En cette période de Noël, je vous laisse cette relecture très personnelle d’un récit bien connu. Il s’agit d’une histoire destinée à être lue à haute voix, initialement écrite en 2010 pour un culte de Noël.
L’Evangile de Matthieu nous présente l’histoire incroyable de mages venus d’Orient qui, guidés par une étoile, vont venir adorer Jésus qui vient de naître.
On dit souvent que les mages étaient trois et que leurs noms étaient Gaspard, Balthasar et Melchior. Mais, la Bible ne dit pas combien ils étaient : peut-être étaient-ils 2, peut-être étaient-ils 352… qui sait ? Nous ne savons pas non plus leur nom. Pour faciliter le récit, je dirais qu’ils étaient 3 ! Car après tout, ils avaient avec eux 3 cadeaux… un cadeau chacun, donc.
Et ces 3 mages, je les appellerai Gaspard, Balthasar et… Gérard (parce que ça rime). A eux 3 eux, ils formaient le GBG, le « Groupe des Bons Guides » ! Leur devise était : « vous cherchez le chemin à suivre, nous vous guiderons sur la bonne route ».
Ils étaient des assoiffés de connaissance, cherchant sans cesse à découvrir, à trouver, à fouiller, à scruter… Ils maitrisaient les langues : le grec, le latin et l’araméen bien entendu mais aussi l’hébreu, l’ougaritique, l’éthiopien, le Syriaque, l’Egyptien… et bien d’autres encore ! Ils s’intéressaient à toutes les religions, connaissaient les grands textes sacrés et y retenaient ce qui leur semblait utile. Mais leur spécialité première était l’astrologie : ils cherchaient à lire dans les étoiles la destinée de chacun. Ils espéraient ainsi percer les secrets de l’histoire.
Malgré toutes ces connaissances et ces quêtes de sens incessantes sensées leur faire saisir de sûres certitudes, Gérard restait insatisfait… Il avait beau en savoir toujours plus, ses pensées restaient confuses. Il pensait pouvoir trouver un sens à l’histoire du monde, mais il ne parvenait pas à trouver un sens à sa propre histoire. Il avait la tête bien pleine, et pourtant il sentait un grand vide au plus profond de lui-même…
Une nuit, alors que le GBG était entrain de scruter le ciel à la recherche d’un signe des étoiles, nos 3 mages firent une découverte lumineuse : une étoile particulièrement brillante et jamais observée auparavant leur apparut ! Tout de suite, les conjectures flambèrent : Gaspard y vit une conjonction de planètes, Balthasar pensait plutôt à une comète… quant à Gérard, il eut un flash et fila telle une étoile vers la bibliothèque. Il s’était souvenu d’un texte en Hébreu qui pourrait l’éclairer sur cette étoile… une obscure prédiction d’un certain Balaam datant de plusieurs siècles et consigné dans le livre des juifs…
Voilà ce que disait la prédiction : « Je vois ce qui arrivera, mais ce n’est pas pour maintenant. Je l’aperçois, mais ce n’est pas pour tout de suite. Une étoile se lève parmi ceux qui sont nés de Jacob. Un chef se lève au milieu du peuple d’Israël. » (Nb 24.17). Et là, comme saisi d’une illumination, il fut convaincu que la prophétie s’accomplissait sous ses yeux. N’y tenant plus, il décida d’entreprendre le voyage vers la Judée pour aller voir lui-même ce roi qui venait de naître… Il fallait partir à la recherche de la nouvelle star ! Jamais pareille étoile n’avait été observée, ce roi devait réellement être exceptionnel…
Les autres membres du GBG furent bien moins enflammés par la proposition de Gérard. Ils n’étaient pas très chauds pour faire plusieurs mois de voyage pour aller vérifier une hypothèse saugrenue. Mais bon, après tout, c’était le prix de la recherche… et si Gérard avait raison, cette étoile pouvait faire d’eux des stars de l’astrologie !
Quelques mois plus tard, ils atterrirent enfin en Judée, et tout naturellement, ils fusèrent vers le palais royal de Jérusalem pour vérifier si Hérode n’avait pas eu un heureux événement… Ils trouvèrent là un roi plutôt mal luné, dépité d’apprendre une telle nouvelle. Heureusement, les spécialistes religieux purent les orienter vers Bethléem, lieu de naissance prévu pour le grand roi attendu des juifs… Arrivés de nuit à Bethléem, ils virent à nouveau l’étoile observée dans leurs contrées et là ils trouvèrent, dans une humble chaumière, Joseph, Marie et leur tout jeune enfant Jésus… Mais quel enfant !
Au plus profond de lui-même, Gérard su que cet enfant n’était pas comme les autres… Ni la maison, ni la petite famille n’avaient rien de bien particulier… en apparence, on avait là une famille ordinaire dans une maison ordinaire… mais Gérard avait la conviction profonde qu’il ne fallait pas se fier aux apparences… Cet enfant qui se tenait en face de lui n’avait rien d‘ordinaire ! Il ressentait face à lui une paix profonde, un espoir immense… Oui, il en était sûr : il y avait là bien plus qu’un simple enfant ! C’était sans aucun doute le roi des rois en face de qui on ne peut que tomber à genoux… non parce qu’on en a peur ou parce qu’on y est contraint… mais parce qu’à sa vue, en sa présence, tout en nous frémit et nous pousse à l’adoration ! En cet instant-là, à genoux devant cet enfant, Gérard eut un sentiment profond de plénitude. Il avait trouvé sa raison de vivre. Il était en paix. Il savait qui il était. C’était bien plus qu’une étoile qu’il avait découvert ! Il avait trouvé la véritable lumière, celle qui transforma à jamais l’obscurité de sa vie en une éclatante et joyeuse marche vers son sauveur !