficulté majeure par rapport au « texte majoritaire » du Nouveau Testament est qu’il est très peu attesté pour les périodes les plus anciennes.
- Le « Texte majoritaire » n’est attesté par aucun manuscrit grec antérieur au 5ème siècle. Nous disposons aujourd’hui de plus d’une centaine de manuscrits grecs du Nouveau Testament datant du 2ème au 4ème siècle. Or, aucun d’entre eux ne contient les caractéristiques typiques du « Texte majoritaire ».
- Les manuscrits grecs ne sont pas les seuls témoins du texte original. Deux autres types de documents sont utiles : les citations bibliques des Pères de l’Eglise ; et les plus anciennes traductions du Nouveau Testament.
- Dès les premiers siècles de l’Eglise, le Nouveau Testament a été traduit en plusieurs langues. On connaît notamment des traductions coptes, latines, syriaques ou éthiopiennes antérieures au 5ème siècle. On imagine mal que les traducteurs n’aient pas choisi le texte grec qui faisait autorité dans l’Eglise de leur époque. De plus, étant donné la répartition géographique de ces traductions, il n’est guère possible de faire valoir l’argument d’une provenance « alexandrine ». Or, aucune des traductions les plus anciennes ne se base sur un texte du même type que le « Texte majoritaire »
- Il en est de même pour les citations des Pères de l’Eglise, disséminés dans tout le bassin méditerranéen : aucun écrit des Pères de l’Eglise antérieur au milieu du 4ème siècle, lorsqu’il cite le Nouveau Testament, n’utilise un texte grec conforme au « Texte majoritaire ».
En résumé, aucun document ne permet d’attester l’existence du « Texte majoritaire » avant le milieu du 4ème siècle, soit plus de 250 ans après la rédaction des textes originaux.
- Si on classe les manuscrits par siècle, le « Texte majoritaire » ne devient réellement majoritaire qu’à partir du 9ème siècle. Pour tous les siècles précédents, le « Texte majoritaire » est en réalité minoritaire parmi les manuscrits connus à ce jour.
Tous ces éléments plaident en faveur du développement tardif du texte grec dit « majoritaire » : si une partie des variantes typiques du « texte majoritaire » semble avoir été introduite par des copistes de la fin du 4ème siècle, ce n’est qu’à partir du 9ème siècle que le « texte majoritaire » devient réellement majoritaire parmi les manuscrits grecs du Nouveau Testament.
A ces arguments s’ajoutent des arguments concernant le type de différences entre les manuscrits (ce que les spécialistes appellent la « critique interne »). Lorsque le « Texte majoritaire » diffère du texte retenu par le NA28, on constate souvent qu’il propose un grec plus facile à lire, qu’il supprime une difficulté théologique ou qu’il harmonise un passage avec un autre passage (pour éviter toute apparence de contradiction). Par endroit, le « Texte majoritaire » propose un texte plus long qui semble avoir additionné les variantes retrouvées dans d’autres manuscrits. Toutes ces caractéristiques sont considérées par les spécialistes comme les traces d’un travail de révision. En effet, on peut comprendre qu’un réviseur ait cherché à améliorer le texte, en supprimant des difficultés théologiques ou ce qu’il estimait comme des incohérences. Par contre, les copistes étant essentiellement des chrétiens, on comprendrait mal qu’un réviseur ait retravaillé le texte pour le rendre plus compliqué, ou plus difficile à comprendre.
Le « texte majoritaire » n’est pas si majoritaire : Critères théologiques
La science évolue : les conclusions ou les méthodes d’aujourd’hui seront peut-être remises en cause par celles de demain. Du point de vue du croyant qui considère la Bible comme Parole de Dieu sans erreur, ce sont certainement les arguments théologiques qui pèsent le plus. Comment Dieu aurait-il pu permettre que sa Parole ne soit pas préservée fidèlement au point que l’immense majorité des manuscrits grecs du Nouveau Testament propose un texte moins fiable qu’une minorité d’entre eux ?
Tout d’abord, je ne pense pas que la Bible affirme que Dieu préservera l’Écriture sainte au point qu’aucune lettre ne puisse jamais en être changée. Les textes bibliques souvent avancés (Ps 119.89 ; Es 40.8 ; Mt 5.17-18 ; Jn 10.35 ; 1 P 1.23-25 ; Ap 22.18-19) évoquent davantage la validité éternelle de la Parole de Dieu plutôt que sa préservation sous une forme écrite exacte au fil des siècles. Ce que la Bible affirme plutôt c’est que les promesses et les avertissements de Dieu contenus dans l’Écriture ne passent pas : ce que Dieu a dit demeure valable.
La « Parole de Dieu » n’est pas tel verset tiré hors de son contexte : ce qui fait autorité pour le croyant c’est la Bible dans son ensemble. Satan lui-même est capable de citer un verset de l’Écriture (Mt 4.6) pour dire quelque chose de faux. Le fait qu’on ne soit pas sûr à 100% du texte original de quelques versets ne devrait donc pas inquiéter le croyant. Dans l’ensemble, les textes bibliques sont très bien conservés, et que l’on suive l’une ou l’autre variante trouvée par les manuscrits, aucune décision n’aura de grande conséquence sur les affirmations essentielles de la Parole de Dieu, prise dans son ensemble.
Deuxièmement, même si on tenait à la doctrine de la « préservation » de l’Écriture, on peut s’interroger sur l’appellation « Texte majoritaire ». En effet, ce que ses défenseurs appellent « Texte majoritaire » n’a jamais été au cours de l’histoire le texte du Nouveau Testament majoritairement utilisé ou lu à travers le monde.
D’une part, ce n’est qu’à partir du 9ème qu’on peut clairement affirmer que le « Texte majoritaire » est majoritaire parmi les manuscrits grecs. Avant cela, il semble plutôt avoir été minoritaire.
De plus, il est important de se souvenir que, si au premier siècle, le grec est la langue commune de l’Empire romain, cela ne resta pas le cas bien longtemps. Dès les 3ème ou 4ème siècle, la majorité des chrétiens ne lisent plus le Nouveau Testament en grec, mais dans une langue qu’ils comprennent mieux : le syriaque, le copte, l’éthiopien ancien, l’arménien ou surtout le latin. Le grec restera utilisé principalement dans l’Eglise de langue grecque et encore aujourd’hui, l’Eglise orthodoxe de langue grecque utilise un Nouveau Testament assez proche du « Texte majoritaire ». C’est de ce milieu ecclésial que proviennent les très nombreux manuscrits qui attestent le « Texte majoritaire ». Cependant, ces chrétiens de langue grecque sont loin de représenter la majorité des chrétiens dans le monde au fil des siècles ! Ainsi, le Nouveau Testament le plus utilisé à travers le monde jusqu’à la Réforme est celui de la traduction latine dite de la Vulgate. On possède d’ailleurs près de deux fois plus de manuscrits latins du Nouveau Testament que de manuscrits grecs. Or, la Vulgate n’a pas été traduite à partir d’un texte grec correspondant à celui du « Texte majoritaire ». Par conséquent, jusqu’à la Réforme, le « Texte majoritaire » n’est pas celui qui est le plus lu ou le plus diffusé.
A partir du 16ème siècle, les réformateurs vont encourager la traduction de la Bible en langue vernaculaire. Pour le Nouveau Testament, c’est le Texte reçu qui va servir de base à ces traductions. Cela sera le cas jusqu’au développement de la critique textuelle au 19ème siècle. Du 16ème au 19ème siècle, c’est donc un texte proche du « Texte majoritaire » qui va être utilisé dans le monde protestant. Toutefois, à cette époque, le protestantisme n’est pas le courant « majoritaire » du christianisme. Or, dans l’Eglise catholique, c’est la Vulgate qui continue d’être utilisée.
Enfin, depuis la fin du 19ème siècle, la plupart des traductions du Nouveau Testament ne suivent pas le « Texte majoritaire ».
En résumé, à aucune époque de l’histoire, le « Texte majoritaire » ne fut réellement la forme du Nouveau Testament la plus lue ou la plus utilisée dans le monde. Si le « Texte reçu » eut un certain succès du 16ème au 19ème siècle parmi le protestantisme, le « Texte majoritaire » ne fut jamais « majoritaire » dans son usage. L’argument de la « préservation de l’Écriture » ne peut donc pas servir de base à la défense du « Texte majoritaire ».
Réflexions finales
Le texte grec du Nouveau Testament qui sert de base à nos traductions modernes est particulièrement fiable, et c’est scientifiquement prouvé !
- Le Nouveau Testament est probablement le texte ancien le mieux conservé : nous avons aujourd’hui à accès à des milliers de manuscrits, dont certains sont particulièrement proches de l’époque du texte original.
- Le Nouveau Testament est probablement le texte ancien dont la reconstitution est discutée par le plus grand nombre de spécialistes.
- Les éditeurs du texte grec du NA28 ne font pas un travail "caché" puisqu'ils expliquent clairement leurs méthodes de travail. Ils sont ouverts à la critique puisqu'ils dialoguent avec les spécialistes à travers le monde, et révisent régulièrement le texte de "Nestlé-Aland". De plus, il est aujourd'hui possible d'aller vérifier soi-même les images de nombreux manuscrits du NT consultés par les éditeurs, car ils ont été photographies et les images sont rendues accessibles en ligne par ceux qui travaillent à l'édition du NA28. On a donc un travail totalement vérifiable par quiconque prendrait le temps de le faire sérieusement.
Ces trois arguments sont, à mon avis, la meilleure réponse à ceux qui pourraient dire que la Parole de Dieu a été falsifiée. Certes, quelques doutes subsistent sur quelques rares versets. Mais dans l'ensemble, nous pouvons dire aujourd'hui : le texte qui sert de base à la plupart de nos traductions est un texte fiable, et c'est scientifiquement prouvé !
Le débat sur la question du « Texte majoritaire » ne devrait pas diviser les chrétiens.
Comme j’ai essayé de le montrer, que l’on retienne le « Texte majoritaire » ou le texte du NA28, les différences ne sont pas si importantes. De plus, elles n’affectent aucunement l’enseignement du Nouveau Testament dans son ensemble. Le choix de l’un ou l’autre texte n’affectera pas nos positions doctrinales !
Même si je considère le texte du NA28 plus proche de l’original que le « Texte majoritaire », les affirmations que l’on retrouve dans le « Texte majoritaire » sont tout à fait cohérentes avec ce qu’on trouve ailleurs dans la Bible. Je ne considère pas le « Texte majoritaire » comme un texte dangereux ou anti-biblique. Je ne considère donc pas le choix du « Texte majoritaire » comme un critère de division avec des frères ou sœurs chrétiens qui préfèreraient ce texte-là.
Par contre, je déplore l’attitude de ceux qui « excommunient » par principe tous ceux qui remettraient en cause l’autorité suprême du « Texte reçu » ou du « Texte majoritaire ». Je ne vois pas l’intérêt de déclarer haut et fort que nos bibles modernes seraient « corrompues ». Je ne comprends pas l’utilité de recourir à la théorie du complot pour dénoncer ceux qui auraient participé à cette « corruption » du texte du Nouveau Testament. Cela, au contraire, me semble discréditer le témoignage chrétien.
Rappelons-nous que les apologètes musulmans reprochent aux chrétiens d’avoir un texte « corrompu ». Il n’est donc pas surprenant que des musulmans reprennent le débat autour du « Texte majoritaire » pour discréditer la fiabilité de la Bible (voir un exemple ici).
La question du « Texte majoritaire » n’a pas lieu d’être une pierre de discorde entre chrétiens. C’est d’ailleurs dans ce sens que la Société Biblique de Genève, à l’origine de la traduction Segond 21, justifie son choix d’intégrer et de signaler les leçons du « Texte majoritaire » :
« La conviction qui sous-tend cette manière de faire? Celle que le lecteur pourra se rendre compte par lui-même que les divergences ne portent pas à conséquence et qu’aucun élément de la foi chrétienne «orthodoxe» n’est remis en cause par elles. Ce qu’un texte dit peu clairement dans une des traditions manuscrites est enseigné plus clairement dans un autre passage, et cela n’empêche pas Dieu de se révéler au lecteur. » (source ici)
Pourquoi Dieu a-t-il permis que le texte biblique ne soit pas préservé au mot près ?
La réalité historique de l’absence de la préservation absolue du texte biblique peut interroger le croyant. Certes, les différences et les incertitudes sont minimes, mais elles existent. Pourquoi notre Dieu a-t-il permis qu’au fil des siècles, on ait perdu la formulation originale d’un verset ou d’un autre ?
Je n’ai pas de réponse toute faite à cette question. Je ne prétends pas connaître la pensée de Dieu sur le sujet. Toutefois, je me demande si notre Dieu n’a pas permis cette situation afin de nous encourager à nous centrer vers le cœur de l’Evangile : l’œuvre de Jésus-Christ.
En tant qu’exégète, je passe souvent beaucoup de temps à m’attarder sur l’étude d’un verset ou même d’un mot particulier. Il m’est souvent tentant de m’embarquer dans des débats et discussions sans fin sur le sens d’un verset donné. Régulièrement, une exhortation de Paul me rappelle à l’ordre : « évite les querelles de mots » ou les « débats absurdes ». Cette exhortation se retrouve dans chacune des trois épîtres pastorales (1 Tim 6.3-5 ; 2 Tim 2.14 ; Tt 3.9). Dans ces trois cas, l’exhortation est mise en rapport avec ce qui doit être au cœur de l’enseignement de Timothée ou Tite : la présentation de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ (1 Tim 6.13-16 ; 2 Tim 2.8-13 ; Tt 3.3-8). Autrement dit, dans leur approche de la Parole de Dieu, Paul encourage Timothée et Tite à ne pas s’engager dans des discussions sans fin autour du sens d’un mot, de détails généalogiques ou de polémiques autour de la Loi. A l’inverse, il les invite à se centrer sur ce qui fait le cœur de l’Evangile : Jésus-Christ. C’est là ce qui est au centre de l’enseignement du Nouveau Testament.
Quelle que soit la version du Nouveau Testament utilisée par les chrétiens au fil des siècles, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ en reste le cœur. Malgré les quelques différences de mots, malgré les quelques imprécisions de certaines traductions, Dieu a fait en sorte que le message qui est au cœur du Nouveau Testament soit préservé. Peut-être a-t-il choisi de procéder ainsi afin de nous encourager à ne pas nous attarder sur tel ou tel mot, mais sur le Verbe incarné : Jésus-Christ !
Si vous souhaitez aller plus loin, voici deux articles de spécialistes défendant un point de vue similaire au mien, en accès libre :
En français : on pourra consulter l’article-interview de Heinrich von Siebenthal, paru dans Théologie Evangélique, et accessible en cliquant ici.
En anglais : un des articles les mieux documentés sur le sujet, est celui de Daniel B. Wallace, « The Majority-Text Theory: History, Methods and Critique », consultable ici.
samuel de bibliorama.fr
Bonjour Timothée, j’ai pris un grand intérêt à lire ta savante étude qui offre le mérite d’être précise et complète. Je réalise en te lisant l’effet que produisent mes avertissements sur la critique textuelle, qui sont devenus sous ta plume « un acte d’excommunication » avec « recours à une théorie du complot ». Tu exagères un peu à la fois mon pouvoir et mes intentions.
Je tiens tout d’abord à signaler que je me désolidarise complètement du site « le vigilant » qui est tenu par un homme anti-trinitaire et impie qui réécrit sa propre Bible et pervertit la Sainte Parole de Dieu. Je trouve spirituellement malhonnête de ta part de me mettre dans le même panier que lui alors qu’au contraire je défends la saine doctrine protestante de nos Aînés pasteurs de Genève et de Hollande.
Je souhaite ensuite préciser un point important que tu sembles minorer en déclarant que « La question du « Texte majoritaire » n’a pas lieu d’être une pierre de discorde entre chrétiens. C’est d’ailleurs dans ce sens que la Société Biblique de Genève, à l’origine de la traduction Segond 21, justifie son choix d’intégrer et de signaler les leçons du « Texte majoritaire » « .
Sache que OUI, la question des textes choisis EST et RESTERA une pomme de discorde entre les biblistes.
en 2001, l’équipe de traducteurs de la société biblique de Genève s’est désolidarisée du travail de la société biblique de Paris qui préparait la NBS. Motif : divergence de points de vue (selon ce qui m’a été dit par téléphone par un responsable suisse). Et c’est à ce moment-là que la décision de créer une segond 21 (qui s’appelait à l’origine NVS, nouvelle version segond) est née du côté helvétique (elle sortira 5 ans après la version parisienne).
quand en 2002, la NBS de Paris a été publiée, j’en ai fait une critique raisonnée et honnête sans aucun a-priori. J’ai jugé sur pièces. Je n’ai jamais parlé de complot, ni excommunié qui que ce soit. J’ai juste relevé le scandale qui consiste à vouloir retirer TOUT le vocabulaire évangélique pour créer une bible de la confusion (La Bible Bayard fera encore mieux quelques mois plus tard).
Maintenant libre à toi d’aimer lire la NBS ou la Bible Bayard. Si tu considères qu’après tout, ce n’est pas si grave que tel ou tel changement apparaisse selon les traductions, tant que la doctrine est saine et sauve…. Ah oui, vraiment ?
est-ce anodin de dire que 1 jean 5:7 ou Matthieu 28:19-20 sont des rajouts venant de la Vulgate ou de mauvais manuscrits ? est-ce un simple détail que Matthieu 24:36, lu dans les versions NA28, autorise à penser que le Fils est inférieur au Père qui seul serait omniscient ? si les différences de pensée biblique que les 10, 20, 50 changements de texte que je signale dans mes études n’ont pas de conséquence sur ta doctrine chrétienne, alors mon travail est certes inutile pour toi.
Mais pour qui oeuvres-tu en venant me reprocher d’avertir les Frères qu’il y a des traductions qui altèrent la pensée biblique ? En me reprochant de crier au scandale quand le mot « évangile » disparaît d’une Bible, tout comme les mots « résurrection », « repentance », « prédication », « péché »…
Cher Timothée, il semble que tu sois très savant, c’est bien, et à travers ta conclusion molle et tiède, que tu sois aussi partisan de ménager la chèvre et le chou : « toutes les traductions se valent tant que Jésus est annoncé ». C’est peut-être la part œcuménique qui te revient, et elle te regarde.
Mais quand tu cherches à me discréditer en me qualifiant de « conspirationniste » et « d’excommunicateur » pour avoir publié depuis 12 ans quelques études bibliques comparatives et argumentées, et que tu finis en disant que tu préfères « refuser les folles diatribes », je trouve que tu es un peu léger.
Cela dit, je te salue fraternellement dans le Beau Nom de Jésus qui est digne de louange pour La Sainte Parole qu’il a su se préserver. Paix du Seigneur.
admin
Bonjour Samuel,
Merci pour votre message. Toutes mes excuses si vous vous êtes senti discrédité ou insulté par mes propos. Je ne vous visais pas particulièrement, et ne citais que votre site en introduction, comme un de ceux défendant le Texte Majoritaire (ou plus exactement, vous concernant, le Texte reçu).
Je note toutefois que votre site qualifie de « New Age » ou d’inspiré par le « diable » ou « l’anti-Christ » les traductions bibliques modernes qui suivent un texte grec du Nouveau Testament qui n’est pas celui du Texte reçu. Connaissant quelques uns de ceux qui ont travaillé à la réalisation de traductions comme la NBS, la TOB ou la Bible du Semeur, je peux vous assurer qu’ils n’ont rien de « New Age » et que ce sont des chrétiens engagés qui ont un énorme respect pour la Parole de Dieu. Leurs choix ne sont aucunement dictés par le désir d’affaiblir la doctrine chrétienne, mais simplement par le souci de traduire le plus fidèlement possible le texte grec le plus proche de l’original dans la langue d’aujourd’hui.
Je ne traite pas de la question de la traduction dans cet article, mais simplement de la question du texte original du Nouveau Testament. J’aborde quelques questions de traduction au sein de l’article précédent sur la « révision » de Shora Kuetu. Et, il est vrai, que je considère que, par exemple, traduire « métanoia » par « repentance » est un contre-sens, ou, au moins, un sens affaibli. En effet, le terme repentance est aujourd’hui compris par la plupart des français dans le sens de « pénitence » ; ce qui implique bien moins qu’un « changement de vie » ! En français courant, l’impératif « changez » est bien plus radical et puissant que « repentez-vous » ! A l’inverse, je ne suis pas fan de la traduction « se réveiller de la mort », là où on traduit habituellement « ressusciter », car j’y vois un excès de littéralisme ; mais, quelques notions de grec permettent de comprendre que le choix des traducteurs n’est absolument pas motivé par une remise en cause de la « résurrection », mais bien par une traduction (trop) littérale du verbe « egeirô ». Je comprends aussi que certains traducteurs aient préféré rendre le sens original de « euaggelion » en le traduisant « Bonne Nouvelle » plutôt qu' »Evangile ». Lorsque le Nouveau Testament a été rédigé, le mot « euaggelion » était un mot grec courant qui ne désignait pas seulement « l’Evangile ». En français, le mot « Evangile » est un mot technique réservé au langage religieux. Toutefois, il est vrai que, dans certains passages, « euaggelion » prend un sens technique pour désigner spécifiquement « la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ », et que traduire « bonne nouvelle » est, pour ces passages, trop faible. Bref, tout cela pour montrer que les questions de traduction sont complexes. Mais, encore une fois, dire que quelqu’un comme Henri Blocher (qui faisait partie du comité de rédaction de la NBS) ait voulu affaiblir la doctrine chrétienne par ses choix de traduction, ce serait très mal le connaître !
Enfin, ceux qui travaillent sur la critique textuelle ne tiennent absolument pas compte des questions doctrinales pour faire leur choix. Ils suivent les règles courantes de la critique textuelle utilisées par les scientifiques pour établir n’importe quel texte ancien (Platon, Hérodote, Josèphe, Diogène, etc.). Par conséquent, s’ils affirment que la version longue d’1 Jean 5.7 n’est pas dans le texte original, ce n’est pas parce qu’ils seraient anti-trinitaires, mais simplement parce que cette leçon n’est attestée par aucun texte grec antérieur à celui d’Erasme. Je crois fermement à la doctrine de la trinité, et je suis convaincu qu’il est impossible de concilier les données bibliques sans parvenir à l’affirmation de la trinité. J’aimerais donc beaucoup que la version longue d’1 Jean 5.7 soit dans le texte original, malheureusement, ce n’est pas le cas. On ne peut pas dire : « cela fait partie du texte original » sur la seule base que cette version est plus intéressante doctrinalement que la version courte. Ou alors, n’importe qui pourrait écrire sa version « améliorée » de la Bible en ajoutant des formules trinitaires un peu partout et dire : « ceci est le texte original, car ma version affirme plus clairement la trinité que les autres ».
Fraternellement
samuel de bibliorama.fr
Merci pour ta réponse courtoise, cher Timothée, et pour tes excuses que j’agrée bien volontiers.
Sache que David Martin a démontré voilà 300 ans (dans « La vérité du texte 1 Jean 5, 7 démontrée » (dispo sur le Livre numérique Google) que 1 Jean 5:7 est bien un verset trinitaire dès l’origine : Erasme l’introduit en 1522 dans sa 3e édition du NT après l’avoir trouvé à Londres dans le Codex Britannicus disparu depuis. Martin retrouve un manuscrit de Dublin du XIe qui a la même leçon que le Britannicus. Martin étudie la Vetus itala qui possède ce verset ainsi que la Vulgate de St Jérome. Martin étudie la traduction Grecque du Concile de Latran de 1215 qui a ce verset trinitaire et qui n’est pas calquée sur la bible latine mais sur un ancien texte grec. il avance d’autres preuves encore.
De toute façon, on viendra dire que les découvertes récentes montrent que les Anciens avaient tort. De même on continuera à avoir dans l’Eglise des enseignants annoncer « une bonne nouvelle » là où d’autres prêcheront la « Parole de Dieu ».
Mais on ne peut pas sortir de cette responsabilité spirituelle du traducteur. Si on se demande pourquoi la Segond 21 diffère autant de la NBS, alors que les exégètes de Paris sont aussi calés que ceux de Genève, on en conclut que le traducteur doit faire des choix qui ont des origines, d’une part, et des répercussions, d’autre part, forcément doctrinales (lire Fougeras dans « foi et vie » de sept 2002).
Nous avons bien senti cette responsabilité quand on a évoqué la « petite » réécriture de la Bible par SK.
Si on croit que le Saint-Esprit, auteur de la Bible, communique la même et unique vérité à ses enfants, alors que le traducteur chrétien travaille à l’écoute du St Esprit ou qu’il se taise, parce qu’il sera plus sévèrement jugé qu’un autre. Et que tout exégète chrétien soit averti que le rationalisme dont est empreint la critique textuelle moderne le conduira tôt ou tard à servir un autre maître que Celui qu’il voulait.
Segond a été intègre et ouvert au progrès de la science dans sa préface de 1880 et il a entraîné malgré lui des générations de chrétiens à prêcher que le Fils n’a pas l’omniscience du Père… C’est triste… Si on laisse faire (Apocalypse 2:20), au prétexte que tous les traducteurs sont intègres, qu’enseignera-t-on aux jeunes convertis dans 30 ans ?
Pour conclure, Timothée, je t’encourage à persévérer sur ton blog fort utile et te remercie pour l’espace de parole que tu m’as donné. Que Dieu te fortifie en Jésus.
Paix du Seigneur.
PS (à enlever pour la publication si tu veux) : Pour toi, cher Timothée, à l’orée de la carrière de ministre que Dieu a placée devant toi, qu’il me soit permis de te conseiller de jouer serré, à cause de Jc 3:1, de renforcer ta piété (sans se moquer emperruqué des prédicateurs qui n’auraient pas ta science de théologien car c’est peu charitable), de fuir le relativisme en discernant les ruses de l’adversaire (un peu de mensonge dans beaucoup de vérité), et d’être conscient du Thékel de Daniel 5:27. Ce sont des conseils de grand frère. Que Dieu te fortifie et te maintienne sur le chemin étroit que certains théologiens quittent en choisissant d’écrire que la Bible est « une » parole de Dieu.
admin
Cher Samuel,
Merci bien pour vos conseils. Je suis bien conscient de la responsabilité de l’enseignant, et j’essaye de laisser le Saint-Esprit « renouveler » mon intelligence pour me guider dans mes recherches ou mes écrits.
Ceci étant dit, un problème se pose lorsque deux personnes, d’autant plus des croyants habités par le Saint-Esprit, ont un avis contraire sur tel ou tel sujet : qui a raison ? Sur quelle base doit-on discerner ce qui est vrai lorsque la Parole de Dieu ne dit rein sur le sujet ? Est-ce celui qui est le plus « saint » qui a raison ? Faut-il alors décerner des notes aux croyants en fonction de leur sainteté ou de leur piété, ou de quoi que ce soit ? Faut-il faire un sondage parmi les croyants et s’en référer à la majorité ?
Dans la pratique, la question du discernement n’est pas si simple, et il me semble que l’on devrait se restreindre de condamner trop sévèrement des croyants qui ne partagent pas notre avis.
La question autour d’1 Jean 5.7-8 en est un exemple. Aucun passage de l’Ecriture ne dit explicitement : « la version longue d’1 Jean 5.7-8 est la bonne et ceux qui pensent le contraire ont tort ». Certes David Martin, probablement un saint homme, a défendu la version longue. Certes, le « Saint Office » romain a déclaré en 1897 qu’il était dangereux de penser autrement. Mais bien d’autres croyants ont défendu la position contraire avant David Martin, à son époque et jusqu’à aujourd’hui. Même les défenseurs du « Texte majoritaire » (qu’on peut difficilement accuser d’être des rationalistes New Age !) ne retiennent pas cette version longue, étant donné qu’elle est fortement « minoritaire » parmi les manuscrits grecs.
Enfin, je ne connais pas les débats internes aux sociétés bibliques. Je note simplement ce que la Société Biblique de Genève indique sur son site :
« Les partisans respectifs du texte reçu, des manuscrits majoritaires et du texte alexandrin s’accusent parfois de retrancher ou au contraire d’ajouter à la Parole de Dieu, et certains se livrent une véritable bataille à coups de «preuves», d’arguments et de contre-arguments. En réalité, aucun des groupes de manuscrits cités ne remet en question les doctrines essentielles de la foi chrétienne, en particulier la double nature de Jésus, son œuvre salvatrice et son retour. Ainsi, la Société Biblique de Genève estime qu’il n’y a aucune incohérence à publier en parallèle, comme elle le fait en allemand, un texte basé sur le Textus Receptus (la Schlachter 2000) et un autre basé sur le texte Nestle-Aland (la Neue Genfer Übersetzung). Elle considère que de telles polémiques sont souvent inutiles et même, parfois, nuisibles à l’annonce de l’Evangile de Christ. »
Bien fraternellement
Eric LISBONNE
Bonjour Timothée,
J’ai découvert votre site fort intéressant via celui de Sébastien Fath, sur lequel je publie parfois quelques commentaires à ses notes.
Au sujet de votre point de vue concernant le terme repentance, que vous développez ainsi ci-dessus (je vous cite) :
« Et, il est vrai, que je considère que, par exemple, traduire « métanoia » par « repentance » est un contre-sens, ou, au moins, un sens affaibli. En effet, le terme repentance est aujourd’hui compris par la plupart des français dans le sens de « pénitence » ; ce qui implique bien moins qu’un « changement de vie » ! En français courant, l’impératif « changez » est bien plus radical et puissant que « repentez-vous » ! »
Je vous suggère en retour et pour exemple qu’en matière juridique (pénale) on parle couramment de « repenti » quant à une personne qui a changé radicalement d’attitude (abandon de la loi du silence ou « omertà » et acceptation de passer aux aveux) après avoir fait partie d’un syndicat du crime organisé de type mafieux et qui accepte désormais de collaborer à l’enquête criminelle, à l’instruction et au procès s’y rapportant. Dans ce contexte, la plupart des gens comprennent bien le concept de repentance en tant que « changement radical de direction dans l’attitude et la mentalité », sans pour autant y attacher systématiquement la notion de pénitence, ce dernier terme étant très connoté à-travers l’histoire du français via le latin classique donc bien sûr la Vulgate de Jérôme de Stridon au début du Ve siècle AD.
Ce qui m’amène à une double constatation, à savoir qu’en matière de traduction, toute solution comporte à la fois des avantages et des inconvénients en proportion variable ; d’une part, la conservation de termes techniques éprouvés par le temps donc connotés dans la pratique s’avère d’une aide précieuse pour pérenniser la précision dans la traduction en se gardant des fluctuations linguistiques trop contemporaines (tendances lourdes, hélas) ; d’autre part, la comparaison entre texte source grec koïnè et texte français décliné en versions françaises littérales, versions à équivalence formelle et versions à équivalence dynamique permet d’enrichir sa compréhension.
Bien sûr, les versions très littérales sont plutôt destinées à des personnes qui côtoient l’Ecriture intimement et depuis longtemps, je le concède. Par ailleurs, il faut tout de même se montrer prudent avec la tendance actuelle à vouloir « adapter », si j’ose dire, le texte biblique aux modes de compréhension de notre époque. Ainsi, je me méfie un peu des tentatives de lecture « diachronique » telles que préconisées par la NBS par exemple. Mieux vaut se doter d’outils externes de lecture, de mon point de vue (atlas, dictionnaires, concordances, encyclopédies, étude rigoureuse de la théologie exégétique, de l’herméneutique), ce qui ne nous dispensera pas de l’effort salutaire à faire justement pour entreprendre soi-même la démarche d’aller vers le texte biblique.
Personnellement, en tant que francophone de naissance, je « fréquente » régulièrement, outre le texte grec, les versions Martin 1744 / 1855, Ostervald 1996, Darby 1885 (et révision BPCBS 2005 du NT), Segond TBS 1888 (Esaïe 55), Segond NEG 1979, Segond 21 2007, Semeur 2000 (je lui préfère cependant la Segond 21 ), Osty 1973 (remarquable au niveau de la qualité de la traduction) ; plus rarement, la TOB en édition originelle de 1976, la NBS 2002 (à laquelle je préfère de loin les Segond 1888 et 1979). Accessoirement, la Authorized Version 1611.
Bien cordialement,
Eric Lisbonne
Mission Chrétienne Evangélique de la Martinique (MCEM, affiliée aux CAEF / Réseau FEF / CNEF)
admin
Bonjour Éric. Merci bien pour votre retour et votre point de vue. La remarque concernant l’usage du mot repenti en français est judicieuse : je n’y avais pas pensé. Bien cordialement.
Marcel
Bonjour
Cette étude est bien faite et bien rédigée…
Certes si on aime le Seigneur et si on a Sa crainte qui donne intelligence et sagesse, la plus part des versions (pas toutes malgré tout…) sont suffisantes pour nous faire connaitre Sa volonté parfaite…
Toutefois il y a des textes entre les versions qui amènent des erreurs et fausses illusions…
Cet exemple est important, parmi d’autres : Romains 8 : 1
Versions Martin, Ostervald, KJV Français, Lausanne, Segond publié par TBS …
Romains 8 : 1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l’Esprit.
Versions Segond, Darby, NIV, etc…
Romains 8 : 1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.
Combien de fois ai-je entendu dire par des Chrétiens : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » sans dire la suite, qui se retrouve d’ailleurs dans les versets qui suivent et cela dans toutes les versions, mais on ne se souvient ou ne connaît que le premier verset que l’on proclame souvent… …
La suite…
5 Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’esprit s’affectionnent aux choses de l’esprit.
6 Et l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’esprit, c’est la vie et la paix ;
7 car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas.
8 Or ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu.
9 Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas.
Dieu vous bénisse
Marcel
admin
Bonjour Marcel,
Merci bien pour votre commentaire.
Concernant la version longue de Romains 8.1, la question n’est pas de savoir si cela nous arrange d’avoir la deuxième partie du verset ou pas ; la question que doit se poser celui qui traduit la Bible, c’est : quel est le texte original ? Certains manuscrits ont la version courte, d’autres, la version longue. Dans ce cas, il y a plus de chances qu’un copiste ait ajouté une précision qu’il ait choisi de retrancher une précision. De plus, comme la version courte est bien attestée par les manuscrits anciens et les versions anciennes de diverses familles, les spécialistes n’ont aucun doute pour retenir la version courte.
Mais comme vous le précisez : il faut lire Romains 8.1 dans son contexte, et le verset 4 a la précision « en nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit ».
Bien fraternellement,
Timothée
Marcel
Bonsoir Timothée
Merci pour ta réponse
Toutefois en relisant bien Romains 8:1 il me semble que la logique de la phrase est plus pour la version longue
En effet :
1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ Jésus, qui marchent, non selon la chair, mais selon l’Esprit;
2 Car la loi de l’Esprit de vie en Christ Jésus, m’a libéré de la loi du péché et de la mort.
Le verset 1 se termine avec « mais selon l’Esprit »
Et le verset 2 commence ainsi : ; « Car la loi de l’Esprit de vie en Christ Jésus… »
Ce qui est une suite logique…
Je préfère la KJV en anglais mais je lis en français la Louis Segond car plus fluide en français , mais en fait je connais bien plus la KJV que j’aime…
Si tu comprend l’anglais, la version anglaise audio de la KJV par Alexander Scourby is so good and in the Spirit !
Fraternellement
Marcel
Marcel
Bonjour
Peux de personnes parle de cette version : La Bible de Lausanne – 1872
NOUVEAU TESTAMENT COMPLET
TRADUIT PAR UNE SOCIETE DE MINISTRES DE LA PAROLE DE DIEU SUR LE TEXTE GREC RECU
J’ai un exemplaire chez moi et j’aime bien cette version.
Une de ses particularités fut par les traducteurs de ne pas traduire deux mots différents en Grec par le même mot en français, mais d’essayer de trouver la meilleure traduction de chaque mot grec par le meilleur mot équivalent en Français
Connaissez vous cette version ?
Fraternellement
Marcel
admin
Bonjour Marcel,
Non je ne connais pas cette version. Je ne connais pas bien les traductions françaises anciennes. J’utilise plutôt les traductions modernes dans la langue française d’aujourd’hui (qui sont en général de très bonne qualité). Si j’ai besoin de vérifier le texte original, je le fais directement dans le texte grec ou hébreu.
Mais je comprend qu’un outil comme celui que vous mentionnez puisse être intéressant pour ceux qui ne lisent pas le grec ou l’hébreu. C’est aussi l’approche des traductions littérales (ou à équivalence formelle) plus récentes comme la Segond 21 ou surtout, la Nouvelle Bible Segond (qui est encore plus littérale que la Segond 1910).
Bien fraternellement,
Guillaume
Bonjour,
J’ai eu l’occasion de pas mal étudier les manuscrits du Nouveau Testament, et je suis récemment arrivé à cette conclusion : les textes alexandrins et byzantins sont les plus mauvais témoins du Nouveau Testament. Le texte occidental, qui est le plus ancien (ses origines remontent au milieu du II° siècle), est vraisemblablement le texte le plus proche de l’original du Nouveau Testament.
Le texte occidental est principalement représenté par les Vieilles Latines (Vetus Latina), et aussi par la Vulgate Latine (dans une moindre mesure), et encore par quelques manuscrits grecs comme le codex Bezae et le codex Washingtonianus (bien que ce dernier ait pas mal de lectures byzantines et alexandrines).
Il me semble erroné de penser que le texte alexandrin est appuyé par les citations des Pères de l’Église, parce que j’ai toujours pu constater que du milieu du II° siècle au milieu V° siècle, c’est bel et bien le texte occidental qui y est le plus représenté.
Par ailleurs, vous déclarez que la Virgule Johannique (1 Jean 5:7) est loin d’être majoritaire. Cependant, elle est bien plus que majoritaire dans la grande masse des 10000 manuscrits latins du Nouveau Testament (tous les codex connus de la Vetus Latina l’ont et la Vulgate Latine l’a aussi).
En addition, son existence dans le texte latin de la Bible est connue depuis au plus tard la deuxième moitié du II° siècle. Elle fût citée par des chrétiens au III° siècle, au IV° siècle, au V° siècle, etc. Toutes les Vetus Latina avaient ce verset ; pourtant, il s’agissait d’une cinquantaine de traductions différentes et indépendantes ; ce qui fait qu’il est très difficile de penser que la Virgule soit une falsification. Elle fût aussi dans la Vulgate Latine, et si toutes les Églises Occidentales ont eu ce verset du II° siècle au XIX° siècle, je ne pense pas que ce soit un hasard.
Les Églises Latines ont toujours eu ce verset. Certains manuscrits de la Peshitta contiennent aussi la Virgule. La Bible Arménienne de l’ouest, traduite au V° siècle, contient la Virgule.
Certains Pères grecs comme Origène et Athanase y ont fait allusion. Sa disparition future des manuscrits grecs est la faute à l’Église Grecque qui l’a probablement retranché lors de l’hérésie du Sabellianisme (III° siècle) ; à moins que ce soit l’empereur Constantin qui ait ordonné son retranchement au début du IV° siècle pour propager l’arianisme.
L’erreur de grammaire en 1 Jean 5:7–8 pour les mss qui omettent la Virgule témoignent également qu’elle a été retranchée au texte.
Fraternellement.
admin
Bonjour,
Merci bien pour vos remarques. Il est vrai que j’ai écrit cet article en consultant essentiellement les introductions anglophones à la critique textuelle (Aland, Metzger). Ceux-ci préfèrent le texte alexandrin au texte occidental. J’ai découvert par la suite que certains biblistes français (surtout catholiques, mais pas seulement) avaient une préférence pour le texte occidental : Christian Amphoux est probablement celui qui a le plus influencé cette approche.
Toujours est-il que s’il y a débat entre le texte occidental et le texte alexandrin, je ne connais pas beaucoup de spécialistes qui favorisent le texte byzantin !
Concernant la version longue d’1 Jean 5.7-8, celle-ci est évidemment bien attestée par les manuscrits latins. Quand je dis qu’elle n’est pas « majoritaire », c’est dans le sens des défenseurs du « Texte Majoritaire », qui ne s’intéressent qu’aux manuscrits grecs.
Toutefois, il semble que les attestations latines les plus anciennes n’ont pas la version longue. Metzger explique que les plus anciennes attestations des Vieilles Latines ne l’ont pas (chez Tertullien, Cyprien ou Augustin), et que les plus anciens manuscrits de la Vulgate ne l’ont pas (ce que confirme l’édition critique de la Biblia Sacra Vulgata). Metzger dit que la version longue n’est attestée en latin que dans un traité du 4ème siècle, et qu’elle va se répandre ensuite largement à partir du 5ème et 6ème siècle (y compris dans les manuscrits des Vieilles Latines de cette époque).
Il dit, quant à lui, que la version longue est absente de toutes les versions anciennes (en dehors du latin).
Enfin, il est étonnant que les Pères grecs ne citent pas la version longue.
Fraternellement
Guillaume
Merci de votre réponse.
Metzger dit plusieurs choses inexactes, parce que :
– il n’est pas correct de dire que Tertullien, Cyprien et Augustin n’avaient pas la Virgule, puisqu’ils y ont fait allusion — on attribue souvent à tort leurs allusions à une extrapolation du v. 8, car celui-ci ne permet pas d’y voir les trois attributs de Dieu
– comment au IV° siècle Athanase d’Alexandrie aurait-il pu faire allusion à la Virgule si elle n’existait pas dans sa Bible Grecque ?
– la Bible Arménienne, traduite au V° siècle, a la Virgule ; or, d’après les spécialistes, elle fût traduite depuis le grec ou le syriaque (araméen), pas depuis le latin !
– bien que le codex le plus ancien de la Vulgate n’a pas la Virgule dans le texte de l’épître de Jean, ce codex mentionne la Virgule dans la préface aux épître catholiques. Cette préface s’adresse au pape comme une plainte, disant que le traducteur de l’épître a été de mauvaise foi en omettant la Virgule ; et cette préface a été écrite très probablement par Saint Jérôme (ce dernier n’est l’auteur que des 4 Évangiles du Nouveau Testament de la Vulgate ; les autres livres du NT ne lui doivent rien)
– à partir du IX° siècle la Vulgate a la Virgule dans 1 Jean 5 ; or, jusqu’au IX° siècle la Vetus Latina était toujours utilisée parmi l’Église Catholique, ce qui fait que cette Église n’a jamais eu l’absence de la Virgule Johannique dans leur Bible
– j’ai pu lire sur plusieurs sites internet, tant en Anglais qu’en Français, que Tatien le Syrien a cité la Virgule vers 150 ap. J.-C. (or, sa Bible était en Araméen, pas en Latin). S’il a cité ce verset vers l’an 150, cela devait être une bonne lecture
– tous les manuscrits grecs qui omettent la Virgule ont comme par hasard une erreur de grammaire entre les versets 7 et 8. Si l’on replace les mots contestés, cette erreur disparait. On voit donc que la Virgule a été retranchée
– la Peshitta araméenne, qui est une version ancienne, attestée aujourd’hui par des manuscrits du V° au VII° siècle, a la Virgule. Or, elle n’a pas été traduite depuis le latin !
– il est peu crédible que Prisicillien aurait inventé la Virgule (au IV° siècle) et que toutes les Églises Latines sans auraient suivies cet hérétique dont ses écrits étaient si peu connus
– les différentes Vetus Latina ont des mots différents pour la Virgule, et parfois des syntaxes différentes, ce qui montre qu’il s’agit de plusieurs traductions différentes d’un texte écrit en une autre langue
– le texte grec à lui seul ne permet pas d’en conclure que la Virgule Johannique est une falsification. Un seul type de témoin ne vaut rien.
– la première épître de Jean a été rédigée à l’origine en araméen, pas en grec
– les quatre principales Églises (Catholique, Syrienne, Protestante et Orthodoxe) ont ou ont eu la Virgule Johannique dans leurs Bibles
– l’absence de citation de la Virgule Johannique par les Pères grecs lors du concile de Nicée au IV° siècle révèle qu’ils n’avaient pas ce verset dans leur Bible, et non pas son inauthenticité
– le plus ancien témoin grec de la première épître de Jean date du milieu du IV° siècle, ce qu’il fait qu’il y a un fossé de plus de 2 siècles et demi entre l’original de l’épître et son plus ancien témoin grec
– le codex Vaticanus a un symbole de suspension dans la marge de 1 Jean 5:7, 8 ; ce symbole date d’à peu près la même époque que la rédaction du manuscrit, et signifie qu’une lecture alternative est connue pour ce passage (ce même symbole se trouve sur la page qui omet Marc 16:9–20)
– si la Virgule a été retranchée des manuscrits grecs byzantins tôt (vers le III° ou IV° siècle), il est évident que beaucoup de traductions effectuées par après et depuis ce type de texte omettent la Virgule
– enfin, on a retrouvé la Virgule Johannique dans la Bible des Vaudois — or, celle-ci a été traduite entre l’an 120 et l’an 157 depuis les manuscrits originaux de l’Église d’Antioche, et ne s’est jamais mélangée avec les autres Vetus Latina, ni avec la Vulgate
J’ajoute aussi que la Virgule Johannique contredit parfaitement le dogme de la trinité (il suffit de connaître au moins un peu le latin pour s’en apercevoir). Elle ne peut donc pas être un ajout effectué par des trinitaires.
Fraternellement
admin
Merci pour ces remarques.
Metzger est un spécialiste reconnu, et il affirme que la Peshitta ou la traduction Arménienne n’ont pas la version longue. Avez-vous consulté les images des manuscrits ou les textes que vous citez ou est-ce des informations que vous avez trouvé dans un ouvrage de référence ?
Auriez-vous les références exactes des textes de Tertullien, Cyprien, Augustin, Athanase ou Tatien qui citent 1 Jn 5.7 ?
Je ne comprend pas votre référence à la Bible des Vaudois « traduite entre l’an 120 et l’an 157 » : je ne connais que les Vaudois, disciples de Pierre Valdo (12ème siècle). Enfin, je doute fortement qu’1 Jean ait été écrit à l’origine en Araméen.
Guillaume
Certains codex de la Peshitta contiennent la Virgule, par exemple le codex Harklean (VII° siècle). C’est ce qu’on peut lire souvent sur le web. De plus les Bibles de Lamsa et de Murdock, qui sont des traductions de la Peshitta, ont la Virgule Johannique.
Concernant les allusions de Tertullien, Cyprien et Augustin, on peut les lire par exemple ici :
http://www.kjvtoday.com/home/the-father-the-word-and-the-holy-ghost-in-1-john-57
D’après des témoignages, le livre « New Age Bible Versions » de G.A. Riplinger indique que Tatien aurait cité ce verset vers l’an 150.
Le Réformateur Théodore de Bèze, qui a rencontré des Vaudois et échangé avec eux (de même que Guillaume Farel), a déclaré que l’Église Italique (qui sera nommée plus tard l’Église Vaudoise) a été fondée en l’an 120, et que leur Bible a été traduite pas plus tard que l’an 157.
John Wesley a affirmé que l’on faisait souvent l’erreur de faire démarrer les Vaudois avec la prédication de Pierre Valdo, et que les Vaudois étaient bien plus anciens à cela.
Source : http://www.christianforums.com/threads/the-truth-as-to-why-the-waldensians-were-persecuted-by-the-roman-catholic-chruch.7872750/#post-67254433
Les apôtres Pierre, Jean et Matthieu ne connaissaient pas le grec. Par contre ils parlaient l’araméen (langue officielle d’Israël à l’époque de Jésus-Christ). Les seuls apôtres qui ont pu écrire des livres du NT en Grec sont Paul et Luc, parce qu’ils étaient instruits.
De plus, le texte de la Peshitta est plus riche pour certains livres du NT que le texte grec, et contient des jeux de mots et des double-sens dans les Évangiles.
Jean-François Champollion, qui était un érudit, considérait le texte araméen des 4 Évangiles comme étant l’original.
De surcroît, on peu voir que le texte grec de l’Apocalypse est une traduction du texte araméen, car :
– dans Apocalypse 1:5 (ou 1:6), certains manuscrits grecs ont “lavé”, tandis que d’autres ont “délivré”. Ce sont deux mots différents en grec, mais en araméen, c’est un seul et même mot pour désigner les deux.
– dans Apocalypse 15:3, beaucoup de manuscrits grecs disent “Roi des âges”, tandis que d’autres disent “Roi des nations”. Or, en grec, ce sont deux mots différents, tandis qu’en araméen c’est un seul et même mot.
On voit donc là qu’il y a eu deux traductions grecques d’un même texte araméen/syriaque pour l’Apocalypse, rédigée par Saint Jean.
admin
Merci pour le lien vers les différentes sources. J’avoue ne pas être très convaincu par la manière dont ils interprètent les citations les plus anciennes : en première lecture, j’ai plutôt l’impression qu’elles appuient la version courte.
Personnellement, je suis assez méfiant des informations qu’on trouve sur les forums : vous y trouverez tout et son contraire, y compris les hypothèses les plus farfelues soutenues par des discours pseudo-savants. Il convient de toujours vérifier les sources, et de vérifier qu’elles sont pertinentes (ce n’est pas parce que des Vaudois du 16ème siècle affirment que leur Bible a été traduite en 157 que c’est vrai : d’un point de vue historique, cela fait beaucoup trop d’écart entre la source et l’événement qu’elle relate).
Enfin, le grec était la langue commerciale de l’Empire Romain. Des pêcheurs de Galilée pouvaient très bien la connaître. De plus, leurs écrits bibliques ne sont pas des écrits de jeunesse. Il serait étonnant que Jacques ou Pierre, en tant que responsables de l’Eglise primitive n’aient pas développés leurs connaissances en grec. De même, Jean a écrit l’Apocalypse à la fin de sa vie. De plus, que ce soient les lettres de Pierre ou l’Apocalypse, ces textes sont adressés premièrement à des églises de langue grecque : cela aurait été plus que surprenant qu’elles aient été écrites en Araméen !
Pour l’exemple d’Apocalyspe 1.5 : la différence entre les deux mots en grec tient à un petit « o » ; il est donc très probable qu’il s’agisse d’une erreur de copiste (d’autant que les deux expressions ont du sens). De même, pour Apocalypse 15.3, la leçon « roi des âges » est expliquée par les spécialistes sans avoir besoin de recourir à un texte araméen.
Guillaume
De rien.
Je vous remercie d’avoir prêté attention à mes commentaires.
Je ne tient pas toutes ces informations des forums. Je vérifie autant que possible les sources.
Les arguments en faveur de 1 Jean 5:7 version longue sont bien plus nombreux et me semblent bien plus solides que les arguments en sa défaveur.
La plupart de ceux qui discréditent la Virgule Johannique utilisent le mensonge, preuve qu’ils sont animés de l’esprit de l’antichrist et non du Saint-Esprit.
La plupart des chrétiens tiennent la Virgule pour authentique. Et si Érasme de Rotterdam a fini par l’ajouter au Texte Reçu, malgré sa résistance, c’est là la Providence.
Le concile de Constantinople de 1904 a dû avoir de bonnes preuves de l’authenticité de ce verset pour l’insérer dans leur texte officiel malgré la si faible crédibilité de la Virgule Johannique vis-à-vis des manuscrits grecs. En effet, le texte grec officiel du Nouveau Testament de l’Église Orthodoxe a été réalisé lors du concile de Constantinople en 1904. Puisqu’ils ont mis la Virgule dans leur texte officiel, alors que pendant de nombreux siècles leurs manuscrits l’omettaient, c’est qu’ils doivent savoir quelque chose et qu’ils ont dû avoir quelque chose à se reprocher, sinon, pourquoi auraient-ils mis la Virgule dans leur texte alors que les manuscrits grecs Byzantin sont presque tous contre la Virgule ? De surcroît, rien n’a été fait au hasard lors de la fixation de ce texte. Ils ont fait de très grandes recherches pour retrouver un texte au plus proche de l’original. Puisque ce concile a retenu la lecture de la Virgule et l’a placé dans le texte officiel, malgré toute la masse de manuscrits Byzantin contre la Virgule, c’est qu’ils ont dû avoir des preuves solides qu’ils s’agisse d’une bonne lecture.
Je vous suggère de lire en entier l’article de KVJ Today, qui est très bien fait (les recherches ont vraiment été creusées sur le sujet, rien n’a été écrit au hasard, et tout tient la route).
Même si l’apôtre Jean a appris le Grec, vu que sa langue maternelle n’était pas le Grec, je le vois très mal écrire l’Apocalypse en Grec en direct de la vision.
L’explication des spécialistes sur les variantes de Apoc. 15:3 n’est pas forcément la meilleure. Même si la variante grecque « roi des âges » a été remplacée par « roi des nations » pour mieux coller au contexte du chapitre 15, il n’en demeure pas moins que le texte araméen a ces double sens, et que l’explication de ces deux variantes est certainement plus logique si l’on part du principe d’un original araméen.
D’ailleurs, à ma connaissance, pas mal de variantes grecques ne s’expliquent que si l’on part du principe qu’il y a eu un original araméen.
Des experts linguistes comme George Lamsa étaient persuadé que la majorité du Nouveau Testament avait été écrit en Araméen. En comparant les textes grecs au texte araméen du NT, il leur a semblé évident que les textes grecs étaient une traduction du texte araméen, du moins, pour les Évangiles.
Il est aussi connu que vers le début ou milieu du II° siècle, Papias déclara que l’Évangile selon Matthieu avait été rédigé en langue hébraïque. Cette parole de Papias fût rapportée par Irénée de Lyon, mais aussi par Eusèbe, et d’autres Pères de l’Église il me semble.
Marc
« je te loue oh Père de ce que tu n’as pas révélé ces choses aux sages et au intelligent mais aux petits enfants ».
Je suis convaincu que Dieu veille sur sa parole, la majorité des versions (hors TJ…) nous présente la vérité nécessaire à notre salut et à notre affranchissement. La vie chrétienne est une vie essentiellement pratique (adoration, service, évangélisation) et le chrétien ne doit pas forcement passer sa vie à faire une étude linguistique de la Bible. Permettais moi cher frère d’avoir une approche beaucoup plus simple, qui je pense est celle de la majorité des chrétiens. Cela dit je n’ai absolument aucun jugement sur les chrétiens qui désirent se référer à l’original à tout prix….
Benjamin
Merci Timothée pour cet article très complet, qui n’est pas nouveau mais que je viens de découvrir. Je l’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Que le Seigneur t’encourage à son service !
admin
Merci Benjamin pour les encouragements !
non complet
De manière étonnante, vous citez wescott et Hort, Aland , Metzger et pourquoi pas Burgon ? Vous parlez du travail de Hodges et Farstad Ces nouvelles éditions « majoritaires » ne sont pas basées sur de nouvelles collations de manuscrits mais dérivent du travail de Von Soden et de Hoskier. Le gros du travail de Von soden est centré sur 414 manuscrits…on est loin des 5555. Hodges et Farstad n’ont pas pris en compte 2343 lectionnaires, et n’ont pas pris en compte les pères de l’église. Le résultat de Burgon sur 86000 citations des pères de l’église donne un avis en faveur de textus receptus . Introduisez les argument de Burgon dans votre exposé, non ?
quand à 1 Jean 5:7-8 quoiqu’en dise Metzger ..il y a un probleme qui se pose à supprimer les mots entre crochets. Comment les 3 noms neutres Esprit eau et sang sont traités avec le genre masculin au verset 8 (« ces trois (masc.) sont un ») par contre la Parole et le Père sont masculin en genre…
vous dites : » La réalité historique de l’absence de la préservation absolue du texte biblique peut interroger le croyant » mais à quoi sert l’inspiration des Ecritures sans sa préservation ? Vous vous trompez peut être de « réalité historique » si votre réalité historique vous la prenez chez des auteurs qui inventent l’histoire commes Wescott et Hort avec leur « theory of recension » pour le texte syrien entre 250 et 350…Pourriez vous m’indiquer une seule citation de Metzger ou il confesse sa foi en Jésus Christ ?
Cela ne vous trouble pas ?
salutations cordiales,
j
admin
Bonjour,
Mon article est très certainement incomplet en effet. Mais il me semble suffisamment long pour un article de blog qui ne peut tout dire et tout citer sur le sujet.
Je ne connaissais pas James William Burgon. A vrai dire, il existe des centaines d’éminents spécialistes de la critique textuelle qui ont publié des centaines d’ouvrages sur la critique textuelle (sans parler des milliers d’articles). Il est donc difficile de tout connaître et de tout citer. En cherchant un peu, il semble que le travail de J. W. Burgon soit difficilement vérifiable étant donné que sa liste de citations patristiques n’a pas été publiée. Par conséquent, il n’est pas étonnant que les spécialistes postérieurs ne puissent en tenir compte. De plus, le seul article académique que j’ai trouvé à ce sujet montre que son travail se révèle peu fiable (voir http://www.etsjets.org/files/JETS-PDFs/38/38-4/38-4-pp519-530_JETS.pdf).
Au passage, tous les ouvrages et articles académiques actuels traitant d’un problème de critique textuelle tiennent compte des citations des textes patristiques (ne pas le faire serait une faute académique). De plus, ces textes sont bien plus facilement accessibles qu’à l’époque de Burgon.
Concernant l’article masculin pour désigner les noms neutres (esprit, eau et sang), il s’agit peut être d’une personnification des « témoins ». Toujours est-il que l’ajout proposé par le Texte Reçu ne règle aucunement le problème : l’emploi de l’article masculin pluriel est employé au verset 8 (du texte reçu) pour désigner les noms neutres « esprit, eau et sang » (à moins que vous pensiez que l’eau et le sang désignent le Père et la Parole ?).
Concernant « la réalité historique de l’absence de préservation absolue… » je pense que le texte du NT a été préservé mieux que n’importe quel autre texte de l’antiquité. La parole de Dieu nous est accessible de manière particulièrement fiable.
Malgré cela, il est impossible d’être sûr à 100% du texte original au « iota » près. Je ne base pas cette affirmation sur Wescott & Hort (que je n’ai jamais lu, par ailleurs) mais sur ce que je vois quand je compare les manuscrits et témoins du texte biblique (et ce que constatent des centaines d’autres spécialistes).
Concernant la foi de Metzger, une rapide recherche sur Internet m’a permis de tomber sur cette Interview (http://ho-logos.blogspot.fr/2009/02/canon-textual-criticism-and-more-with.html) qui se conclut ainsi :
« As we stood, I thanked Dr. Metzger for his time and expertise. He smiled warmly and offered to walk me downstairs. I didn’t want to consume any more of his Saturday afternoon, but my curiosity wouldn’t let me leave Princeton without satisfying myself about one remaining issue.
« All these decades of scholarship, of study, of writing textbooks, of delving into the minutiae of the New Testament text-what has all this done to your personal faith? » I asked.
« Oh, » he said, sounding happy to discuss the topic, « it has increased the basis of my personal faith to see the firmness with which these materials have come down to us, with a multiplicity of copies, some of which are very, very ancient. »
« So, » I started to say, « scholarship has not diluted your faith- »
He jumped in before I could finish my sentence. « On the contrary, » he stressed, « it has built it. I’ve asked questions all my life, I’ve dug into the text, I’ve studied this thoroughly, and today I know with confidence that my trust in Jesus has been well placed. »
He paused while his eyes surveyed my face. Then he added, for emphasis, « Very well placed. »
non complet
Vous écrivez « il semble que le travail de J. W. Burgon soit difficilement vérifiable étant donné que sa liste de citations patristiques n’a pas été publiée » Par conséquent, il n’est pas étonnant que les spécialistes postérieurs ne puissent en tenir compte. » la faute n’en est pas à Burgon puisque celui ci a compilé 86589 citations des pères de l’Eglise et qu’elles sont au British museum . Pourquoi cela n’a pas été publié ? posez vous la question s’il vous plaît, à qui cela profite à votre avis ? N’est ce pas le British museum qui abrite le codex sinaiticus pilier de la critique textuelle ? Dans son ouvrage the revision revised Burgon cite ses references patristiques. je vous voir venir maintenant sur le champ de la méthodologie de Burgon et c’est parti pour un autre tour…tout cela occupe…Vous parlez d’ajout dans le texte reçu avec quelles preuves ? vous croyez donc comme Hort à la théorie sans fondement historique, (ni archéologique) qu’il y a eu ajouts au 2 ou 3 ème siècle de bout de versets à droite à gauche imposés par des leaders de l’église d’antioche suivie par une autre revision un peu plus tard ? non tout cela n’est pas scientifique. Je vois que vous n’avez pas compris l’argumentation concernant 1 Jean 5:7-8 c’est simple pourtant.La « foi » de Metzger ne fait aucun doute pour vous, pour lui la génèse contient des mythes et non un récit littéral, pour lui les auteurs sont de « grands artistes créatifs » pour lui les livres de Moise derivent d' »une matrice de mythes de legendes et d’histoires qui sont apparus à l’époque de David et Salomon » mais qui « sous une forme modifiée firent partie de l’Ecriture » (ref New Oxford Annoted Bible) il ne croit pas que Moise a écrit les livres qui lui sont attribués contrairement au Christ lui même. Alors la question se pose : en quel Jesus croit il ?
cordiallement
J
Corneille KIBUKA K. N.
C’est inéressant. J’y reviendrai.
Raymond Houle
Bonjour, il peut aussi être possible, seulement par le discernement du texte biblique lui-même, de savoir si une portion du texte biblique a été dans le passé un ajout ou un retrait. Voici un exemple ci-dessous que j’ai copié/collé à partir du logiciel biblique « Biblati » gratuit (disponible aussi sur http://www.bible2000.net).
Les Variantes :
Dans l’ensemble des manuscrits grecs du N.T. que l’on possède aujourd’hui, on y retrouve des variantes, c’est-à-dire des différences de certains mots qui existent d’un manuscrit à l’autre. Ces variantes sont très minimes en comparaison de l’ensemble. Par exemple, ces variantes peuvent avoir été, lors d’une copie, le résultat de mots oubliés. Cela peut aussi avoir été des mots ajoutés volontairement au texte précédent pour tenter de l’expliquer, des notes explicatives venant d’un copiste antérieur qui auraient été ajoutées dans la marge du texte grec. Ce qui fait que plus tard, un autre copiste les aurait échangées ou ajoutées par erreur au texte biblique lors de sa copie. Le copiste ultérieur aurait donc ajouté ces notes en pensant soit qu’elles étaient des mots que le copiste antérieur avait oublié d’insérer dans le texte biblique, ou bien soit que ces mots dans la marge étaient une correction de certains mots dans le texte biblique.
Voici un exemple d’une variante en « 1 Jn 5.7,8 ». Certaines versions ajoutent les mots suivants qui sont entre crochets:
1 Jn 5.7,8: « Car il y en a trois qui rendent témoignage [dans le ciel: le Père, la Parole et l’Esprit-Saint. Et ces trois sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre:] l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois sont d’accord. »
Ce texte entre crochets ne se trouve dans AUCUN manuscrit grec datant d’avant le 15e siècle. Les deux seuls manuscrits grecs qui contiennent cette variante en « 1 Jn 5.7,8 », sont du 15e et du 16e siècle.
Il est évident que ces mots entre crochets n’existaient pas à l’origine, car ils dénaturent le contexte. Ce verset doit donc être conservé comme ceci (selon les plus anciens manuscrits grecs):
1 Jn 5.7,8: « Car il y en a trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois sont d’accord. »
Dans ses deux premières éditions du N.T. grec imprimé en 1516 et en 1519, Érasme ne fit pas figurer cette variante, mais il l’ajouta dans sa troisième édition en l’an 1522, d’où cette variante passa dans la troisième édition du texte grec de Robert Estienne en 1550, qui devint le « textus receptus » (« texte reçu »).
Avec raison, « J.N. Darby » dit ceci de cette variante que certains ajoutent en « 1 Jn 5.7,8 »: « Ces mots, comme chacun sait, ont été introduits ici sans que l’autorité des manuscrits vienne aucunement les appuyer. »
Le « Texte Reçu » contient d’autres variantes de mots ajoutés qui ne figurent pas dans les plus anciens manuscrits grec du « N.T. ». En voici trois exemples:
1- les mots « et par le jeûne » en « Marc 9.29 » ont été ajoutés,
2- le verset au complet de « Mt 17.21 » a été ajouté (« Mt 17.21: Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. »). Or, Jésus contredit ce verset ajouté en disant en « Marc 2.18-19 » que les disciples NE PEUVENT PAS jeûner tant que Jésus était avec eux, tant qu’il ne serait pas enlevé pour être mis à mort.
3- la 2e partie (entre crochets) de « Romains 8.1 » a été ajoutée (« Romains 8.1: Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ [ lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l’Esprit ]. ». Il est bien évident que ces mots entre crochets, qui n’existent pas dans les plus anciens manuscrits, ont été ajoutés, car « Romains 8.1 » est la suite de « Romains 7.6 »; ces deux versets contiennent le mot « maintenant » et nous ramènent ainsi au présent d’un croyant en Jésus. Car « Romains 7.7b à 7.25 », se référant au passé d’un homme sous la loi, est simplement une réponse explicative à la question du verset « Romains 7.7a » (« Romains 7.7a: …La loi est-elle péché? … »). Paul, en donnant un exemple des 10 commandements (« Romains 7.7 »), explique donc pourquoi cette loi a été enlevée. Ainsi, « Romains 7.25 » est la conclusion de cette réponse explicative donnée dans « Romains 7.7b à 7.24 ». On comprend maintenant que la « condamnation » mentionnée en « Romains 8.1 » nous a été enlevée une fois pour toutes, non sur la base de notre « marche » actuelle, mais sur la base de notre « position » en Jésus dont « Romains 7.4 à 6 » explique : par sa mort, Jésus a subi notre « condamnation » une fois pour toutes (« Romains 8.33-34 »); nous sommes morts par Sa mort et maintenant le croyant est en Jésus dans le ciel (Colossiens 2.20; 3.1-3) parce qu’il est « UN » avec Lui. Le 1er mari (Jésus avant sa mort qui a donné la loi au Sinaï : « Néhémie 9.13 »; « Actes 7.35 »; « Jean 1.1, 14 »; « Romains 7.2-3 ») est mort (sa loi a donc pris fin avec Lui : Romains 10.4), et le 2e mari (Jésus ressuscité : « Rom 7.4 ») donne l’Esprit promis (« Rom 7.4 »; « Éphésiens 1.13) pour produire du fruit en nous (« Jean 15.1-5 »). Donc la loi ne nous condamne plus, car par la mort nous avons été dégagés de cette loi (« Romains 7.4 ») afin que nous puissions désormais marcher par la Vie de l’Esprit en nous et non pas selon la lettre de la loi (« Romains 7.6 »; « 2 Corinthiens 3.3 ») qui appartenait à l’Ancienne Alliance (« Exode 34.28 »; « Hébreux 8.7 »; « 2 Corinthiens 3.6 »). C’est donc uniquement par l’Esprit que nous pouvons désormais accomplir la « JUSTICE » dont la loi témoignait sous l’Ancienne Alliance (« Romains 8.4: …afin que la JUSTICE de la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit »).
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Le « texte reçu » a servi de base, par exemple, pour:
– la « Version autorisée de 1611 » (la version du roi Jacques: « Authorized King James Version »),
– la version « Martin 1744 », etc.,
– la version « Osterval 1867 », etc.,
– la version « BJC 2014 » (« Bible de Jésus-Christ 2014 »), etc.,
– « Olivétan », « Bible de l’Épée », « Bible de Genève », etc.
Parmi les versions bibliques qui ne se basent pas sur le « Texte Reçu », il y a par exemple:
– la bible « J.N. Darby » (considéré par plusieurs comme étant la plus précise et littérale en français),
– la bible « Segond » (grandement utilisé dans le milieu protestant),
– la bible « Jérusalem »(utilisé dans le milieu catholique et protestant),
– la bible « TOB » (« Traduction œcuménique de la Bible », utilisé dans le milieu catholique et protestant),
– etc.