La « maison de Dieu » et nos lieux de culte

Il y a quelques jours est sorti l’ouvrage collectif Parlons mieux ! 13 théologiens décryptent 13 expressions évangéliques à la lumière de la Bible (BLF / WET, 2021). Cet ouvrage, destiné à un large public (évangélique), a pour objectif de proposer quelques réflexions théologiques à partir de certaines expressions couramment utilisées dans nos églises :  « Tu dois accepter Jésus dans ton cœur » ; « Descends sur nous, Saint-Esprit » ; « Nous allons faire passer la collecte » ; « Bénis ces aliments, Seigneur » ; etc.

J’ai été sollicité pour apporter une contribution sur l’expression « Bienvenue dans la maison de Dieu ». J’y propose notamment un (rapide) survol du concept de « maison de Dieu » dans la Bible. Ce parcours a pour but de mettre en évidence que, depuis la venue de Jésus-Christ, la « maison de Dieu » est constituée des « pierres vivantes » (les croyants) et a Jésus-Christ pour « fondation ». Autrement dit, la « maison de Dieu » correspond à l’Eglise universelle.

Si ce point est généralement bien connu et admis parmi les chrétiens, quelle place faut-il donner aux « maisons » ou bâtiments où l’Eglise se rassemble ? Je reproduis ci-dessous mes réflexions conclusives à ce sujet (p. 66-68 dans le livre). En espérant que ce petit extrait puisse vous donner envie de lire l’ouvrage…

Valoriser les « pierres vivantes »

Selon la Bible, la « maison de Dieu » ultime est l’assemblée des « pierres vivantes » qui a Jésus-Christ pour « pierre de fondation ». En sacralisant les lieux de culte, on risque de « faire de l’ombre » à cette dimension essentielle de la foi chrétienne. L’important n’est pas le bâtiment où se réunissent les chrétiens, mais la manière dont les chrétiens constituent ensemble un « temple spirituel » à la gloire de Dieu. Par conséquent, il semble plus prudent d’éviter les formules du type « bienvenue dans la maison de Dieu ». De même, lorsque l’on chante les paroles des psaumes qui évoquent le bonheur de « venir à la maison de Dieu », il peut être bon de rappeler l’éclairage apporté par l’œuvre de Jésus-Christ. Oui, c’est une grâce immense d’entrer dans la présence du Dieu trois fois saint. Ce privilège nous a été acquis par le sang de Jésus qui nous permet d’accéder librement au lieu « très saint » (voir Héb. 10 : 19-20). De telle sorte que nous, simples mortels, formons une « maison spirituelle » (1 Pi. 2 : 5), c’est-à-dire le temple où réside l’Esprit de Dieu (1 Cor. 3 : 16).

Ainsi, veillons à ne pas donner une place trop importante au bâtiment où se réunit l’Église au détriment des « pierres vivantes » qui sont au cœur du projet de Dieu. Même une communauté bien au clair sur ces questions peut vite se laisser obnubiler par un projet de construction, des problèmes liés à l’entretien du bâtiment et des questions d’argent qui lui sont liées. Ne laissons pas l’édifice de briques et de bois faire de l’ombre à la maison spirituelle grandiose que Dieu souhaite se construire !

Des lieux de culte qui reflètent la « maison de Dieu »

Ceci dit, l’Église-corps du Christ a besoin de lieux pour se réunir. Lorsqu’elle doit chercher un local, faire construire un bâtiment ou gérer un édifice existant, bien des questions concrètes se posent. Il n’existe pas de réponse biblique toute faite à ce sujet. J’aimerais néanmoins suggérer quelques pistes de réflexion.

Des lieux de culte qui mettent en valeur les « pierres vivantes » qui composent la « maison de Dieu »

J’ai toujours été émerveillé de voir une assemblée de femmes et d’hommes de tous âges et d’arrière-plans différents s’unir pour louer ensemble son Seigneur, prier et écouter sa Parole. Ainsi, j’aime me placer au fond de la salle de culte pour contempler cet « édifice vivant ». Un lieu de culte de forme circulaire ou semi-circulaire permet plus facilement aux uns et aux autres de se voir et s’entendre. Inversement, une salle toute en longueur attire l’attention sur ce qui est devant plutôt que sur la communauté, et l’estrade a tendance à devenir une sorte de « lieu saint ».

Des lieux de culte qui attirent l’attention sur la « pierre de fondation » 

Le tabernacle et le temple étaient construits et organisés pour attirer l’attention du croyant sur la sainteté de Dieu alors qu’il lui apportait un sacrifice. Ce qui est central dans le culte chrétien, c’est l’œuvre et la personne de Jésus-Christ par qui nous pouvons constituer une « maison spirituelle » à la gloire du Dieu trois fois saint. Par conséquent, on pourrait réfléchir à la manière dont les lieux, l’architecture, la décoration ou les équipements peuvent inviter à tourner les yeux vers Jésus. Par exemple, la présence d’une croix, principal symbole associé à Christ, me parait tout à fait légitime.

Des lieux de culte ouverts vers l’extérieur

Selon 1 Pierre 2, l’Église-construction constitue un peuple de « prêtres » qui « [sortent] proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pi. 2 : 9). Voilà la mission de l’Église. Nous ne sommes pas appelés à former une petite chapelle cachée dans une lointaine forêt profonde. Nous sommes invités à former un édifice public, qui proclame ce que son Sauveur a accompli ! Ainsi, en 1 Cor. 14 : 23-25, Paul encourage l’Église assemblée à être attentive aux « non-croyants » qui pourraient « entrer ». Par conséquent, nos lieux de cultes devraient refléter ce désir d’accueillir tous ceux qui veulent entendre la Bonne Nouvelle. Puissent-ils être accueillants, chaleureux et faciles d’accès pour tout type de public.

Ce sont là quelques exemples. À chacun de poursuivre la réflexion pour que les lieux de cultes mettent en valeur la véritable « maison de Dieu ».

Pour en savoir plus sur l’ouvrage « Parlons mieux ! » ou pour commander le livre, rendez-vous sur le store de l’éditeur.

  1. stigmamax

    Entièrement d’accord. Nous ne devons sacraliser ni le bâtiment, ni le lieu, ni la dénomination.