L’Écriture comme « parole(s) de Dieu » : références bibliques

Dans un article publié sur le blog Point-Théo il y a quelques temps, j’explique pourquoi il me semble légitime de parler de la Bible comme étant la « Parole de Dieu ». Je relève notamment que les auteurs du Nouveau Testament font eux-mêmes le rapprochement entre Écriture(s) et parole(s) de Dieu. Cela se perçoit notamment lorsqu’ils introduisent une citation de l’Écriture par une formule du type « Dieu dit » ou « Dieu a dit ». Suite à cet article, il m’avait été demandé si je pouvais fournir la liste des références du Nouveau Testament où l’on retrouve ce type de formulation. Je me suis donc penché (à nouveau) sur la question, et vous laisse ci-dessous les résultats de mon enquête.

Quelques remarques introductives

En vérifiant les références que j’avais notées, j’en ai trouvé encore davantage. Dans l’article initial, je signalais que j’avais relevé 26 exemples de cas où des auteurs du Nouveau Testament introduisent une citation scripturaire par une formule du type « Dieu a dit ». J’en ai trouvé dix de plus, ce qui fait un total de 36. De plus, j’ai réalisé que je n’avais pas prêté attention à l’utilisation du présent « Dieu dit », dans la moitié des cas. Il s’agit pourtant d’un point important. En effet, certains objectent que la plupart du temps, lorsque les auteurs du Nouveau Testament citent un texte de l’Ancien introduit par une formule « Dieu dit/ Dieu a dit », c’est parce que Dieu est présenté comme la personne qui parle dans le texte source. Cela peut se comprendre si la citation est introduite par le passé « Dieu a dit ». Toutefois, lorsqu’un texte de l’Écriture est introduit par la formule au présent, cela signifie généralement que pour la personne qui la cite, ce texte est compris comme une parole de Dieu toujours actuelle.

Certaines références que je propose dans la liste ci-dessous peuvent être discutées. J’ai mis un point d’interrogation (?) à côté des références où il pourrait y avoir discussion. Par exemple, dans certains cas, il n’est pas dit clairement « Dieu dit » mais « il dit » : généralement le contexte permet de voir que c’est bien « Dieu » dont il s’agit, mais dans quelques cas, on pourra hésiter.   Autre limite à signaler, les verbes au « présent » en grec peuvent parfois être utilisés dans un sens passé ou indéfini (c’est le cas par exemple d’un participe présent). De même, une formule du type « Dieu dit » est parfois introduite au sein d’une citation, alors que le texte cité ne possède pas cette formule (par exemple, en Actes 2.17). Dans ces cas, on peut se demander si l’insertion doit être comprise comme une formule introductive ou comme un ajout permettant de préciser l’orateur du texte source. Enfin, je n’ai pas réalisé une exégèse détaillée de toutes les références que je cite ! Par conséquent, il se peut qu’il y ait une ou l’autre erreur. J’ai pu aussi oublier d’autres références.

Au-delà des discussions possibles pour certains textes, il me semble indéniable que plusieurs auteurs du Nouveau Testament souscrivent à l’équation : « Écriture = Parole de Dieu ». C’est le cas en particulier pour Paul et, de manière encore plus claire, pour l’auteur de l’épître aux Hébreux.

1.    L’expression « parole(s) de Dieu » en rapport avec les Écritures (logos tou théou ou logia tou théou)
  • Une « parole de Dieu » rapportée par les Écritures : Matthieu 15.6 = Marc 7.13
  • L’Écriture comme « parole(s) de Dieu » : Jean 10.35 ; Hébreux 4.12 ; Romains 3.2 (?) ; Romains 9.6 (?).
  • (Le livre de l’Apocalypse comme « parole de Dieu » : Apocalypse 1.2)
2.    Une citation scripturaire (ou une référence à l’Écriture) introduite par une formule du type « Dieu dit » ou « Dieu a dit » (verbes légô / eipon ; laléô ou fèmi)
  •  Introduit une citation scripturaire où c’est Dieu qui parle dans le texte source :
    • Avec le verbe au passé (« Dieu a dit ») : Matthieu 15.4 ; Marc 12.26 ; Actes 7.6 ; Ac 13.22, 34 ; 2 Corinthiens 4.6 ; 2 Co 6.16 ; Hébreux 1.5, 13 ; Hé 4.3 ; Hé 5.5 ; Hé 10.30 ; Hé 11.18
    • Avec le verbe au présent (« Dieu dit ») : Actes 2.17 (?) ; Romains 9.15, 25 ; 1 Corinthiens 9.10 ; 2 Corinthiens 6.2 ; Galates 3.16 (?) ; Hébreux 4.7 ; Hé 5.6 ; Hé 6.14 ; Hé 7.21 (?) ; Hé 8.5, 8, 13 ;
  • Introduit une citation scripturaire où ce n’est pas Dieu qui parle dans le texte source :
    • Avec le verbe au passé : Matthieu 19.5 (?) ; Luc 1.70-71 (?) ; Hébreux 4.4 (?) ; Hé 10.30 ; Hé 13.5 (?)
    • Avec le verbe au présent : Actes 13.35 ; 1 Corinthiens 6.16 (?) ; Hébreux 1.6, 7
  • Citation scripturaire présentée comme une parole du Saint-Esprit : Hébreux 3.7-11 (cf. Hé 3.15 ; Hé 4.7-8) ; Hé 10.15-17
3.    Textes montrant que l’auteur humain du texte est « confondu » avec l’auteur divin du texte
  • Romains 9.17 : « L’Écriture dit au Pharaon… »
  • Romains 9.25 : « Ce qu’il dit dans Osée… »
  • Romains 10.19 : « Moïse dit » (alors que dans le texte cité, c’est Dieu qui parle)
  • Romains 10.20 : « Ésaïe dit » (alors que dans le texte cité, c’est Dieu qui parle)
  • En Hébreux 3.7 à 4.13, l’auteur de l’épître peut se référer à un même texte (Ps 95.7-11) en l’introduisant par « comme le dit le Saint-Esprit » (Hé 3.7), « il est dit » (Hé 3.15) ; « il a dit [probablement Dieu, cf. verset suivant] » (Hé 4.3) ; « en disant par David » (Hé 4.7).

3 Responses

  1. C. Baur

    La Parole de Dieu n’est vivante que pas ses témoins, comme les auteurs de la Bible. Aussi, dans le partage. La Bible n’est pas une parole vive, mais un relai de cette vivante parole que nous faisons vivre par la foi et les commandements de Dieu.

    • Timothée Minard

      Vous avez raison de rappeler que Dieu parle à travers les auteurs de la Bible, et qu’il veut nous faire témoins de sa Parole. Toutefois, il me semble que seul Dieu est l’auteur de la vie : il est celui qui donne vie à sa Parole (de même qu’à ceux qui l’ont mise par écrit). Par conséquent, je dirais plutôt que notre rôle est de témoigner du caractère vivifiant et actuel de sa Parole.

  2. Fiacre

    bonne réponse, cher Timothée. Que sommes-nous pour rendre vivante la Parole de Dieu? Nous sommes appeler rendre témoignage fidèlement du caractère vivant de la Parole de Dieu.