7ème étape : Repérer le message central ou le(s) principe(s) du texte

Cet article s'insère dans la cadre de la série "Etudier un texte biblique en 8 étapes"

Une fois le texte bien compris dans son contexte d’origine, il convient de repérer le message central ou le principe qu’il véhicule.

L’approche principielle

Dans l’ouvrage 10 clés pour comprendre la Bible, Valérie Duval-Poujol recommande l’approche principielle en vue de l’application d’un texte biblique.

Elle définit le principe comme « une proposition fondamentale qui définit un mode d’action » (p. 102). Le « principe » d’un passage biblique, c’est donc, en quelque sorte, la règle universelle que le texte biblique propose dans tel ou tel domaine. L’approche principielle consiste simplement à repérer quels sont les principes universels et atemporels du texte biblique. Après avoir étudié le texte dans son contexte, on se posera donc la question de savoir quel est le principe ou l’enseignement général que l’on peut déduire de ce texte.

Cette approche sera particulièrement pertinente pour passer de l’exégèse à l’application pratique (étape n°8).

Sur cette approche, voir mon article introductif à l’interprétation biblique.

Déterminer le principe universel (ou le message central) d’un passage biblique en fonction de son genre littéraire

Selon le genre littéraire d’un texte biblique, il sera plus ou moins évident d’en retirer un « principe » universel.

Le message d’un texte narratif

Les textes narratifs de la Bible n’ont pas pour but de nous raconter simplement de belles histoires. Ils sont là pour nous présenter la manière dont Dieu entre en relation avec l’être humain dans l’histoire. En ce sens, les récits bibliques souhaitent transmettre un message.

Dans ce cadre, on sera attentif à la manière dont nous interprétons l’attitude des personnages du récit en vue d’en retirer un principe pour notre vie. En dehors de Jésus, les personnages bibliques sont loin d’être irréprochables. Il faudra donc être attentif à la manière dont le texte présente l’attitude d’un personnage. S’agit-il d’une attitude louable, et donc pouvant servir d’exemple ? Ou s’agit-il, au contraire, d’une attitude déplorable, et donc à prendre comme un exemple de ce qu’il ne faut pas faire ? Ce n’est pas parce que Gédéon a posé des toisons avant d’aller au combat, qu’il faut en déduire que nous devons faire de même !

  • Dans certains cas, le narrateur donne lui-même un avis positif ou négatif sur l’attitude du personnage :
    • soit de manière directe: Par exemple, dans le livre des Juges, le narrateur nous indique régulièrement que « les Israélites firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur » (Jg 2.11 ; 3.7, 12 ; 4.1 ; 6.1 ; 8.33 ; 10.6 ; 13.1)
    • soit de manière indirecte, en racontant, par exemple, la réaction de Dieu à l’attitude du personnage. Ainsi, suite à l’adultère et le meurtre de David, le narrateur nous explique que « ce qu’avait fait David déplut au Seigneur » (2 S 11.27). En Genèse 4, il nous indique que « le Seigneur porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande » (Gn 4.4).
  • Parfois, le narrateur ne nous donne pas d’indication (ou, du moins, pas explicitement). Dans ce cas, il convient de voir ce que le reste de la révélation biblique peut dire sur telle ou telle attitude.

Si l’attitude de tel personnage dans telle situation est louable, nous ne sommes pas forcément appelés à reproduire ce qu’il a fait.

  • Notre exemple ultime est celui de Jésus-Christ : nous devons appliquer les principes de l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau Testament.
    • Ce n’est pas parce que David est allé combattre Goliath pour montrer la puissance de son Dieu, que nous devons prendre les armes pour démontrer la puissance de notre Dieu ! L’exemple de Jésus nous invite à vaincre le mal par le bien, à démontrer la puissance de Dieu en bénissant et en aimant nos ennemis.
  • Il faut également tenir compte du contexte et ne pas ériger en loi universelle l’attitude des croyants dans un contexte particulier.
    • Par exemple, ce n’est pas parce que le livre des Actes présente positivement la mise en commun des biens des premiers chrétiens, qu’il faut en déduire que tous les croyants doivent partager tous leurs biens. En effet, cela ne correspond pas au reste de la révélation biblique. Le « message » de ces passages des Actes serait plutôt celui de l’importance du partage et de la générosité au sein de l’Eglise.

Enfin, un texte narratif n’est pas seulement là pour nous donner des exemples de bonnes ou de mauvaises attitudes. Ces textes nous disent aussi quelque chose de l’être humain ou, plus souvent, de Dieu. Le message d’un récit biblique peut donc être d’ordre théologique.

  • Par exemple, le récit de Genèse 1 a pour message principal : « Dieu est le créateur de l’univers, c’est lui qui a tout ordonné, et l’être humain occupe une place particulière au sein de sa création ».
  • Autre exemple : le récit du déluge nous permet de comprendre que le mal est inscrit au plus profond du cœur de l’être humain et que la conséquence de cela devrait être la destruction de l’humanité entière. Malgré cela, le Seigneur s’engage par une alliance à ne plus détruire sa création et il révèle comment, par l’exemple de Noé, il souhaite sauver l’être humain.
Le principe d’un texte prescriptif ou exhortatif

Les textes de loi, les exhortations prophétiques, les proverbes, les enseignements du Christ, les épîtres ou les exhortations prophétiques de l’Apocalypse : voilà autant d’exemple de textes prescriptifs ou exhortatifs

  • Dans ce type de littérature, le principe est généralement présenté explicitement : « tu ne tueras pas » ; « détournez-vous des idoles » ; « bénissez ceux qui vous maudissent » ; etc.
  • Toutefois, il faudra distinguer l’application recommandée dans un contexte donné, du principe en lui-même.
    • Par exemple, en 1 Corinthiens 11.2-16, le principe du texte n’est pas de savoir si l’on doit avoir des cheveux longs ou courts, un voile ou pas de voile. Les principes de ce passage seront plutôt en rapport avec le respect de la différence homme-femme, la bienséance ou l’ordre dans l’Église.
Le message d’un texte doctrinal ou poétique

Les textes doctrinaux ou certains textes poétiques ne présentent pas forcément des principes pour la vie chrétienne. Ils nous aident cependant à comprendre qui est l’être humain et surtout qui est Dieu, et quel est son plan pour nous.

On pensera, par exemple, à certaines prophéties de salut ou de restauration (p. ex. Esaïe 53), à certains Psaumes de louange (p. ex. Psaume 23) ou encore, aux passages doctrinaux des épîtres du Nouveau Testament (p. ex. Romains 8). La seule action à laquelle nous poussent ces passages, c’est la réflexion, la foi ou l’adoration.

  • Dans ces cas-là, la question qui se posera ne sera pas : « quelle règle d’action puis-je déduire de ce texte ? ». Mais plutôt : « qu’est-ce que ce texte me dit de Dieu, de Jésus, du Saint-Esprit, de l’être humain, ou du plan de Dieu pour l’être humain ? ».

Quelques précautions d’usage…

On ne peut repérer le principe ou le message central d’un texte qu’après avoir étudié le texte pour lui-même. En guise de précaution, je rappellerai ici quelques points importants des étapes précédentes qui s’avèrent utiles pour la présente étape.

La place du passage dans la révélation

Avant de déduire un principe d’un texte biblique, il convient de voir la place qu’occupe ce passage au sein de la révélation (voir la 6ème étape).

  • Les récits de l’Ancien Testament doivent se lire à la lumière de l’œuvre et du message du Christ. On devra par exemple tenir compte du contraste entre les récits violents de jugement divin dans l’Ancien Testament avec l’œuvre de grâce non-violente de Jésus-Christ.
  • Les lois de l’Ancien Testament ne peuvent s’appliquer qu’à la lumière du Christ (voir cet article).
  • Les prophéties de l’Ancien Testament ne peuvent être appliquées directement à notre contexte. Il faut tenir compte de la manière dont elles se sont déjà réalisées dans le passé, et en particulier à travers l’œuvre de Jésus-Christ.
  • L’Apocalypse doit d’abord être lue et comprise à la lumière de ce qui précède : le reste de la Bible !
Le contexte d’origine

Pour repérer le principe d’un texte, il faut bien l’avoir compris dans son contexte d’origine (voir les 4ème et 5ème étapes). En tenant compte de ce contexte, et à la lumière du reste de la révélation biblique, il faudra voir si on peut tirer un principe universel du principe proposé pour un contexte donné.

Confronter le principe au reste de la révélation

Une fois le principe d’un texte établi, on devra confronter notre proposition au reste de la révélation. Le principe que nous pensons avoir repéré est-il confirmé par d’autres textes de la Bible ? Inversement, y a-t-il des textes qui semblent le contredire ?

Cette confrontation permettra d’éviter d’établir un principe qui n’est pas juste.

Quelques outils :9782755001921

Les commentaires bibliques orientés vers l’application peuvent s’avérer utiles à cette étape. En français, on peut signaler, notamment :

Certaines bibles d’étude contiennent des notes davantage orientées vers l’application : c’est le cas notamment de la Bible d’étude Semeur, de la Bible en application, et de la Bible d’étude Vie Nouvelle. On pourra aussi découvrir la toute nouvelle Bible d’étude pour les jeunes : Génération Bible (traduction Semeur 2015).

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