Sommaire de l'article
Sommaire de la série
- Etudier un texte biblique en 8 étapes : Introduction
- 1ère étape : Lire et délimiter le passage biblique étudié
- 2ème étape : La critique textuelle (pour les nuls)
- 3ème étape : Lire le texte original
- 4ème étape : Lire le texte dans son contexte littéraire
- 5ème étape : Comprendre le texte dans son contexte historique
- 6ème étape : Situer le texte au cœur de la révélation
- 7ème étape : Repérer le message central ou le(s) principe(s) du texte
- 8ème étape : Réfléchir aux applications possibles (actualisation)
Préambule : Créer un cadre propice à l’étude
On ne le répètera jamais assez, l’étude (sérieuse) de la Bible demande du temps. Avant de s’y plonger, il convient donc de libérer du temps pour le faire. Prévoyez une plage horaire suffisamment large pour pouvoir « avoir le temps » !
Le cadre a aussi son importance : privilégiez un lieu et des conditions dans lesquels vous êtes à l’aise pour étudier. Au calme, si vous avez besoin de calme. Dans un café sympa, si le cadre vous inspire.
Et puis, pensez à inviter Dieu dans votre « cadre ». C’est quand même sa Parole que vous souhaitez comprendre. Et, point non négligeable, il souhaite renouveler notre intelligence des Écritures par son Saint-Esprit (2 Co 3.14-18) !
(Re)découvrir le texte
Avant d’étudier, une première lecture s’impose. On essayera pour cela de lire le texte comme si c’était la première fois. Ce sera plus facile de le faire si nous le lisons dans une version que nous n’avons pas l’habitude de lire. On pourra aussi employer une Bible sans titres ou paragraphes, voire sans numéros de versets.
À ce stade, il ne s’agit pas de se lancer dans l’étude. Mais simplement de lire le texte et de s’en imprégner. On pourra éventuellement souligner quelques mots ou expressions qui nous sautent aux yeux, mais pas plus.
Fixer des limites à l’étude
Étudier une « péricope »
Avant de se lancer dans l’étude du texte, il faut le délimiter. Parce qu’on ne peut pas étudier toute la Bible d’un coup, il faut donc décider du passage sur lequel se limite notre étude. Cela paraît évident, mais pourtant pas si simple.
Généralement, l’étude portera sur un paragraphe donné, ce que les biblistes appellent une « péricope ». Selon la définition de Wikipédia, « une péricope désigne un extrait formant une unité ou une pensée cohérente. La péricope doit avoir un sens, lue indépendamment de son contexte ».
La question des paragraphes
Nos Bibles découpent généralement le texte biblique en paragraphes. Ces découpages sont une bonne indication pour délimiter le passage biblique qui sera étudié. Toutefois, toutes les Bibles ne découpent pas le texte de la même manière.
Cela s’explique par le fait que le texte original ne propose pas de découpage par paragraphe. Si vous avez déjà consulté une photo des plus anciens manuscrits grecs du Nouveau Testament, comme celle ci-contre, vous vous serez certainement rendu compte qu’ils ne sont même pas divisés en chapitres, et encore moins en versets. Les mots sont d’ailleurs écrits tout en majuscule, et collés bout à bout, sans espace entre les mots, ni ponctuation.
Le découpage en chapitres tel que nous le connaissons a été effectué par Etienne Langton, évêque de Canterbury, au 13ème siècle. Le découpage traditionnel en versets date, quant à lui, du 16ème siècle et est l’œuvre de l’imprimeur français réformé Robert Estienne.
Le découpage en paragraphes, ainsi que l’insertion de titres ou de sous-titres, sont dus aux éditeurs de la version biblique que vous utilisez. Ils varient donc d’un éditeur et d’une version l’autre. Bien que tous ces découpages aient été réalisés de manière assez logique et réfléchie, par des personnes compétentes, ils ne font pas autorité.
Délimiter la péricope
Même s’il faut le prendre avec prudence, le découpage en paragraphes de votre Bible préférée peut être un bon point de départ. Après tout, à moins d’être un spécialiste de la Bible, les personnes qui ont proposées ce découpage sont probablement plus compétentes que soi ! On vérifiera toutefois systématiquement ce qui précède et ce qui suit ces découpages, en se demandant si la lecture de quelques versets supplémentaires peut s’avérer utile, voire essentielle, pour la compréhension du texte. De toute manière, même si l’étude se concentre sur un passage donné, lire ce qui précède ou ce qui suit permet de resituer le texte dans son contexte et ne sera pas du temps de perdu !
On se souviendra qu’une péricope correspond à « une unité de sens cohérente ». Quelques indices peuvent nous aider à repérer le passage d’une unité littéraire à une autre :
- Dans le cadre d’un discours, d’une lettre, d’un texte poétique ou prophétique, on pourra repérer les changements de thème ou de sujet :
- Un nouveau thème peut être introduit par une formule du type « au sujet de… », ou pour un discours prophétique par une formule du type : « voici ce que dit le Seigneur ».
- Une phrase sans lien avec la précédente peut indiquer un changement de sujet (une phrase qui n’est pas introduite par une formule du type : « car », « c’est pourquoi », « donc »…).
- Dans le cadre d’un récit, on peut repérer les indices qui signalent :
- un changement de lieu (la scène se déroule à un autre endroit)
- une modification des acteurs (d’autres personnages entrent en scène)
- un changement temporel (la scène est située à un autre moment, ou un autre jour).
Au-delà de ces quelques indices structurels facilement accessibles, on se souviendra que l’hébreu et le grec bibliques sont des langues bien différentes du français moderne. Dans ces langues, les textes sont parfois structurés d’une manière assez surprenante pour nous. Il faut donc ne pas se montrer trop prétentieux dans notre découpage d’un texte, et ne pas hésiter à faire confiance aux traducteurs de nos Bibles, qui eux ont (normalement) d’excellentes compétences en la matière ! Comprendre la structure d’une langue ancienne est tout un apprentissage.
Quelques outils
- Il existe des éditions du texte biblique (en français) sans paragraphe, ni titre de paragraphe (je n’en ai pas sous la main, et ne peux donc pas vous donner de référence, mais je sais que ça existe).
- On pourra aussi utiliser l’application gratuite TopBible qui ne propose pas de découpage en paragraphes et permet de lire la Bible dans différentes versions.
- Il est aussi possible de lire le texte biblique sans aucune numérotation de chapitre ou de verset, notamment via le logiciel biblique Logos[1]. Voir aussi cet article du site ToutPourSaGloire.com qui propose d’autres pistes.
[1] Pour cela, vous pouvez utiliser la version gratuite de l’interface (voir ici) et vous inscrire ici pour recevoir gratuitement la version Segond 1910. Une fois la Bible ouverte sous Logos, il faut cliquer sur l’icône « filtres visuels » et cocher la case « texte biblique seulement » (voir le tutoriel de Stéphane Kapitaniuk ici).
N’hésitez pas à laisser en commentaire vos réactions, suggestions, références d’ouvrages ou bonnes idées qui pourront m’aider à améliorer la méthode !
Nicolas Friedli
Pour la délimitation du texte, il y a tout de même quelques indices précieux, notamment dans un contexte narratif. Par exemple:
– un changement de sujet (une autre personne se met à parler)
– un déplacement (Arrivés sur la colline…)
– un changement temporel (Le soir venu…)
– etc.
Cela permet aussi d’objectiver des critères de découpage, sans toutefois en faire des vérités. Le critère de «si la lecture de quelques versets supplémentaires peut s’avérer utile» est certes utile (!), mais laisse une grande part à l’interprétation dès le découpage de la péricope. Et c’est un peu tôt 😉
Cordialement.
admin
Merci bien pour ces remarques judicieuses.
C’est toujours difficile de savoir jusqu’à quel point détailler un article de blog qui se veut également un travail de « vulgarisation » :-). Mais il est vrai que de tels indices structurels restent assez simples et accessibles : je modifie l’article et les intègre.
Gbakoè Jean-Claude
Merci ! Cet article est très élogieux et facile à comprendre. Toutefois, quels indices peut-on suivre, dans le cas d’une délimitation de récit, sur la base du vocabulaire?