Faut-il quitter l’Union européenne ?

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Plusieurs de mes amis chrétiens (français) sont favorables à la sortie de l’Union européenne. Certains avancent l’idée que la Bible condamnerait toute tentative humaine de créer une structure supranationale. Par cet article, j’aimerais montrer que les données bibliques sont plus nuancées et que, d’un point de vue chrétien, la sortie de l’Union européenne n’est pas forcément une bonne idée.

L’union dans l’orgueil

Plusieurs passages bibliques soulignent la manière dont les nations peuvent s’unir pour s’opposer à Dieu.  Le récit de la tour de Babel (Gn 11) est sans aucun doute l’archétype de ces tentatives humaines. Comme le dit bien Henri Blocher, ce récit illustre « l’union dans l’orgueil, le péché impérial »[1]. L’humanité pense que l’union lui permettra de « se faire un nom » et espère « atteindre le ciel » par ses efforts communs (Gn 11.4). Pourtant, une telle prétention est vouée à l’échec.

D’autres passages condamnent les empires qui commettent le mal et l’injustice. L’orgueil idolâtre de l’Empire babylonien est mis à terre par le jugement du Seigneur de l’univers (par exemple Jr 50-51). Plusieurs textes prophétiques évoquent un rassemblement futur des nations, unies dans un projet destructeur (p. ex. Ez 38-39 ; Jl 4 ; Mi 4.11-13 ; Za 14). Comme le dit bien l’Apocalypse, toute union dans l’orgueil et le péché est vouée à l’échec. « Babylone la grande » finira par tomber sous le jugement de Dieu (Ap 18).

Face à ce sombre constat, devons-nous en tant que chrétiens, mettre en garde nos contemporains contre toute forme d’union supranationale ? L’encouragement divin à « sortir de la grande Babylone » (Ap 18.4) doit-il être compris comme un encouragement à sortir de l’Union européenne ?

L’union pour la paix et la propagation de l’Evangile

 D’autres textes bibliques semblent apporter un peu de couleur à ce tableau particulièrement sombre. Car les empires humains ne sont pas uniquement dénoncés par la Bible : certains de ses aspects sont aussi valorisés.

C’est le cas, dans l’Ancien Testament, de l’Empire Perse, pourtant plus étendu que ses deux prédécesseurs (les Empires babyloniens et assyriens).  Même si Daniel annonce la fin de cet empire (Dn 8 ; 10-11), celui-ci est souvent présenté sous un angle positif. Il est l’empire qui a permis aux Israélites de reconstruire le Temple de Jérusalem et qui a protégé leur liberté de culte (voir les livres d’Esdras, Néhémie et Esther). Ésaïe 44.28ss va jusqu’à présenter l’empereur perse Cyrus comme « l’oint du Seigneur » – le messie !

L’Apocalypse dénonce clairement la débauche de l’Empire romain et le culte de son Empereur. Toutefois, d’autres passages du Nouveau Testament soulignent certains aspects positifs de cet Empire. Ce n’est certainement pas par hasard que le Maître de l’histoire a choisi d’envoyer son fils unique au sein d’un des Empires les plus vastes et durables que l’histoire ait connu. Le Messie vient à une époque où Israël est sous la domination d’un Empire païen. Pourtant, il ne va pas affranchir son peuple de la domination romaine, et il n’encourage même pas à la révolte contre l’envahisseur. Le combat qu’il mène est d’un autre ordre, la libération qu’il apporte est bien plus grande. Il invite plutôt ses disciples à se faire « artisans de paix » (Mt 5.9) et à être ses témoins jusqu’aux extrémités de l’Empire (Ac 1.8 ; voir Ac 28).

Lorsque les lettres du Nouveau Testament évoquent le rôle des chrétiens dans la société civile, elles les encouragent à la paix. Paul dira aux chrétiens vivant dans la capitale de l’Empire : « S’il est possible, pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes » (Rm 12.18). De même, il recommandera de prier « pour les rois et toutes les autorités, afin que nous menions une vie calme et paisible » ; il relie cette recommandation à la volonté de Dieu qui « veut que tous les humains soient sauvés » (1 Tim 2.2-4).

L’Empire romain sera certes à l’origine de plusieurs épisodes de persécution des chrétiens. Toutefois, en comparaison à la plupart des régimes que notre monde a connu, il fut, dans l’ensemble, un Empire relativement tolérant face aux diverses religions de ses sujets. De plus, la fameuse « paix romaine » permettait aux citoyens de l’Empire de voyager assez facilement tout autour du bassin méditerranéen. Ces deux éléments permirent à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ de se répandre rapidement sur un vaste territoire. Ce n’est pas par hasard que notre sauveur est venu dans ce contexte-là.

Dénoncer l’orgueil et encourager la paix

En résumé, le texte biblique propose une vision nuancée des empires supranationaux. D’un côté, il dénonce l’union dans l’orgueil et dans le péché. De l’autre, il valorise la paix, la liberté de culte et l’opportunité pour la propagation de l’Evangile que permettent ces empires.

Face à cette double réalité, quelle attitude adopter en tant que chrétiens ? Dans le cadre d’une société démocratique, nous avons la chance de pouvoir faire entendre notre voix prophétique. Nous pouvons dénoncer les injustices, la haine ou l’immoralité de nos nations. Et nous pouvons encourager toutes les actions qui favorisent la paix entre les nations. Par-dessus tout, nous pouvons nous impliquer et témoigner par notre attitude et nos actions, afin que « les nations païennes […] voient nos belles œuvres et glorifient Dieu » (1 P 2.12).

Pourquoi la sortie de l’Union européenne me semble une mauvaise idée…

  1. Quitter l’Union, c’est refuser d’accepter sa responsabilité dans le péché

Je ne suis pas un expert, ni un passionné de politique. Mais il semble évident que si l’Union européenne est tant décriée par certains, c’est bien qu’elle est responsable de certains maux. Il y a très certainement des injustices à dénoncer et des choses à reprocher à l’U.E. Il y a probablement des choses à changer. Toutefois, en tant que français, je ne peux pas faire comme si je n’y étais pour rien. Notre pays a joué un rôle majeur dans la constitution et le développement de cette Union. Nous en restons un acteur majeur, et nous hébergeons même le parlement européen.

Par conséquent, s’il y a des choses qui ne vont pas, nous en sommes aussi responsables en tant que nation. L’Union européenne est le reflet des nations qui la composent. Et honnêtement, je ne pense pas que notre nation soit parmi les plus irréprochables ! Quitter le bateau quand il commence à tanguer me paraît une attitude égoïste. En faisant cela, nous refusons de reconnaître nos torts, et d’agir pour que les choses changent. Au lieu de confesser notre orgueil, nous nous enfonçons dans l’orgueil : nous pensons pouvoir mieux nous en sortir tout seuls !

  1. Quitter l’Union, c’est l’inverse d’une invitation à la paix

L’Union européenne est née sur les cendres de deux guerres parmi les plus terribles que l’histoire ait connue. Quoi qu’on en dise, on ne peut nier que les efforts qui ont été menés ont permis d’instaurer une paix durable entre les nations d’Europe de l’Ouest. Nous n’avons pas connu la guerre avec nos voisins européens depuis 70 ans. Nos pays n’avaient pas vécu une aussi longue période de paix depuis bien des siècles.

L’Union européenne a le mérite d’obliger les nations qui la constituent à dialoguer et à construire ensemble. Une monnaie unique, des frontières ouvertes, des institutions communes : autant de freins à une guerre fratricide. Quitter l’Union européenne, c’est envoyer un message négatif aux autres nations qui la constituent : vous êtes la cause de nos problèmes ; nous ne voulons plus partager nos ressources avec vous. Rétablir les frontières avec nos voisins ne sera probablement pas perçu comme un message de paix. Elle ne facilitera pas non plus les échanges avec nos frères et sœurs chrétiens de ces pays.

Sortir de l’union dans l’orgueil

Lorsque Apocalypse 18 invite les croyants à « sortir » de Babylone (Ap 18.4), ce n’est certainement pas dans le sens d’une sortie de l’Union européenne. L’enjeu est d’un tout autre ordre. Nous sommes appelés à nous démarquer en fuyant le péché, l’immoralité et l’injustice. Nous sommes appelés à fuir l’orgueil et la prétention humaine à vouloir construire sans Dieu.

Nous sommes appelés à être témoins du prince de paix. Nous sommes appelés à orienter les regards vers l’arbre de vie, celui dont les feuilles servent à la « guérison des nations » (Ap 22.2). Nous sommes appelés à agir pour le bien commun, « afin que les nations païennes […] glorifient Dieu » (1 P 2.12).

Voilà comment nous sommes appelés à sortir de l’union. Non pas de l’Union européeenne, mais de l’union dans l’orgueil.

[1] Henri BLOCHER, Révélation des origines, Le début de la Genèse, Lausanne : PBU, 1988rev et augm, p. 200.

17 Responses

  1. Bertrand

    Si je suis pour une sortie de l’UE, ce n’est certainement pas pour des arguments bibliques ou d’une crainte mais bel et bien pour des raisons économiques.
    Je suis désolé, mais nous ne sommes pas du tout responsables du développement de l’UE puisque les urnes ont parlé en 1992 et s’y sont opposés de façon majoritaire. À l’époque j’étais très favorable à l’UE, je devais d’une Europe Fédérale…
    Aujourd’hui 75% à 80% des lois qui concernent notre économie sont votées par l’Europe, et elles sont toutes portées par une politique libérale économique qui ne correspond en rien à notre système à la française. Dans les années 1980 les pays du nord de l’Europe ont fait le choix du libéralisme économique quand la France a élu un socialiste pour 14 années qui a impulsé une politique tout à fait différente… Aujourd’hui l’Europe est à 2 vitesses et la France ne pourra jamais rattraper son retard…
    De plus quasiment toutes les promesses de nos politiciens sont impossible à mettre en oeuvre si nous restons dans l’UE qui impose ses lois. La seule solution est de rentrer dans le libéralisme économique Européen qui va encore plus augmenter les inégalités, mais a des chances de faire entrer la France dans l’UE… Cette voie est portée par Fillon, mais je n’aime pas cette vision pour ma part…
    Donc nous sommes condamnés à survivre dans une Europe qui écrase les pays socialistes au bénéfice des pays libéraux, à moins de rappeler que la France il y a 25 ans ne croyait pas en l’UE et qu’elle a été construite malgré elle !
    Et enfin, et ce n’est pas des moindres, l’UE n’est rien à côté de l’OTAN…
    Rester dans l’UE pour construire la paix est malheureusement sans compter l’OTAN qui est et qui a toujours été conduit par les USA. nos grands gouvernants précédents ont toujours dit qu’il faudrait un jour sortir de l’OTAN car celui-ci nous embrigade dans des guerres économiques et impériales tout à fait contraires aux principes mêmes de notre constitution…
    Pour que la France retrouve une voix qui défende la paix, il faut qu’elle sorte de l’OTAN, sans cela nous continuerons à nous embarquer dans des guerres que nous savons absurdes et qui se démontrent absurdes à postériori. L’UE n’a aucun poids au niveau de la dynamique de la paix, à moins que tous ses ressortissants sortent de l’OTAN et accordent leurs violons. Mais cela n’a rien à voir avec l’UE qui n’est qu’une Europe Economique !…

    • Timothée Minard

      Salut Bertrand ! Je ne savais pas que tu étais pour la sortie de l’UE (donc rassure-toi, tu n’étais pas directement visé par mon article).
      Juste au passage, tu dis que tu ne défends pas la sortie de l’UE pour des raisons bibliques, mais économiques. Toutefois, je suppose que si tu défends un certain modèle économique, c’est qu’il te parait le plus juste. Et je parie que ta lecture de la Bible t’influence un peu sur ta compréhension de la justice sociale, non ?

      • Bertrand

        Loin de moi l’idée de m’être senti visé, n’étant pas plus que toi convaincu par les arguments bibliques que proposent tes amis…
        Ce ne sont certes pas mes arguments pour sortir de l’UE.
        En fait, il est évident que les évangiles ont une influence sur ma lecture de la politique, si non il faudrait clairement que je change d’études… 😉
        Justement, mon regard sur l’économie est influencé par les valeurs des évangiles et je rêve d’équité et de liberté, comme toi c’est bien évident. Par contre je ne vois pas ce rêve s’accomplir dans l’ultra libéralisme européen. Et même si je ne suis pas un fervent défenseur de la politique de Mitterand (cité indirectement plus haut) je le suis encore moins de la politique proposée par le plus libéral de nos candidats aux élections (Fillon bine-sûr)…
        Donc je suis dans une situation difficile face à l’UE :
        – Le seul qui propose une politique viable dans la construction actuelle de l’Europe me fait peur quand aux conséquences graves du libéralisme dans notre pays déjà en mauvaise santé.
        – Les autres qui proposent une économie plus douce et plus d’influence socialiste n’auront pas les moyens de mettre en place leur politique car les manettes ne sont plus dans notre gouvernement mais dans l’UE.
        C’est face à ce constat que je crois que nous avons tout intérêt à sortir de l’UE, afin de mener une politique qui est celle qui correspond à notre histoire, notre spécificité économique et politique. La France ne collera jamais à la politique allemande car les français ne sont pas des allemands…
        Enfin il me semble trouver quelques failles dans ton argumentations, principalement sur le plan économiques et politiques. Malheureusement je constate aussi quotidiennement que la majorité des électeurs ne connaissent pas l’UE et son système politique, et les conséquences directes qu’on les décisions de l’UE sur notre pays. Pourtant les exemples sont multiples, et principalement ces dernières années, où nous avons eu un gouvernement de gauche qui a mis en place les directives européennes (libérales) dans notre pays en contradiction directe avec leur propre discours… Demain on peut placer un communiste au gouvernement, il sera contraint de mener la politique européenne tant qu’il n’en sera pas sorti…

  2. Frédéric Mondin

    Bonjour et merci pour votre article. Pour un non-expert et un non-passionné en politique, vous offrez aux chrétiens un modèle à suivre. Certes, tout ne peut pas se dire sur le sujet en un article aussi court et la décision de choisir tel ou tel camp nécessite de connaître aussi les arguments politiques, mais votre raisonnement nous enseigne à commencer de puiser _d’abord_ dans la Parole du Créateur des nations pour discerner les enjeux, et là, nous pouvons compter sur votre expertise et votre passion pour nous montrer la bonne manière de le faire.

  3. Etienne Omnès

    Tiens, serait-ce en réaction à ceci? 🙂 https://www.infochretienne.com/podcast-fils-dissacar-leurope-fete-60-ans-bientot-retraite/

    Ma position personnelle quant à l’Europe se rapproche davantage du souverainisme de Dupont-Aignant que de la solution finale d’Asselineau. Ce n’est pas tant que je suis contre toute forme d’Europe, mais très clairement, je suis contre cette Europe-là. Ce qui me dérange et qui ne passe pas, c’est la philosophie qui est à la base et dans le moteur actuel de l’Europe: une philosophie très libérale et mondialisante qui écrase énormément de choses, et qui en établit beaucoup d’autres qui sont à rebours des valeurs chrétiennes. Si l’Union Européenne ne carburait pas à cette philosophie particulière, je m’en accommoderai probablement.

    Il suffirait donc de la réformer à priori, pour qu’elle fonctionne selon une philosophie plus en accord avec l’Evangile. Pas si simple: Amen si cela arrive, évidemment, mais en l’état actuel des choses, le béhémoth semble irréformable. Il paraît plus simple de le liquider et recommencer avec autre chose. L’Empire Romain a eu son utilité, mais quand il a commencé à s’essouffler, ses avantages ont disparu, et ses inconvénients se sont démultipliés. Au final il est mort non dans une explosion, mais dans un gémissement. Je crains que cela ne soit pareil avec l’Europe: jusqu’ici, elle a été plus utile que nuisible. Hélas, elle perd de la vitesse, et son utilité devient douteuse, tandis que sa nuisibilité devient plus apparente.

    En revanche, tu tapes formidablement juste quand tu parles de la responsabilité dans le péché: imaginer que tous nos problèmes viennent de l’Europe est trop facile. Donc Amen à cela.
    Cela dit, il y a malgré tout bel et bien un péché particulier qui vient de l’Europe, à travers la philosophie ultra-libérale qui influence nos brusselois et strasbourgeois préférés. Nous parlons bel et bien d’une Europe qui refuse d’avoir des racines chrétiennes, ne revendiquant que des racines gréco-romaines (pourquoi sont-t-ils aussi opposés à l’esclavage je me le demande…). Nous parlons d’une Europe qui n’a pas franchement soulevé ciel et terre pour sauvegarder la famille, bien au contraire. Nous parlons d’une Europe qui est prête à toutes les injustices économiques pourvu que le libre-échange soit maintenu dans toute sa pureté. Non on ne réglera pas grand chose en France si on sort de l’Europe. Mais on pourrait au moins se dégager de cela.

    Quant à la Paix qui vient de l’Europe, je me demande si ce n’est pas plutôt l’Europe qui vient de la Paix. D’abord il y a eu la volonté de vivre en paix et de ne plus jamais faire de guerre, ensuite seulement la construction européenne. L’Union Européenne est la conséquence et non la cause de la paix. Si jamais les tensions devaient renaître, il n’y a pas grand chose dans l’UE qui les en empêcheraient. Au contraire même, elle est remarquablement impotente sur les questions de politique étrangère. Il doit donc être possible de faire autre chose que ce béhémoth, tout en conservant la paix.

    S’il est possible de créer une union internationale qui ne s’oppose pas à l’être humain, et qui ne soit pas dans l’orgueil, alors faisons-le. Mais ayons conscience que ce genre d’union n’est dans aucun cas notre Union Européenne.

    • Timothée Minard

      Bonjour Etienne.
      Effectivement, votre podcast sur infochretienne est, en partie, ce qui a suscité ma réflexion ; et m’a donné envie ensuite de la partager. 🙂

      Je pense tout de même qu’une union économique a un impact sur la question de la paix. Tout ceux qui ont un peu d’argent placé quelque part n’ont généralement pas envie de voir leurs actions chuter ou de voir leur argent perdre de sa valeur. Un conflit au sein de l’UE provoquerait cela, sans aucun doute. Ce n’est probablement pas très sain de donner autant de valeur à Mamon, mais on ne saurait sous-estimer le pouvoir de l’argent !

      En tout cas, s’il devait y avoir une sortie de l’UE, je pense qu’elle devrait se faire en assumant, d’une part, nos responsabilités ; et d’autre part, en envisageant un autre modèle qui pose des signes forts en faveur de la paix. Mais je reste convaincu que la France, si elle est déterminée à le faire (et qu’elle élit les personnes qui vont dans ce sens), a un poids suffisant pour impulser une réforme de l’UE.

      • Bertrand

        J’aimerai vraiment croire en ce rêve d’influence « socialiste que pourrait avoir la France dans l’UE.
        Maintenant un minimum de réalisme rend ce rêve me semble t’il illusoire. Pourquoi ? Car les pays libéraux du nord de l’UE sont sorti (ou quasiment) des difficultés que nous connaissons (le chômage) et associent leurs difficultés d’hier, à notre politique (socialiste).
        Peut-être à raison soit dit en passant…
        Donc comment veux-tu convaincre des pays de devenir moins libéraux quand le libéralisme leur a apporté le plein emploi ?
        Nous regardons (les français) leur plein emploi en restant sceptique sur leur véritable équité et préférons conserver notre protection sociale qui est en contradiction directe avec le libéralisme économique ! Quadrature du cercle…

      • Etienne Omnès

        Nous sommes pleinement en accord sur ce qu’il y aurait à faire si jamais la sortie de l’UE devrait avoir lieu 🙂 Moins sur le reste mais qu’importe

        Merci au fait pour cet article, j’ai eu beaucoup de plaisir à le lire, et il est à la fois utile et édifiant. Bon travail 🙂

    • GIESSINGER

      Bonjour Etienne Omnès. Merci pour votre contribution. Je souhaite cependant redresser une fausse idée : Nicolas Dupont-Aignan ne veut pas sortir de l’UE, il l’a déclaré à plusieurs reprises. Afin de vérifier si un politicien a un discours constant et ne se contredit pas, nous avons heureusement internet qui permet de vérifier de nombreuses infos. Toute promesse de réformer l’UE est un enfumage car les traités ne le permettent pas sans l’unanimité des 28 Etats et parlements. Je pense que les chrétiens français sont devant une grande responsabilité au sujet du vote du 23 avril. En effet, on vote le président de la république tous les 5 ans. C’est indispensable de s’informer par soi-même au sujet du ou des candidats qu’on envisage de soutenir, et pas seulement avec les médias… Quand on change de forfait téléphone, on peut passer quelques heures à comparer. Le choix électoral est bien plus important, engageant pour les prochaines générations. Si l’on vote pour un candidat qui ment et trompe, on en est responsable envers soi-même, la société et Dieu. Le vote est secret donc on n’a pas de compte à rendre, certes. Aujourd’hui, avec internet, nous pouvons analyser les programmes, les déclarations des candidats, vérifier s’ils sont constants dans le temps, s’il ne se contredisent pas, ne se contentent pas de surfer sur le sujet d’actualité. Et je peux vous dire qu’il ne reste pas grand monde d’honnête, disant la vérité… Quant à s’abstenir, c’est laisser faire. En démocratie, même avec 99% d’abstention, celui qui remporte la majorité des voix est élu, il en est ainsi. Personnellement, c’est lorsque j’ai eu mon premier enfant que j’ai commencé à me poser la question d’un engagement politique. Pourrai-je les regarder en face en disant que j’ai agis dans l’intérêt commun, avec respect pour ceux qui nous ont précédés et se sont battus pour les droits et bienfaits dont nous disposons aujourd’hui, et afin de le transmettre à nos enfants tout en apportant notre contribution ? A l’heure actuelle, les parents peuvent difficilement dire à leurs enfants : vous aurez une meilleure vie que nous. C’est pourtant ce que les précédentes générations pouvaient dire…

  4. GIESSINGER

    Bonjour,
    Je souhaite que ma réponse à votre analyse soit publiée car je me dois de dénoncer votre argumentaire qui fait preuve d’une grande légèreté face à de graves questions ; la vérité doit être proclamée dans tous les domaines par un chrétien.
    Vous dîtes que l’UE est décriée car elle est responsable de certains maux, c’est vrai. Vous pensez qu’elle peut changer pour aller mieux, c’est faux : l’article 48 du Traité de l’Union Européenne (TUE) impose l’unanimité des gouvernements et des peuples (ou parlement) des Etats membres pour modifier les traités. Une telle promesse est mensongère car les intérêts nationaux des 28 états sont divergents et ne s’accordent très souvent que pour adopter des accords qui amènent vers un règne de l’argent toujours plus imposant. Exemple : la directive sur les travailleurs détachés ne sera pas abrogée car 10 états de l’Europe de l’Est s’y opposent. Autre exemple : l’évasion fiscale ne peut être stoppée car des Etats comme Malte, le Luxembourg s’y opposent, ils en vivent. Notre pays a joué un rôle majeur dans la construction européenne, c’est vrai. Mais le peuple français ne fut consulté que 3 fois sur ces questions, et encore le référendum de 2005 fut-il bafoué. Le non à la constitution européenne l’avait emporté, mais le traité de Lisbonne, reprenant quasi mot pour mot cette constitution, fut ratifié en 2008 par la procédure du progrès pour contourner le référendum. La classe politique française a trahi le peuple.
    Que notre nation ne soit pas irréprochable, c’est bien entendu le cas, sinon nous n’aurions plus besoin d’y prêcher l’évangile. Mais depuis le début de mon engagement politique (2014), je vois très peu de chrétiens en politique. Il faut dire que pendant de nombreuses années, il était mal vu dans les églises de s’engager en politique à un haut niveau, comme si l’on redoutait une contamination par la corruption. La réalité est inverse : si de nombreuses lois ont favorisé l’immoralité, l’injustice, la pauvreté… c’est PARCE QUE LES CHRETIENS N’ETAIENT PAS PRESENTS POUR S’Y OPPOSER ! Pourtant, la Bible montre avec Daniel que vous citez, ou encore Joseph, Esther, Mardochée, Néhémie… qu’un enfant de Dieu a sa place en politique ; bien entendu, la question principale est de savoir si Dieu me veut personnellement engagé dans ce domaine. Il y a multitude de façons de servir, comme dans le domaine social. Chacun a une place particulière prévue par le Seigneur. S’en sortir seuls, sans l’UE, serait de l’orgueil ? Sur quelle base accusez-vous ainsi tous ceux qui veulent quitter l’UE ? Personnellement, c’est par amour pour la vérité que je veux quitter l’UE. Si l’orgueil national existe partout, il ne faut pas le prendre pour une excuse. LA réalité est tout autre dans notre cas : les Français ne sont plus aux commandes de leur pays malgré un régime soi-disant démocratiques. On vote pour un programme et une fois élu le dirigeant applique le contraire en méprisant les droits de son peuple. Cela s’est déjà produit dans notre histoire, et notre pays a su traverser ces épreuves en relevant la tête, par la grâce de Dieu même si les non-croyants parmi nous ne le reconnaissent pas.
    L’Union Européenne, c’est la paix ? Voilà un mensonge répété à chacun de nous par les médias et l’éducation nationale depuis l’école primaire. A force, il en deviendrait une vérité… mais la vérité selon la Bible a une autre définition, c’est un principe intangible. Revenons à la paix : si la paix dure en Europe (de l’Ouest seulement, et encore !) depuis 1945, c’est parce qu’après-guerre, un équilibre de la terreur s’est instauré entre les puissances nucléaires. Le marché commun des débuts de l’UE n’avait aucun rôle diplomatique. Si en 1948, il n’y a pas eu d’affrontement Est-Ouest, l’UE n’y est pour rien, elle n’existait pas ! Idem en 1956 avec la révolte de Budapest. En 1968, ce n’est pas les normes sur la taille des sièges de tracteurs dans l’UE (CEE) qui a empêché la révolte de Prague de dégénérer en guerre mondiale ! Au contraire, l’UE, c’est la guerre ! En effet, notre alignement sur la politique de l’OTAN à laquelle tous les pays de l’UE sont soumis par l’article 42 du TUE nous entraîne dans de nombreuses guerres où nous avons envahi des pays étrangers : l’affaire du Kosovo en 1999, l’Afghanistan depuis 2001, l’invasion de la Libye et l’assassinat de Kadhafi en 2011 dont on mesure le résultat (remplacé par des factions qui se battent pour le pouvoir, l’islamisme qui a grimpé). Mais j’aimera parler de l’Ukraine : ce pays, après un coup d’état à Kiev, place Maïdan, voulu par les Etats-Unis (voir la conversation entre Victoria Nuland et l’ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine) avec l’accord tacite de l’UE (le gouvernement ukrainien précédents ne voulait pas entrer dans l’UE) a mené au pouvoir un gouvernement en partie composé de néo-nazis (les partis Svoboda et Pravy Sektor) QUE L’UE SOUTIEN AVEC L’ARGENT DU CONTRIBUABLE ! La guerre se poursuit dans le Dombass et ce feu c’est nous qui l’avons allumé, pas la Russie dont l’affaiblissement était à l’origine de ce projet atlantiste.
    Rétablir les frontières menacerait la paix et les échanges entre frères et sœurs européens ? Quelle blague ! Vous éprouvez des difficultés à échanger avec nos frères et sœurs suisses ??? Ne confondez pas non plus la sortie de l’UE avec le traité de Schengen qui gère la circulation des personnes.
    Sur le plan prophétique, je ne pense pas que l’on puisse comparer l’UE à la Babylone de l’Apocalypse de façon catégorique. L’interprétation des prophéties demande de la prudence et de la mesure. Cependant, le fonctionnement de l’UE, élaboré principalement par Walter Hallstein, est prévu pour préparer un ordre mondial basé sur le règne de l’argent. Rappelons que Walter Hallstein, premier président de la Commission européenne, fut chargé en 1938 par Adolf Hitler d’élaborer un traité avec Benito Mussolini pour fonder une nouvelle Europe selon l’ordre nazi. Ce projet fut tout simplement repris par les américains après 1945 (c’est eux qui ont « recyclé » Walter Hallstein) pour mieux contrôler les nations européennes, en faire des protectorats. Robert Schumann et Jean Monnet, pères de l’Europe, ont eu un rôle bien sombre dans la construction européenne sous influence américaine (nombreux articles sur le net dont le travail du très sérieux Ambrose Evans-Pritchard). Robert Schumann a été condamné à l’indignité nationale pour avoir voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain en 1940, et gracié par le général De Gaulle.
    En réalité, pour la paix, le bien commun, la justice, la vérité, il faut sortir de l’UE. Celle-ci nous enferme de plus en plus dans une logique d’apartheid, nous séparant peu à peu des pays qui ont de forts liens avec nous, en particulier la francophonie. La commission européenne rédige chaque année les Grandes Orientations de Politique Economique (GOPE) qui fixent des objectifs pour chaque état, sous peine de sanctions économiques. Ainsi, notre pays est peu à peu vidé de sa substance, sans respect pour son histoire, avec la complicité des partis. La loi NOTRe, la loi Macron, la loi El-Khomry, sont des transcriptions de directives européennes. Elles préparent la suppression des départements, la fusion de nos communes en com-com ou communautés d’agglo, la suppression du SMIC, l’augmentation de la TVA, la fusion du CDI avec le CDD (pour obtenir un CDI précaire). Il nous faut nous réveiller, prier et agir.

    • Bertrand

      Je suis en accord total sur le fond de ce commentaire, j’ai fais allusion aux mêmes idées dans mes propres commentaires.
      Par contre j’ai un problème avec le ton, c’est dommage qu’il soit si péremptoire, autoritaire et presque donneur de leçon.
      C’est un peu le problème que nous rencontrons en politique et dans les médias, chacun veut apporter son argument de façon irrévocable et ridiculiser le propose de l’autre comme absurde et non recevable.
      On a tous cette tendance, moi le premier, mais prenons soin de la pensée de l’autre.

      • GIESSINGER

        Ce n’est pas en donneur de leçon que je me positionne. Je crois que la défense de la vérité telle que l’enseigne l’Ecriture, nécessite de dénoncer le mensonge ; hors dans le cas de l’UE, nous faisons face à des idées reçues héritières d’années de mensonges et tromperies. Je comprends que cela vous heurte, mais c’est le fruit de l’indignation, lorsqu’on prend conscience de ces choses et de la nécessité d’informer.
        Je ne souhaite blesser personne car c’est bien aux idées que je m’attaque. J’ai moi-même été ignorant sur ces sujets et trompé comme nombre d’entre nous, et lorsque j’en ai pris conscience, je me suis défait de ces idées. Cela demande de l’humilité et de savoir reconnaître que l’on s’est trompé, mais c’est salutaire. Je ne ménagerai pas les idées bâties sur le mensonge que je dénoncerai tant qu’il plaira à notre Dieu. La Parole ne ménage pas les idées issues de la corruption, que ce soit par la bouche du Seigneur Jésus ou de ses apôtres. Malgré tout, je préfère une franche discussion que d’être limité à écrire car les incompréhensions sont plus courantes.

        • Bertrand

          C’est effectivement difficile de se contenir lorsqu’on a pris conscience de l’absurdité de certains arguments.
          Ce que je ne m’explique pas aujourd’hui, c’est comment nos politiques peuvent continuer à défendre des projets totalement illusoires en restant dans l’UE et ainsi abuser de l’inculture politique et économique de la population.
          Cela me paraît absurde.
          Il suffit de se renseigner sur le fonctionnement de l’UE pour comprendre que nos politiciens nous « mentent » effronteusement…
          Maintenant je ne peux opposer une vérité à une autre vérité, l’une est mensonge pour l’autre et réciproquement… J’aime mieux les arguments factuels… 😉

      • GIESSINGER

        Je souhaitais revoir mon premier paragraphe notamment qui est trop abrupt, c’est vrai. Mais je n’ai pas réussi.

        • Timothée Minard

          Bonjour.
          Est-ce que vous n’avez pas la possibilité de cliquer sur « modifier » en haut à droit du post ?

          Je trouve tout à votre honneur que vous souhaitiez vous engager en politique. Je pense également que les chrétiens doivent s’engager dans tous les domaines de notre société.

          Pour ma part, je crois que mon appel est plutôt de faire réfléchir les chrétiens à partir de la Bible. Je pense d’ailleurs que vous êtes plutôt d’accord avec moi sur les recommandations bibliques générales que je propose. Vous n’avez cependant pas la même lecture que moi du fonctionnement ou de l’histoire de l’Union Européenne (mais cela ne repose pas sur une lecture de la Bible – mais sur notre lecture de l’histoire), et vous appliquez donc les mêmes principes bibliques différemment.

          Si, en effet, il est impossible de réformer l’UE, peut-être faudra-t-il, en dernier recours la quitter. Toutefois, avons-nous déjà tenté de faire entendre la voix de la France en vue d’une telle réforme ? Je ne pense pas que nous serions une voix isolée et il me semble que d’autres pourraient se joindre à la nôtre. Tout traité peut être remplacé par un autre, et je doute que si la majorité des états membres décident de changer le traité, ils ne puissent le faire. La loi est faite pour être modifiée, y compris l’article 48 du Traité. Personnellement, je préfère voter pour quelqu’un qui va s’engager dans une telle démarche, que pour quelqu’un qui préfère partir en claquant la porte avant même qu’il y ait pu avoir une discussion sérieuse.

          Concernant le rôle de l’UE pour la paix, je pense en particulier aux conflits avec nos voisins directs (franco-allemands ou franco-italiens, ou auparavant franco-anglais). Je dis qu’elle favorise la paix entre ses membres, non pas avec les pays extérieurs à l’UE. La paix avec l’Allemagne ne s’est pas faite sur un équilibre des puissances nucléaires. L’Union Européenne ne concernait, au départ, que les pays de l’Europe de l’Ouest. Il me semble que, derrière la question économique, l’objectif de la paix était bien présent. C’était en tout cas l’intention clairement affirmée par notre ministre français Robert Schumann en 1950 (voir ici : http://www.robert-schuman.eu/fr/declaration-du-9-mai-1950 ) . L’article 2 du Traité de Rome présente les objectifs de la Communauté Economique : parmi ceux-ci il y a bien l’idée de créer « des relations plus étroites entre les Etats », ce qui, à mon avis, va dans le sens de la paix (source ici : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:11957E/TXT&from=FR ).

          • Bertrand

            Bien Timothée !
            Tes arguments sont de valeur et surtout résonnent de façon valeureuse.
            Je dois avouer que pour ma part j’ai perdu cet espoir en une vraie politique.
            J’ai posé la question juste avant sur la malhonnêteté intellectuelle de nos politiques qui surfent sur notre ignorance pour prendre un pseudo-pouvoir, puisque tout est aujourd’hui entre les mains de l’UE. Quel est donc leur moteur si ce n’est le vrai pouvoir ?
            Les faits sont là, 70 à 80% des lois qui régissent notre pays sont aujourd’hui commanditées par l’UE, alors qu’est-ce qui les fait courir ? Cela ne peut être l’argent, car pour bon nombre d’entre eux ils gagneraient mieux leur vie dans le privé… Cela me semble absurde… à part la recherche de gloire et de notoriété.
            Donc malheureusement je ne crois pas possible qu’un politique aujourd’hui défende véritablement l’intérêt général en allant négocier auprès de l’UE une économie plus juste. Les plus autoritaires et motivés pour le faire me font peur, qu’ils portent les couleurs du nationalisme ou de l’anti-libéralisme. Les autres me font « rire » par un discours absurde et irréaliste.
            Donc oui, je prône une sortie de l’UE, mais mon vote sera… nul…

  5. Gérald PECH

    Les récents événements liés au Brexit (sortie de l’Angleterre de l’Europe) nous forcent à examiner plus profondément la construction européenne sous l’éclairage de la Parole prophétique, les Saintes Ecritures. Serions-nous laissés au dépourvu et sans amarre pour interpréter l’histoire et notre époque particulière?

    Il est navrant de constater que beaucoup n’ont pas toujours conscience des enjeux universels liés à la construction européenne, et que cette dernière s’enlise dans les aspirations humanistes, certes belles, et ô combien séduisantes, de ses ardents défenseurs. Au niveau de l’économie, l’Europe participe à la mise en place d’un système déficient dont les caractéristiques seront présentées plus loin. Il est nécessaire tout d’abord de fustiger un ensemble de présupposés tenaces propagés par les architectes de l’Union Européenne.

    1. L’Europe prépare le terrain à la perte de la démocratie et de la souveraineté des états

    « Le « déficit démocratique » de la construction européenne est aujourd’hui chose admise par les européistes les plus ardents. La marche vers le fédéralisme ne peut qu’accroître son caractère non démocratique » (Claude Rochet, économiste), ce que l’on peut mesurer en recourant à la notion du Bien commun qui est bafoué, empruntée à la philosophie politique. Le Bien commun, au cœur de la construction républicaine repose sur:
    – les droits de l’Etat : La construction européenne a dépouillé l’Etat de tous ses attributs de souveraineté au profit de l’Union européenne. « Avec la conversion au libéralisme de ses élites qui occupent tous les postes du pouvoir politique, économique et médiatique, la France se retrouve avec un Etat qui continue à lui coûter la moitié de son PIB en ayant abandonné sa fonction d’impulsion stratégique à des autorités non élues et supranationales et la régulation sociale au contrat entre acteurs privés. » (M. Fauroux).
    – les droits de l’homme
    – les droits du citoyen.
    Face à ces trois piliers, l’Union Européenne ne tient pas debout. Elle s’engouffre dans une impasse qui nie le bien commun au profit de la notion de l’historicisme, ou notion du sens de l’histoire découlant de Hégel: « C’est sur la prédominance de l’historicisme dans l’intelligentsia et la technostructure européiste que se fonde le discours sur la soumission aux « impératifs » de toutes sortes, qui nie radicalement la liberté de l’homme de déterminer et d’être comptable de son avenir. » En d’autres termes, l’Europe s’est constituée à partir de nécessités économiques considérées comme incontournables (éviter l’érosion des relations franco-allemandes après la deuxième guerre mondiale, favoriser la fraternité entre les peuples, réaliser un contrepoids économique face aux Etats-Unis; favoriser la prospérité économique après la guerre par le libre-échange des produits et la coopération entre états), étayées par la croyance en une évolution vers un monde meilleur et un nouvel ordre mondial de paix et de prospérité; c’est ainsi que Karl Popper définit cette démarche de l’historicisme sous-jacente à la Construction Européenne:

    « Mais ce genre de tentative, née de la peur me semble revenir exactement à ce qu’on appelle communément une superstition. Car l’historicisme… est un espoir dégénéré et une croyance dégénérée, une tentative visant à remplacer l’espoir et la croyance – laquelle est fondée sur notre enthousiasme moral et sur le mépris de la réussite- par une certitude qui correspond à une pseudo-science (…). »- Karl Popper dans « Toute vie est résolution de problème » t.2, 1999 – cité par Claude Rochet.

    Les déclarations optimistes sur l’Europe de la part de l’ancien Secrétaire du Parti Communiste de l’ancienne Union Soviétique et de Georges Bush Senior accréditent le bien-fondé de cette superstition de l’historicisme qui nous achemine dans la voie d’un gouvernement mondial, sous le couvert de l’illusion de la démocratie et d’un discours trompeur de « paix et sécurité » et de prospérité.

    « Un nouveau monde est en train de naître; l’homme, ses préoccupations, ses droits et ses libertés sont placés au centre des choses… L’idée de démocratiser le monde entier est devenue une force puissante et une réelle force politique. » (Michael Gorbatchev, cité dans Un Monde Unifié sous l’Anti-Christ », Peter Lalonde, Vida).

    « Nous assistons aujourd’hui à la mise en place d’une communauté grandissante de démocraties qui sont en train de s’investir pour assurer une paix et une stabilité internationales, ainsi qu’à la naissance d’un système dynamique de marché libre qui générera la prospérité et le progrès à l’échelle mondiale. » (Georges Bush Senior, cité dans Un Monde Unifié sous l’Anti-Christ », Peter Lalonde, Vida).

    Il est intéressant de constater que le professeur d’économie Claude Rochet, dans son essai sur « L’Union Européenne contre le Bien Commun » exprime cette réalité d’une construction babylonienne en se référant très précisément à l’Ecriture :

    « La construction européenne est-elle une construction du bien commun ? L’examen de ses mécanismes conduit à en douter. Fondamentalement, le bien commun est la conjugaison de l’unité et de la diversité : universalité de la loi, diversité des conditions d’applications. C’est un des principes les plus anciens de la philosophie politique puisqu’on le trouve dans les Ecritures : à l’universalité de la Loi que décrit Saint Paul dans l’Epître aux Romains, correspond la multiplicité des conditions d’écoute et de mise en œuvre décrites dans Actes 2 des Apôtres. Le bien commun n’est donc pas une Babel totalitaire qui nierait l’individu, mais un processus qui va unir l’individu libre et capable de délibération sur son destin, au corps social organisé. »

    2. L’Euro, symbole de la dictature du monétaire

    La monnaie unique est un prélude d’une économie mondiale unique dans un ordre où le seul régulateur sera monétaire. Les autres considérations (éthiques, culturelles, morales, etc.) dans la prise de décision, qui sont nécessaires pour bâtir des systèmes robustes ne sont pas prises en compte. « L’ordre monétaire doit être critiqué en tant qu’il réduit la diversité des formes d’échange social et qu’il appauvrit le contenu des interactions entre le développement économique et la culture. Le projet de spécialiser la rationalité économique en réduisant au minimum ses points de contact avec l’éthique (…) pourrait s’avérer mortel pour la société (y compris du point de vue des échanges économiques) s’il est poussé jusqu’au terme de sa logique »1 (Claude Rochet) .

    « L’avenir de l’Euro est totalement lié aux futurs résultats économiques de nos pays, et non pas l’inverse comme l’affirment maintenant les politiciens. C’est un mensonge de faire espérer aux gens que l’Euro va résoudre les problèmes économiques et ainsi diminuer leur peine… L’Euro est devenu un mythe commode qui surgit, comme par hasard, au moment où on ne peut résoudre les problèmes de fond. » (Kurt Richebacher, l’un des plus éminents spécialistes mondiaux de la finance dans une interview de Figaro-Magazine du 7 février 1998, cité par Jacques Caruel15).

    3. La synergie politique – économie – religion dans la construction européenne

    De l’aveu rétrospectif même de Jean Monnet, l’un des pères du Marché Commun, l’on peut saisir que le processus de mise en place du Marché Commun dépasse largement la perspective d’une consolidation économique; il contribue en fait à l’émergence d’une nouvelle entité avec une Constitution propre complètement remodelée :

    « Rétrospectivement le traité n’était pas un simple accord international pour la liberté des échanges, mais le noyau de la Constitution européenne. Traité certes, car rédigé dans les formes classiques de convention entre gouvernements, et soumis à la ratification des Parlements. Mais Constitution aussi car il transforme tout notre cadre économique et juridique, et complète les textes organiques des états membres. »1

    L’hymne européen qui ressemble à une pieuse prière religieuse illustre parfaitement la synergie entre la politique, l’économie et le sentiment religieux dans la construction européenne. Il permet d’identifier en outre que cette aspiration humaine à la paix sans Christ est téléguidée par une principauté spirituelle que la Bible dépeint comme étant la Reine du Ciel.

    HYMNE EUROPEEN
    (traduction de l’anglais)

    Scintillation oh! Joie divine
    Etincelant de l’Elysée [le paradis de la mythologie grecque]
    L’allégresse nous anime
    Lorsque nous rentrons, ô déesse, dans ton sanctuaire

    Par ta magie sont unies
    Des nations jadis divisées,
    Là où ton aile domine autour d’elles,
    La fraternité et l’amour s’embrassent.

    D’un baiser posé sur des millions
    Unis dans la fraternité,
    Amis, bâtissons un monde d’union
    Et de paix pour toute l’humanité.

    Cette invocation religieuse non dissimulée nous révèle bien sur quels fondements repose l’Union Européenne bâtie sur la Vieille Europe que l’on sait pourtant si attachée à la notion de laïcité – mais quelle laïcité ! En fait de laïcité, il faut plutôt parler d’une laïcité athée anti-chrétienne mais favorable au paganisme, à la française, fabriquée par une nation – la France – qui s’est construite sur une opposition maçonnique à l’Evangile de Jésus-Christ à travers la Révolution Française. La réflexion suivante que nous livre Frédéric Engels (1820-1895) – théoricien socialiste, inspirateur de Marx-, nous semble infiniment significative:

    « Depuis cette horrible Révolution Française un nouvel esprit diabolique s’est emparé d’une grande partie de l’humanité. L’athéisme, dressant sa tête insolente et orgueilleuse,…, on ne peut s’empêcher de penser que les prophéties de l’Ecriture se réalisent. Examinons ce que l’Ecriture dit sur l’athéisme des derniers temps… Saint Paul s’adressant aux Thessaloniciens : ‘Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom ou le culte de Dieu…’  »

    C’est ainsi que l’économie, et en particulier le système économique de l’Union Européenne, si elle se dissimule derrière des motivations nobles comme la démocratie ou la paix entre les peuples, constitue en fait le nerf de la guerre d’un Nouvel Ordre Mondial absolument antichristique qu’annoncent les Ecritures Saintes.