6ème étape : Situer le texte au cœur de la révélation

Cet article s'insère dans la cadre de la série "Etudier un texte biblique en 8 étapes"

Quel rapport ce passage a-t-il avec le reste de l’Ecriture ?

Une fois le texte étudié dans son contexte, on pourra s’intéresser au rapport qu’il peut avoir avec le reste de l’Écriture, et ce, pour plusieurs raisons.

  • D’une part, selon le principe de « l’analogie de la foi » (voir cet article), la meilleure interprète de l’Écriture est l’Écriture elle-même. En effet, celle-ci est toute entière parole de Dieu, inspirée par le même Esprit.
  • D’autre part, ce qui fait autorité pour le croyant n’est pas une sélection de versets bibliques, mais l’Écriture dans son ensemble. Par conséquent, il est sain, après avoir étudié un passage, de jeter un coup d’œil aux autres textes bibliques qui traitent du même sujet, du même personnage ou d’une thématique similaire.

Y a-t-il d’autres textes qui apportent un éclairage différent sur la même thématique ?

On s’arrêtera en particulier sur les textes qui apportent un éclairage différent, voire même qui semblent contradictoires. Cela permet d’avoir une vue d’ensemble du sujet et d’éviter les simplifications ou les généralisations trop rapides. La Bible contient de nombreux paradoxes qu’on ne peut pas évacuer sans risquer de créer un déséquilibre théologique.

Par exemple, la Bible affirme à la fois :

  • la responsabilité de l’être humain et la souveraineté absolue de Dieu
  • que tout n’est que grâce mais que les œuvres sont indispensables
  • que Jésus est un homme et qu’il est Dieu
  • que le Royaume est déjà là mais encore à venir.

Même si ces affirmations semblent incompatibles d’un point de vue humain, elles sont toutes inspirées par un Dieu dont la pensée nous dépasse (Rm 11.33-36) !

Le texte étudié est-il repris ailleurs dans la Bible ?

À moins d’y consacrer beaucoup de temps, il n’est généralement pas possible de faire une revue complète de tous les passages bibliques qui traitent du même sujet que le texte étudié. Toutefois, selon le passage choisi, il s’avèrera utile de procéder à certaines vérifications.

On pourra tout d’abord vérifier si ce texte est repris ailleurs dans la Bible.

  • Si notre texte se situe dans l’Ancien Testament, on pourra voir s’il est mentionné par le Nouveau Testament, et comment celui-ci l’interprète à la lumière du Christ (voir cet article). On constatera par exemple que certaines lois de l’Ancien Testament n’ont plus cours sous la nouvelle alliance. Ou que bon nombre de prophéties de l’Ancien Testament sont interprétées de manière symbolique par le Nouveau Testament.
  • Un texte peut aussi être repris au sein du même testament :
    • Dans l’Ancien Testament, certains prophètes citent d’autres prophètes. On pourra aussi comparer les textes parallèles des livres des Chroniques et des livres des Rois.
    • Dans le Nouveau Testament, on pourra comparer la manière dont les différents Évangiles présentent un même événement ou un même discours de Jésus. On pourra aussi s’intéresser à la manière dont certains éléments de l’enseignement ou de la vie de Jésus sont interprétés par les lettres de Paul ou de Pierre.
  • Si le texte est un récit, on pourra s’interroger sur la manière dont ce récit a pu être relu dans d’autres passages de l’Écriture. Par exemple, comment le récit d’Abraham est-il interprété par d’autres passages de l’Écriture ? Comment le récit de l’Exode est-il relu par les Psaumes ou les prophètes ? Quels parallèles y a-t-il entre les récits des Actes et des Évangiles ?

Une étape importante pour l’interprétation des passages difficiles

Si le texte est particulièrement choquant ou déroutant, il sera pertinent de voir comment il a été compris ou interprété par le reste de l’Écriture. C’est le cas, par exemple, des récits sur la conquête de Canaan : il ne sera pas inintéressant de voir comment ils ont été lus par les auteurs du Nouveau Testament (p. ex. Hé 4.1-11).

Si le texte est particulièrement difficile à comprendre ou que son interprétation est incertaine, on pourra confronter nos hypothèses de lecture à d’autres affirmations scripturaires plus claires. Comme le rappelle Valérie Duval-Poujol : « Les textes les plus opaques de l’Écriture sont à expliquer par les plus simples. Si un texte parle très clairement d’un sujet, c’est à partir de ce texte qu’il faut éclairer, comprendre les autres. »[1]

Quelques écueils à éviter

S’il est important de situer un passage donné au cœur de la Révélation, cette pratique peut comporter quelques écueils qu’il convient d’éviter :

  • Cette étape doit être effectuée en toute fin de parcours, après que le texte ait été étudié dans son contexte littéraire et historique immédiat. On peut parfois être tenté de régler d’emblée certaines difficultés en faisant appel à un autre texte, rédigé par un autre auteur biblique dans un contexte totalement différent. Cela n’aide en rien à la compréhension d’un texte qui doit d’abord être compris dans son contexte propre.
  • J’ai déjà mentionné les risques liés à l’étude de mots ou à l’emploi d’une concordance. Ce n’est pas parce que deux auteurs bibliques utilisent le même mot grec ou hébreu qu’ils l’emploient dans le même sens ! De plus, un même auteur biblique peut utiliser indifféremment plusieurs mots pour désigner une même réalité.

Outils :

Pour un résumé de l’enseignement biblique sur un thème ou un personnage donné, le dictionnaire biblique se révèle généralement le plus utile (voir étape précédente). Il propose en effet une synthèse biblique sur de nombreux sujets.

D’autres outils mentionnés aux étapes précédentes pourront également aider à situer le texte au cœur de la révélation : on pourra consulter les passages parallèles indiqués dans notre Bible d’étude, utiliser une concordance, ou se référer aux commentaires bibliques.

[1] Valérie Duval-Poujol, 10 clés pour comprendre la Bible, p.86

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