Et si le 25 décembre reliait la naissance de Jésus à sa mort ?

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Sur cette peinture de Maître Bertram (15e s.), le bébé Jésus est « envoyé » vers Marie avec une croix à la main. Le peintre fait le lien entre l’incarnation et son but ultime.

Nous savons tous que nous ne savons pas quel jour Jésus est né. Contrairement au jour de sa mort (voir Jean 19.14, 31), la Bible ne nous donne pas d’indication concernant le jour de sa naissance. Certes, on sait que les bergers étaient dans les champs (Luc 2.8), ce qui rend la date du 25 décembre peu probable (les moutons passent plutôt la nuit dans la bergerie pendant la saison froide). D’où vient donc cette tradition de fêter Noël le 25 décembre ?

La christianisation d’une fête païenne ?

L’hypothèse la plus souvent avancée est que les chrétiens ont choisi cette date vers le 4e siècle, à l’époque où le christianisme devint progressivement la religion officielle de l’Empire romain. La date du solstice d’hiver correspondait à diverses fêtes païennes, et, depuis le 3e siècle, l’empereur Aurélien avait instauré la fête du « soleil invaincu » (sol invictus) le 25 décembre. On aurait alors cherché à remplacer ces fêtes populaires païennes par une fête en l’honneur de celui qui est le seul vrai « soleil de justice » (Malachie 3.20), la seule vraie « lumière » venue dans le monde (Jean 1.9). Ce choix aurait donc été fait dans une optique de « christianisation » de la société.

Il est vrai que, quitte à choisir une date, il semble pertinent de situer la naissance du sauveur du monde au moment où le soleil reprend ses droits (le solstice d’hiver dans l’hémisphère Nord). La symbolique est forte : à Noël, la lumière vient !

La difficulté de cette explication

Dans un article (en anglais) pour le site Biblical Archaelogy, le professeur Andrew McGowan montre que l’explication ci-dessus s’accorde mal avec les textes du christianisme ancien. D’après lui, on ne trouve aucun texte antérieur au 12e siècle expliquant que la date de Noël a été fixée le 25 décembre pour de telles raisons. Certains Pères de l’Eglise comme Ambroise de Milan (env. 340-397) faisaient certes le lien entre la date de Noël et les anciennes fêtes païennes. On expliquait ainsi que Christ, « le soleil » avait mis à terre les faux dieux du paganisme. Toutefois, ces textes considèrent que la correspondance de date entre les fêtes païennes et la naissance du Christ est providentielle. Ils ne laissent jamais entendre que la date de Noël aurait été choisie.

De plus, certaines sources permettent de penser que la date du 25 décembre était retenue par certains chrétiens, avant que Constantin devienne empereur. Or, avant Constantin, la « christianisation » de la société romaine n’est pas à l’ordre du jour. Les chrétiens sont, à cette époque, une minorité persécutée. Dans leur démarche d’évangélisation ils tendent plutôt à se dissocier franchement du paganisme ambiant. Dans ce cadre, il serait très surprenant que l’on ait délibérément fixé la date de la naissance de Jésus en fonction d’une fête païenne.

La date du 25 décembre permettrait de faire le lien entre la naissance et la mort du Christ

A la suite de quelques autres, Andrew McGowan propose une autre explication. Il semblerait qu’on ait choisi le 25 décembre pour faire correspondre le jour de la conception virginale de Jésus au jour de sa crucifixion. En effet, si Noël n’est pas fêté durant les tous premiers siècles (du moins, en Occident), la mort et la résurrection de Jésus sont très tôt célébrées parmi les chrétiens, et ce, à une date fixe : autour de la Pâque juive (14-15 nisân). D’après les calculs d’un Père de l’Eglise comme Tertullien de Carthage (env. 150-220), le jour de la mort de Jésus, le 14 nisân du calendrier juif, correspond au 25 mars du calendrier romain (voir Contre les Juifs, 8). Or, le 25 mars est situé juste neuf mois avant le 25 décembre. Cela signifierait que, si la naissance de Jésus a été fixée au 25 décembre, sa conception aurait eu lieu, elle aussi un 25 mars. 

Cette correspondance de date entre la venue de Christ dans le monde (lors de sa conception virginale) et sa mort/résurrection est signalée par divers écrits chrétiens anciens. De même, les Églises d’Orient qui situaient traditionnellement Pâques le 6 avril, fêtaient la naissance de Jésus le 6 janvier (l’épiphanie), soit à neuf mois d’écart.

Ainsi, le 25 décembre n’aurait pas été choisi pour remplacer une fête païenne, mais pour relier la naissance de Jésus à la plus grande fête chrétienne, celle de Pâques. L’idée était de montrer le lien indissociable entre la venue de Jésus et sa mort/résurrection.

Si, d’un point de vue historique, cette proposition reste assez hypothétique, je dois avouer que, sur le fond, l’idée me plaît bien. Puissions-nous donc, ce 25 décembre, nous souvenir du 25 mars : Noël et Pâques sont deux fêtes indissociables.  Notre Dieu s’est fait homme dans un seul but : nous sauver en mourant sur la croix et en ressuscitant le 3e jour !

Pour lire l’article d’Andrew McGowan, cliquez ici.

  1. Frédéric Mondin

    C’EST POUR MOURIR QUE TU ES NÉ

    Tu existais de toute éternité,
    Tu partageais la gloire du Père.
    C’est pour mourir que tu es né,
    Et tu es descendu sur terre.

    Tout là-haut dans les cieux,
    Tu vivais une vie de totale félicité.
    C’est pour mourir que tu es né :
    A-t-on déjà contemplé pareil Dieu ?

    Qui a connu un faiseur de prodiges
    Accepter d’abandonner son prestige ?
    C’est pour mourir que tu es né,
    De ta divinité tu t’es dépouillé.

    Parole par laquelle tout a été créé,
    Tu possédais les trésors de l’univers.
    C’est pour mourir que tu es né,
    Tu es venu partager notre misère.

    Toi le Fils unique et parfait du Créateur,
    Dieu puissant, admirable Conseiller,
    C’est pour mourir que tu es né,
    Endossant un corps semblable au pécheur

    Agneau sans défaut et sans tâche,
    Sur toi les hommes crachent !
    Mais c’est pour mourir que tu es né :
    Et rien n’échappe à ta volonté !

    …D’une mort infâme de brigand
    …Du même sort que les truands
    C’est pour mourir que tu es né !
    Glorieux Seigneur plein d’humilité !

    Aussi Dieu t’a élevé pour m’appeler
    A reconnaître à genoux cette vérité :
    C’est pour mourir que tu es né !
    Mais la mort n’a pas pu te garder !

    Que tout enfant entonne, gracié :
    De Dieu, tu accomplis sa justice et son amour !
    Oui, je me rappellerai ceci en ce jour :
    C’est pour que nous vivions, tu es né.