Sommaire de l'article
- Découvrir les nouveautés en vidéo…
- Un changement de mode de fonctionnement
- De nouvelles fonctionnalités dopées à l’IA
- Une interface retouchée pour aider les novices
- Quelques nouveaux ajouts notables au sein du catalogue francophone
- Et pour les utilisateurs académiques ?
Le logiciel Logos « nouvelle formule » est sorti il y a quelques semaines (le 3 décembre 2024). Quelles sont les nouveautés ? Que faut-il penser de cette nouvelle version ? Que penser de l’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) ?
Découvrir les nouveautés en vidéo…
Un changement de mode de fonctionnement
Avant de parler des nouvelles fonctionnalités de Logos 2025, il convient de dire un mot de la nouvelle façon d’accéder à Logos. Auparavant, ceux qui souhaitaient accéder aux fonctionnalités avancées du logiciel devaient acheter une « bibliothèque de base ». Désormais, les nouveaux utilisateurs doivent franchir une double porte d’accès :
- Choisir une formule d’abonnement pour accéder aux fonctionnalités :
- Chaque formule permet d’accéder à un certain nombre de fonctionnalités, bases de données et outils du logiciel.
- Ces formules incluent également le prêt de quelques ouvrages en français (et d’un catalogue beaucoup plus vaste en anglais).
- Acquérir une bibliothèque francophone :
- Logos propose désormais sept bibliothèques francophones à la vente.
- Chaque bibliothèque contient un ensemble varié de livres pour l’étude de la Bible : Bibles, commentaires, textes anciens, dictionnaires, lexiques, grammaires, etc.
- Une fois achetée, la bibliothèque vous appartient définitivement.
Que penser de ce nouveau modèle économique ?
Il y a une certaine logique dans ce changement. Le passage à un modèle d’abonnement s’explique par l’intégration croissante de services d’Intelligence Artificielle (IA). Ces services ont un coût en fonction de l’utilisation qu’on en fait (accès à des serveurs et des services en ligne, consommation d’énergie générée par ces serveurs, etc.). Par conséquent, il est tout à fait logique de payer un abonnement pour accéder à des services.
Inversement, les « livres » qui constituent les bibliothèques sont des produits qui ont un coût initial de production (éditeur) puis de développement pour adapter le livre au format Logos. Il est compréhensible d’acheter des produits, comme on le ferait pour des livres imprimés.
Un élément rend toutefois ce nouveau modèle un peu confus : les abonnements ne donnent pas seulement accès à des fonctionnalités mais aussi à un certain nombre de livres sous forme de prêt (principalement en anglais).
Je trouve toutefois que c’est plutôt une bonne nouvelle pour les nouveaux utilisateurs : ce modèle avec abonnement permet de réduire l’investissement initial. En effet, pour accéder aux fonctionnalités avancées de Logos, il suffit désormais de dépenser entre 8 et 18 $ par mois. Autrefois, cela n’était possible qu’en échange d’un investissement initial de plusieurs centaines d’euros.
Quant aux anciens utilisateurs qui ont déjà acheté les fonctionnalités des versions précédentes (Logos 10 ou avant), ils conserveront toujours l’accès à ces fonctionnalités. L’abonnement (accessible à un tarif réduit) ne leur est nécessaire que s’ils souhaitent accéder aux nouvelles fonctionnalités.
Pour aller plus loin : Pour vous aider à vous y retrouver entre les différentes formules d’abonnement et les nouvelles bibliothèques « 2025 », j’ai rédigé un article avec des explications et différents tableaux comparatifs.
De nouvelles fonctionnalités dopées à l’IA
Qu’en est-il des nouvelles fonctionnalités ? Celles-ci sont surtout marquées par l’intégration d’outils faisant appel à des modèles d’« Intelligence artificielle (IA) ».
Un moteur de recherche théologique assisté par l’IA
Grâce au nouvel outil de recherche dopé à l’IA, il est possible de formuler des requêtes en langage naturel sur n’importe quel sujet en lien avec la théologie.
Par exemple, si l’on s’intéresse aux « pharisiens », on peut poser des questions comme : « Qui étaient les pharisiens ? » [image ci-contre] ou « Que disent les évangiles sur les pharisiens ? » ou encore « Quelles sont les sources anciennes pour connaître les Pharisiens ? ». L’outil de recherche proposera tout d’abord une réponse rédigée par l’IA (« Synopsis ») puis une liste des passages de livres pertinents.
- Le mode de recherche « livres » propose des réponses à ces questions uniquement à partir des livres présents dans notre bibliothèque Logos.
- Le mode de recherche « tout » fournit des réponses à l’aide de l’ensemble du catalogue Logos (y compris les livres que l’on n’a pas achetés).
Quel est l’avantage d’un tel moteur de recherche par rapport aux outils comme Chat GPT ou Gemini ?
- L’IA de Logos indique ses sources, ainsi que les liens vers celles-ci. Il est ainsi aisé de vérifier les informations par soi-même.
- Contrairement à des IA « généralistes », l’IA de Logos est « nourrie » uniquement par un catalogue d’ouvrages théologiques.
- Le mode « livres » permet de préciser les livres qui serviront de source pour la recherche : cela peut être un livre spécifique, une série de livres, une collection, un ensemble précis de livres, etc. Cela peut permettre, par exemple, de savoir rapidement ce qu’un livre (ou une série) dit sur un sujet donné.
Quelques limites à signaler
- Les documents priorisés par l’IA ne sont pas toujours les plus judicieux. Ainsi, il arrive fréquemment que l’IA base son « synopsis » sur des documents « généralistes » (ou datés) alors même que le catalogue de Logos contient des ouvrages plus spécialisés et plus pertinents sur la question posée.
- Quand on force l’IA à ne rechercher ses réponses que dans quelques livres précis, les réponses proposées ne sont pas toujours très pertinentes et ce, même si la question posée est traitée en détail dans ces livres [voir des exemples dans la vidéo ci-dessus].
- Il n’est pas possible de chercher en même temps au sein de livres de langues différentes. Si la question posée est en français, l’IA cherchera des réponses uniquement dans les livres en français. Si la question est posée en anglais, l’IA cherchera des réponses dans les livres en anglais. Ce point peut se révéler un peu frustrant pour les utilisateurs possédant des livres en plusieurs langues dans leur bibliothèque. De plus, il faut noter que si l’on pose une question à l’IA en anglais, le « synopsis » indique la réponse en français (alors que les sources sont en anglais).
Rappelons toutefois que les technologies à base d’IA n’en sont qu’à leurs débuts. On peut donc espérer légitimement des améliorations sur ces points dans les années qui viennent.
Des résumés automatiques générés par l’IA
Autre nouveauté fonctionnant grâce à l’IA : l’outil « résumer » génère des résumés automatiques. Il suffit d’ouvrir un livre à un emplacement donné puis de demander à Logos de résumer le chapitre ou la section en cours. C’est un outil pratique lorsque l’on fait des recherches de documentation sur un sujet donné : le résumé permet de se donner une idée rapide du contenu d’un chapitre, savoir s’il est pertinent pour notre sujet et s’il vaut donc la peine d’être lu.
Les résumés générés sont globalement pertinents et fidèles à la pensée de l’auteur. On sera toutefois plus méfiant lorsque l’on demande à l’IA de résumer une longue section : il y a plus de chance, dans ce cas, de passer à côté d’informations importantes.
Le résumé est proposé en français, même si l’ouvrage est écrit dans une autre langue. C’est un atout pour ceux qui ont des difficultés à lire cette autre langue ; mais cela peut être frustrant pour les utilisateurs bilingues.
Un assistant IA pour la rédaction de sermons
Logos inclut depuis plusieurs années un « rédacteur de sermons » qui facilite la rédaction de prédications ou homélies (intégration rapide de citations, diapositives générées automatiquement, etc.). Cet outil est désormais agrémenté d’un assistant IA pouvant générer quatre types de contenus :
- Une ébauche de sermon : il suffit d’indiquer une référence biblique et une thématique et le logiciel génère les grandes lignes d’un sermon : titre, résumé, application principale, plan, grandes idées.
- Des illustrations : indiquez au logiciel une idée générale, sélectionnez des caractéristiques et vous obtiendrez plusieurs propositions d’illustrations inventées par l’IA (anecdote, petite histoire, etc.).
- Des applications : vous avez compris la thématique théologique du passage sur lequel vous prêchez, mais vous n’avez pas d’idée d’application ? Pas de problème l’IA peut vous en proposer (voir exemple ci-contre).
- Questions pour poursuivre la réflexion : une fois le sermon rédigé, il est possible de demander à l’IA de générer des questions pour prolonger la réflexion, par exemple dans le cadre de petits groupes. Là aussi, il est possible de préciser le type de questions : compréhension, application, etc.
Que penser de ce genre d’outil ?
D’un point de vue technique, il faut reconnaître que c’est plutôt bluffant et réussi. Les possibilités de paramétrage sont nombreuses et les propositions de l’IA suivent les standards d’une prédication classique. Mes interrogations sont toutefois de deux types :
- D’un point de vue déontologique, voire moral, il me paraît peu souhaitable d’utiliser massivement cet outil pour construire son sermon de A à Z. En tant que pasteur, il me semble nécessaire, tant pour ma santé spirituelle que pour celle de la communauté dont j’ai la charge, de consacrer du temps à l’étude des textes bibliques. Mais aussi de réfléchir et de prier par rapport à la manière dont Dieu peut vouloir exhorter par sa Parole la communauté et ses membres dans leur contexte et leur situation. Je pourrais volontiers utiliser l’outil de génération de « questions » qui ne fait que reformuler des questions à partir du sermon que j’ai rédigé. Il pourrait m’arriver occasionnellement de consulter l’IA quand je suis en « panne d’inspiration » pour piocher parmi les idées d’application ou d’illustration. En revanche, j’aurais un problème de conscience à utiliser le mode « plan » qui génère l’ébauche de tout mon sermon.
- Au-delà du côté moral, je trouve que les propositions de l’IA sont généralement assez « banales » et sans grand relief. Je doute que ce genre de sermon puisse marquer les esprits de l’auditoire. De plus, à ma différence, l’IA ne connaît pas la communauté à laquelle s’adresse le sermon : ses propositions d’applications et d’illustrations ne peuvent donc pas tenir compte de sa culture, de son contexte ou de son histoire.
Générer des questions pour une étude biblique
Dernière nouveauté à signaler, l’outil « concepteur d’études… » génère des questions servant à animer une étude biblique. Il suffit d’entrer la référence biblique du passage étudié, et l’outil propose une liste de questions. Celles-ci sont issues de deux types de sources :
- Des ouvrages de méditation ou d’étude : il s’agit de questions rédigées par les auteurs de ces livres que l’on possède dans sa bibliothèque Logos.
- L’intelligence artificielle : les questions sont générées par un outil IA.
A la différence du « rédacteur de sermons », cet outil ne rédige par des études bibliques « toutes faites » ; mais simplement des questions servant à orienter ou alimenter l’étude (en groupe ou individuelle).
Une interface retouchée pour aider les novices
Depuis plusieurs années, un effort important est réalisé par l’éditeur du logiciel pour rendre celui-ci plus facile d’accès aux nouveaux utilisateurs. Cet effort se poursuit avec cette nouvelle version. Il se manifeste, en particulier, par trois nouveautés :
- Un boitier intitulé « qu’aimeriez-vous faire aujourd’hui ? » qui permet de disposer rapidement le logiciel en fonction de ce que l’on souhaite faire ou étudier.
- Une nouvelle mouture de la barre de menu située en haut de chaque livre ou document ouvert. En remplacement de diverses icônes, les menus et réglages sont désormais présentés sous forme d’onglets avec des titres explicites (« accueil », « affichage », « outils », etc.). Cela permet de rendre ces options plus lisibles pour les nouveaux utilisateurs. Mais on perd en ergonomie, la barre supérieure occupant davantage de place sur l’écran.
- Un nouveau « centre d’aide » qui regroupe différentes sources pour comprendre le fonctionnement du logiciel : manuel d’utilisateur, site internet, vidéos, etc.
Quelques nouveaux ajouts notables au sein du catalogue francophone
Il faut enfin signaler que la sortie de la nouvelle version s’accompagne de l’ajout d’un certain nombre de nouveaux livres en français au sein du catalogue Logos. En voici quelques-unes qui ont attiré mon attention :
- L’interlinéaire inversé de la Segond, dans sa révision de 1978 (dite à la Colombe) ; une version très populaire dans les milieux protestants.
- La Traduction officielle liturgique : la traduction française de la Bible utilisée pour la liturgie dans l’Eglise catholique.
- D’anciennes traductions françaises de la Bible : Perret-Gentil & Rilliet, Sacy, Fillion, Vigouroux, Crampon, Martin, Ostervald, Calvin / Olivétan.
- Une traduction française de la Septante par Pierre Giguet, certes datée (1865-1872) mais la seule traduction complète à ce jour.
- Plusieurs ouvrages traduits de l’anglais :
- À l’écoute du Nouveau Testament, sous dir. Joel B. Green: un ouvrage collectif de bon niveau qui introduit à différents outils et méthodes pour l’exégèse du Nouveau Testament.
- La traduction du IVP Bible Background Commentary pour le Nouveau Testament, rédigé par Craig Keener (en deux volumes en français : Les Évangiles et Actes expliquéset Les épîtres et l’Apocalypse expliqués)
- Un commentaire de F.F. Bruce sur Philippiens, un de David Williams sur les Actes et un Peter Davids sur Jacques.
- D’anciennes traductions françaises de textes patristiques (Justin Martyr, Irénée de Lyon, Jean Chrysostome, Augustin, etc.).
Et pour les utilisateurs académiques ?
Hormis l’ajout de certains nouveaux ouvrages en français, on peut regretter l’absence de nouveautés orientées spécifiquement vers le public académique. C’est un constat que je fais depuis la sortie de la version 8 de Logos en 2018. L’éditeur de Logos continue de faire le choix de travailler à rendre le logiciel attrayant pour un public toujours plus large. L’idée est, bien entendu, d’étendre la clientèle bien au-delà des quelques théologiens « geeks » qui furent les premiers utilisateurs de Logos il y a plus de 30 ans.
Certes, en améliorant la prise en main du logiciel et en le rendant plus accessible, cela bénéficie aussi aux étudiants et aux chercheurs qui découvrent Logos. De plus, certains outils comme les moteurs de recherche IA ou les résumés automatiques peuvent aussi leur être utiles. Néanmoins, il est regrettable que, depuis plus de six ans, Logos n’ait quasiment fait aucun effort de développement orienté spécifiquement vers les utilisateurs académiques. Aucun effort n’a été fait pour simplifier les outils de recherche syntaxique et sémantique, qui permettent d’explorer les bases de données bibliques les plus puissantes du logiciel (mais qui nécessitent de bonnes bases d’hébreu et de grec bibliques). On ne constate aucun développement notable des bases de données sur les textes anciens du monde de la Bible, comme les manuscrits de la mer Morte, les pseudépigraphes, les textes de Josèphe ou Philon, la littérature rabbinique ou patristique. Chers développeurs de Logos, n’oubliez pas vos premiers utilisateurs historiques !